Secteur hydraulique à Mascara : Des leviers pour assurer une irrigation agricole durable

09/02/2025 mis à jour: 08:03
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Barrage de Fergoug à Mascara

C est un défi de taille, mais une exigence impérative pour les autorités de la wilaya de Mascara qui se retrouvent devant l’obligation de réaliser l’un des objectifs stratégiques définis par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. 

Il s'agit d’augmenter la proportion des eaux récupérées grâce aux opérations de traitement et de les exploiter pour l’irrigation agricole, tout en préservant les eaux superficielles des barrages et des rivières afin de réduire la pression sur les nappes phréatiques, qui font partie des réserves stratégiques en eau. 

En 2024, pas moins de 860 autorisations de forage de puits ont été accordées aux agriculteurs à travers les différentes communes de wilaya, mettant en évidence la pression croissante sur ces ressources vitales.
En effet, avec un taux de traitement de 49%, la wilaya de Mascara se distingue dans le domaine de la récupération des eaux usées. 

Cette performance résulte d'une infrastructure composée de 21 stations de traitement des eaux, dont 19 stations de lagunage qui fonctionnent selon un système de bassin, et de deux stations d'épuration des eaux usées (STEP). Toutefois, les eaux traitées par les stations de lagunage ne sont pas utilisées pour l’irrigation, car l’objectif principal de ces installations est de protéger l’environnement en empêchant les eaux usées de contaminer les réservoirs d'eau et en limitant la pollution des nappes phréatiques. 

En ce qui concerne les deux STEP, l'une dispose d'un système de traitement secondaire à Mascara, tandis que l'autre, avec un système de traitement tertiaire, est entrée en service à Mohammadia le 30 décembre 2023.

Afin de maximiser l’utilisation des eaux traitées pour l’irrigation agricole, plusieurs projets sont au menu. L'un des objectifs principaux est la modernisation de trois stations de lagunage à Bouhanifia, Hacine et Ghriss, afin de les adapter au système de traitement tertiaire. 

Cela permettra de valoriser les eaux traitées pour irriguer des exploitations agricoles s'étendant sur 475 hectares à Bouhanifia, 390 hectares à Hacine et 420 hectares à Ghriss. En parallèle, un projet de réhabilitation est prévu pour la STEP de Mascara. Avec un investissement estimé à 75 milliards de centimes, cette réhabilitation visera à intégrer le traitement tertiaire, garantissant une eau de qualité pour irriguer le périmètre d’El Kouaïr, couvrant une superficie de 400 hectares.

Il convient de souligner que la STEP de Mascara, mise en service en 1996, bien qu’elle fonctionne au-delà de sa capacité avec des équipements vieillissants, continue d’assurer un traitement pouvant atteindre 13 000 mètres cubes par jour. 

En 2024, cette station a fourni plus de 4,7 millions de mètres cubes d’eau traitée, contribuant ainsi à l’irrigation des cultures du périmètre d’El Kouaïr. Toutefois, certaines restrictions subsistent, notamment en ce qui concerne l’utilisation de ses eaux, car elle fonctionne actuellement avec un système de traitement secondaire. 

En effet, un arrêté ministériel du 2 janvier 2012 délimite les types de cultures pouvant être irriguées avec ces eaux traitées. Parallèlement, la STEP de Mohammadia fait face à un défi majeur : la quantité d’eau polluée qui lui est acheminée demeure insuffisante. Bien que la station dispose d'une capacité de traitement de 14 000 mètres cubes par jour, en 2024, elle n'a traité que 500 000 mètres cubes d’eau, un flux bien en deçà de sa capacité maximale. Cette faible arrivée d’eaux polluées limite considérablement la production d'eau traitée par la station et la superficie irriguée du périmètre de Habra. 

Pour surmonter ce problème, un projet d'extension du réseau de collecte des eaux usées est en phase administrative. Ce projet consiste à prolonger le collecteur d’assainissement de la partie ouest de la ville de Mohammadia afin d'acheminer une plus grande quantité d’eaux polluées vers la station. 

Avec un budget estimé à environ 30 milliards de dinars, il vise à augmenter la capacité de traitement, ce qui permettra également d'augmenter la quantité d'eau traitée destinée à l’irrigation. Il convient également de souligner que le vol d’eaux polluées, notamment par certains agriculteurs qui irriguent leurs arbres fruitiers, notamment les agrumes, constitue une autre cause importante de cette insuffisance de flux vers la station de traitement. 

Globalement, la mise à niveau des trois stations de lagunage et la réhabilitation, avec l'introduction du système de traitement tertiaire pour ces stations ainsi que pour la STEP de Mascara, permettront d'augmenter considérablement la quantité d'eau traitée. 

Cela contribuera à améliorer le taux de traitement des eaux usées dans la wilaya et soulagera les agriculteurs des périmètres concernés, qui pourront ainsi bénéficier d'eaux de meilleure qualité, leur permettant d'irriguer leurs cultures de manière plus durable.


Dévasement des barrages

Par ailleurs, la wilaya de Mascara dispose de cinq périmètres irrigués, dont trois grands périmètres : celui de Habra à Mohammadia, de Sig et de Ghriss. Le périmètre de Habra s’étend sur 9971 hectares, dont 7500 hectares sont irrigués durant la saison agricole 2023/2024. Le périmètre de Sig couvre 8600 hectares, dont 5500 hectares sont irrigués, tandis que le périmètre de Ghriss s’étend sur 1000 hectares, avec 500 hectares irrigués. 

Des périmètres plus petits comme celui de Kouaïr (400 hectares) et celui de Kachoute (500 hectares). L’un des grands défis reste l'approvisionnement en eau de ces périmètres irrigués, qui dépend des diverses sources disponibles. Le périmètre de Habra, par exemple, bénéficie des eaux du barrage de Fergoug (envasé à plus de 90% de sa capacité) et de la STEP de Mohammadia. 

Quant au périmètre de Sig, il est alimenté par le barrage de Chorfa 2, et le périmètre de Ghriss dépend des eaux du barrage de Ouizert. Le périmètre de Kachoute est alimenté par les eaux du barrage de Oued Taht, tandis que le périmètre d’El Kouaïr dépend de la STEP de Mascara. 

Pour garantir la pérennité de l’approvisionnement en eau de ces périmètres, plusieurs projets hydrauliques sont inscrits, parmi lesquels le projet de dévasement du barrage de Fergoug, dont l’objectif est d’améliorer sa capacité de stockage. Les travaux ont débuté le 2 novembre 2023, avec un budget estimé à 748,5 millions de dinars, et devraient durer 24 mois. 

Un autre projet concerne le dévasement du barrage de Bouhanifia pour renforcer sa capacité de stockage d’eau, avec une estimation de coût de 1,429 milliard de dinars. Le projet de renforcement du barrage de Chorfa 2 vise à garantir l’approvisionnement continu en eau pour le périmètre de Sig, avec une estimation de coût de 5,2 milliards de dinars. 

Enfin, le projet de réaménagement du périmètre d’irrigation de Habra, qui vise à améliorer les réseaux d’irrigation sur 9941 hectares, bénéficie d’un financement de 2,8 milliards de dinars. Un projet de transfert d’eau du barrage de Bouhanifia vers celui de Fergoug a également été relancé pour améliorer le transfert des eaux entre les barrages et garantir l’approvisionnement en eau du périmètre de Habra, d’un coût de 7,8 milliards de dinars. 

En outre, dans le cadre de la promotion d’une gestion rationnelle et efficiente de l’eau, la direction des Services agricoles continue d’accompagner les agriculteurs en facilitant l’acquisition d’équipements modernes d’irrigation ciblée, visant à limiter le gaspillage des ressources hydriques. 

Ainsi, au cours de l’année écoulée, un soutien important a été apporté pour le forage de 19 puits profonds au profit des exploitants agricoles, l’équipement de trois puits avec des unités de pompage, ainsi que la construction de 43 bassins d’une capacité de 1500 mètres cubes chacun. 

Par ailleurs, des aides ont été allouées pour l’acquisition de 71 appareils de pulvérisation, permettant d’irriguer une superficie totale de 200 hectares, ainsi que pour l’installation de systèmes d’irrigation goutte-à-goutte sur 600 hectares de vergers et de vignobles, et l’irrigation de 187 hectares de culture de pommes de terre. 

Ce soutien se poursuit afin d’encourager les agriculteurs à adopter des pratiques d’irrigation modernes et durables, contribuant ainsi à l’optimisation des ressources en eau et à l’amélioration du rendement agricole. 

En conclusion, l’optimisation de la récupération et du traitement des eaux usées, ainsi que la modernisation des infrastructures hydriques sont des nécessités stratégiques pour garantir un approvisionnement en eau d’irrigation durable et préserver les nappes phréatiques de plus en plus sous pression.

Mascara
De notre bureau Souag Abdelouahab 

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