L’année 2024 qui touche à sa fin a été marquée par une activité dans le secteur automobile en latence. Pour les Algériens, les lueurs d’espoir qui se sont dessinées au tout début de l’année et qui auguraient un retour à une embellie et une redynamisation dans le paysage automobile du pays se sont dissipées au fil des mois.
Car la relance du secteur durant la fin de l’année 2023, avec un retour en trombe de plusieurs marques automobiles à l’instar de Fiat, Opel, Jac, Chery et Geely sur la scène automobile et l’attribution de plusieurs agréments d’activité à d’autres marques avait laissé transparaitre un regain de confiance auprès des consommateurs et les opérateurs activant dans le secteur.
A plus forte raison, la célérité avec laquelle les premiers quotas de véhicules ont été fixés, attribués, importés et livrés aux clients a consolidé les convictions des uns et des autres vers un retour à la normale après que le secteur ait traversé cinq années marquées par un arrêt total de l’activité automobile. Une période jalonnée par la suspension de l’importation, fermeture d’usines dites de «montage de véhicules» sans oublier la période de la pandémie du Corona virus qui a poussé l’échéance de la reprise.
Pis encore, le quota accordé de 180 000 véhicules (toute catégorie confondue) par les autorités du pays pour l’exercice de 2023 d’une valeur de 2.6 milliards de dollars, bien qu’il soit largement en deçà des attributions accordées avant 2019, avait été estimé suffisant pour satisfaire un tant soit peu la demande du marché. Des calculs qui se sont révélés bien loin de la réalité puisque le marché est caractérisé par une demande frénétique, motivée par un parc roulant vieillissant nécessitant un renouvellement.
Pour la seule preuve, les nombreux opérateurs en activité avaient écoulé leurs quotas de véhicules à peine trois mois après leurs réceptions à l’exception de la marque chinoise Geely qui continue tant bien que mal, pour des raisons administratives, d’importer et livrer les dernières unités. Un indicateur qui devait interpeller les autorités sur le besoin du marché. Il était prévu dans la même démarche des autorités du secteur d’approvisionner le marché en véhicules neufs pour l’année en cours dès le premier trimestre.
Une échéance qui a été reportée aux calendes grecques pour des raisons non encore dévoilées, laissant ainsi les consommateurs dans l’expectative et livrés aux scénarios les plus improbables notamment les clients ayant déjà effectué des commandes depuis plusieurs mois sans qu’ils soient encore livrés. Pour les uns, c’est peine perdue. Les déclarations faites par l’ancien ministre de l’Industrie à la suite d’une question sur le nouveau quota ont jeté le trouble.
Expectative
Pour rappel, Ali Aoun avait répondu par un «ki zid nsemmouh Bouzid» (Quand il naitra, on l’appellera Bouzid) puis dans une seconde déclaration «Je suis fatigué de ce dossier». Des propos pour le moins convaincants pour d’autres. Car, à l’heure, les autorités n’ont pas fait montre de l’annulation du nouveau quota pour l’année 2024. D’autant plus que celui de 2023 a été attribué durant la fin de la même année. Si l’on s’en tient à la réponse de l’ancien ministre interpellé par un député durant le mois d’octobre écoulé sur l’évolution du dossier, «les commissions du ministère de l’industrie et celle du commerce travaillent en concertation pour fixer le nouveau quota et le budget qui lui est alloué», avait-il répondu au courrier du député. L’autre dossier qui a marqué l’année en cours est celui de l’importation de véhicules de moins de trois ans.
Bien que l’activité ai connu une forte dynamique durant le premier semestre de l’année 2024 avec une hausse d’importation estimée à 150% (26 000 véhicules contre 9600 en 2023), il n’en demeure pas moins que les importations ont connu une baisse significative durant le deuxième semestre de la même année.
Pour cause, une batterie de mesures a été imposée aux consommateurs dans le nouveau dispositif de loi pour l’importation de véhicules depuis l’étranger a réduit le champ d’intervention. D’abord, avec la revalorisation des taxes douanières qui prennent en considération plusieurs critères (type de véhicule, cylindré, prix d’achat). Ensuite, le gel de la délivrance des cartes grises au mois d’octobre dernier. La dernière mesure en date concerne le transfert de devises qui a été plafonné à 7500 euros par an et qui compromet de fait l’activité de l’importation de véhicules de moins de trois ans.
Sur ce point, les professionnels du secteur et les analystes s’interrogent. «Quel type de véhicule de moins de trois ans peut-on importer à ce prix sachant que le véhicule de moins de trois ans d’âge le moins cher coûte aux environs de 9000 euros ?»
Marché hybride, l’alternative
Il ne reste pas moins de dire que l’espoir des consommateurs repose aujourd’hui sur deux critères : le retour à l’importation de véhicules neufs qui impulsera une nouvelle dynamique au marché de véhicules et en parallèle le lancement de l’industrie et la fabrication locale de voitures. La première étant une urgence pour combler une demande de plus en plus forte et la seconde assurera la disponibilité de véhicules à long terme. Même si, dans les jours à venir, une probable décision de libérer le quota à l’orée de 2025 venait de tomber, l’année blanche pour le marché de véhicules neufs se confirme.
Pour la bonne cause, les démarches liées aux procédures d’importations sont si longues qu’il serait difficile d’espérer l’arrivée des premières unités de véhicules durant les jours à venir voir dans plusieurs semaines. Selon les experts, les délais de livraison pourraient durer jusqu’à trois mois entre les domiciliations, les homologations, les commandes, la production, l’affrètement et le dédouanement. La seule perspective du marché de véhicules neufs actuellement reste le projet de l’usine Fiat d’Oran.
Pour l’année 2024 et en l’absence d’autres concurrents sur le marché, la marque italienne s’est illustrée pour la deuxième année consécutive comme leader national avec un taux de vente de 59 000 véhicules dont environs 18 000 produits dans l’usine de Tafraoui à Oran.
Quand bien même cette usine est en phase d’accélération de la production, le marché national continuera de connaître des disparités entre l’offre et la demande en l’absence d’un nouveau quota de véhicules.
Par : Aziz Kharoum
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