Sécheresse et stress hydrique : L’agriculture lourdement impactée

13/04/2023 mis à jour: 03:40
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Le manque de pluviosité durant ce mois d’avril pourrait perturber l’année agricole en cours, notamment pour certaines cultures annuelles stratégiques comme celle des céréales. 

Des agriculteurs ont déjà exprimé des inquiétudes par rapport à la saison actuelle. Cela risque même d’accroître le risque de sécurité alimentaire. «Ce n’est pas la soif qui va nous gêner mais c’est beaucoup plus la production d’une catégorie d’agriculture particulièrement celle qui est annuelle et qui a besoin d’eau qui tombe du ciel». C’est ce qu’a mis en exergue, entre autres, hier, Brahim Mouhouche, professeur à l’Ecole nationale supérieure d’agronomie lors de son passage dans l’Invité de la rédaction de la Chaîne III. 

Dans ce contexte, il propose d’aller vers une véritable rationalisation de l’utilisation de l’eau dans le secteur de l’agriculture, qui consomme 70% de la ressource hydrique. Il faut savoir que le secteur des ressources en eau et de la sécurité hydrique   mobilise près de 11,2 milliards m3/ par an, 7,3 milliards m3 sont consacrés à l’agriculture, soit plus de 70% et 3,6 milliards m3 par an pour l’eau potable.  

«La météo avait annoncé de la pluie pour ce mois d’avril mais, malheureusement, l’anticyclone des Açores ne nous est pas favorable», a-t-il expliqué. Il s’inquiète de l’impact négatif de la sécheresse sur les cultures annuelles, notamment sur les récoltes de céréales. La sécheresse a contraint certains pays à prendre des mesures radicales. La Hollande et la France réglementent l’utilisation de l’eau, particulièrement dans  agriculture. 

Il souligne l’urgence de mettre en place «des techniques modernes d’utilisation de l’eau dans le secteur agricole national, qui consomme jusqu’à 70% de la ressource, contre 15% à 20% pour l’industrie et seulement 3% pour les ménages».  Pour économiser l’eau dans l’agriculture, l’expert recommande de «passer à l’irrigation intelligente et automatisée, pour ne donner aux cultures que ce dont elles ont besoin, au moment opportun». 

Actuellement, au niveau mondial, l’irrigation a surtout lieu par aspersion, ou au goutte-à-goutte, traitée avec des systèmes informatisés qui régulent la quantité, l’humidité et la fertilisation des sols. Le système goutte-à- goutte est très approprié pour les endroits où il y a un manque d’eau. 

L’expert conseille également d’intégrer une vision économique dans le choix des cultures en favorisant l’usage de l’eau pour les productions agricoles rentables. Il cite l’exemple des céréales, «une culture très gourmande en eau mais très peu rentable, qu’il faut orienter vers le sud du pays, où une importante ressource hydrique est disponible (nappe de l’Albien)», explique-t-il. 

Cependant, il faut être prudent et vigilant, car «l’utilisation de cette ressource non renouvelable doit obéir à des règles strictes, y compris pour la gestion de la salinité de cette eau qui peut altérer la terre et la rendre stérile». Il attire l’attention sur le fait que la ressource hydrique est devenue «une arme donc celui qui a de l’eau actuellement va dominer le monde, on le voit depuis le conflit entre la Russie et l’Ukraine». Il précise que l’Algérie est victime «beaucoup plus de changement climatique que de perturbations climatiques».

 Il préconise aussi de lutter contre les fuites d’eau qui représentent 40% des volumes d’eau distribués quotidiennement. Les causes de sa raréfaction, outre le changement climatique dû au réchauffement de la planète qui a généré une surconsommation de l’eau, sont l’évolution démographique, et le niveau de vie qui provoquent une pression supplémentaire. En somme, l’Algérie consomme pour son agriculture jusqu’à 75% d’eau alors que les 25% restants sont répartis entre l’industrie, l’AEP et une partie (5 à 10%) pour évacuer les déchets.

Les messages sont clairs : les gestionnaires de notre pays devront agir maintenant parce que l’insécurité liée à l’eau sape la sécurité alimentaire, la santé ou le développement urbain. 
 

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