Le couscous, ce plat traditionnel séculaire d’Afrique du Nord, qui a été classé sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, est devenu de plus en plus populaire dans le monde entier. Toutefois, la forte demande sur ce produit a grandement profité à l’industrie alimentaire au détriment de l’artisanat.
Pour préserver ce patrimoine culinaire et perpétuer la tradition de rouler le couscous à la main, Nabila Tigrine, originaire de la ville de Raffour, à l’est de la wilaya de Bouira, a ouvert, il y a deux ans dans sa localité, un atelier de fabrication artisanale des grains de couscous sous ses multiples variétés, appelé «Maison du couscous». Dans son atelier, tout est fabriqué à la main par des femmes expérimentées et même les matières premières sont soigneusement sélectionnées. Durant le processus de fabrication, elles utilisent des semoules de blé, d’orge, de glands, de caroube, etc., cultivés localement, plus précisément dans les montagnes. Même l’eau utilisée dans le processus de fabrication provient des sources du Djurdjura. «Le plastique est banni dans mon atelier.
Les ustensiles utilisés sont en acier inoxydable et en bois. Par contre je rencontre beaucoup de difficultés pour trouver la matière première de premier choix. Pour aller les chercher dans d’autres wilayas du pays, il me faut une autorisation des autorités», précise-t-elle. Outre les recettes héritées des grands-mères, l’artisane a innové en incorporant des plantes médicinales tels le romarin, le thym et autres dans les semoules avant de les rouler pour en faire du couscous.
Son objectif est de créer un plat sain et authentique qui non seulement satisfait les papilles de ses clients, mais leur apporte également des bienfaits nutritionnels. «Je mise beaucoup plus sur la qualité que sur la quantité, d’où mon hésitation à labelliser mes produits. La confiance de mes clients et la réputation de mon atelier passent avant le gain pécuniaire», a-t-elle ajouté.
Manque de main-d’œuvre
La Maison du couscous de Nabila est devenue en un court laps de temps, une destination populaire pour les amateurs des saveurs traditionnelles de Kabylie. Elle reçoit souvent les encouragements de la communauté locale qui l’aide en lui apportant les différentes plantes médicinale depuis les montagnes. Par ailleurs, l’élan de Nabila est freiné par le manque de main-d’œuvre qualifiée.
La gent féminine ne s’intéresse plus au vieux procédé artisanal de rouler les grains de couscous car long, fatiguant et nécessitant un certain savoir-faire. «Il faut que le processus de fabrication artisanal des grains de couscous soit enseigné dans les centres de formation et d’apprentissage professionnels, à l’instar des autres spécialités. Le couscous est reconnu mondialement, mais n’a pas encore la place qu’il mérite dans son pays d’origine, l’Algérie», insiste-t-elle à dire.
Néanmoins, le travail de Nabila l’artisane a non seulement permis de préserver le patrimoine de sa région, mais a également contribué à créer un mode de vie plus sain. Sa Maison du couscous n’est pas seulement un atelier, mais un symbole du riche patrimoine culturel et culinaire kabyle, algérien et nord-africain.