Son rêve d’enfance s’est exaucé, puisqu’aujourd’hui, notre artiste est devenue un nom de référence dans l’univers de la danse et de la chorégraphie algériennes.
Elle a non seulement fait de la danse son métier, mais a aussi prouvé que cette discipline est un moyen de montrer à d’autres personnes un chemin menant à davantage d’amour de soi et de l’autre. Cette artiste au visage ouvert et avenant avoue, sans prétention aucune, qu’elle est née pour la danse. Très jeune, elle voulait en faire son métier. «Quand on est enfant, reconnaît- elle, on rêve le plus souvent de devenir médecin ou enseignant, mais pour ma part, je rêvais de devenir une danseuse professionnelle».
Bien qu’obnubilée par la danse, elle ne commence à en faire qu’à l’âge de 15 ans. Elle intègre donc une salle de sport privée, dans son quartier à Alger, laquelle dispensait des cours de danse moderne et de jazz. Au bout de quatre ans de pratique, elle décide de s’arrêter car, à la base, elle voulait faire de la danse classique.
Ce n’est qu’à 22 ans que son vœu est exaucé. En effet, en 1997, elle commence à faire de la danse classique - sous la houlette de Nouara Idami - au ballet du comité des fêtes de la wilaya d’Alger qui dépendait du Conservatoire d’Alger. Son deuxième professeur, Slimane Habbés, lui enseignera la danse contemporaine.
Elle y reste quatre ans, mais une fois de plus, elle prend la décision de s’arrêter, mais elle fait le choix de travailler en free lance avec son professeur Nouara Idami. «Je m’étais dit que je ne voulais ni intégrer le ballet national ni le ballet de l’ONCI, je voulais être libre pour choisir mes spectacles et travailler avec qui je voulais. Jusqu’à présent, je fais partie de la troupe privée de Nouara Idami», détaille-t- elle
. Chemin faisant, elle intègre en 2007 l’école de danse privée Syplphide à Alger, en tant que professeur de danse. Pour information, Samar Bendaoud était, certes, habitée par la danse, mais elle était consciente à l’époque qu’il fallait qu’elle fasse des études pour avoir un diplôme entre les mains. Elle décroche, ainsi, un premier diplôme d’ingénieur commercial, spécialisée dans le marketing et un second dans le commerce international. Elle s’en défend en disant : «J’ai fait des études, car il fallait en faire. Mais je savais que ma voie était la danse.
D’ailleurs, je n’ai jamais pensé à choisir entre mes diplômes et la danse. Je n’ai pas décroché ses diplômes dans le but de travailler, mais c’était une arme pour moi», explique-t-elle. La danse a permis à l’artiste de canaliser davantage son énergie. De toute évidence, la danse est devenue, pour elle, au fil des années, un moyen de s’exprimer et un langage dans lequel elle se sentait à l’aise.
Elle avoue que ce qui l’inspire le plus dans ce métier, ce sont les rencontres, les échanges artistiques et l’univers magique de la scène. A la question de savoir quel est son pas de danse préféré, Samar Bendaoud estime qu’une connivence est nécessaire entre le classique, le contemporain et le jazz. Elle reconnaît, cependant, que dans le contemporain, elle s’exprime le plus intérieurement. Autre interrogation : quelle est la musique préférée qui l’a fait danser ? Samar Bendaoud n’a pas de préférence.
Elle peut aussi bien danser sur une musique du musicien et compositeur allemand Jean Sébastien Bach, du compositeur et pianiste virtuose polonais Fréderic Chopin ou encore du compositeur égyptien Riad Mohammed Al Sunbati. Elle se plait aussi à danser sur de la musique pop, orientale ainsi que sur la percussion.
Comme elle le dit si bien : «Tout ce qui est beau, qui a du rythme m’attire.» Ayant plus d’une corde à son arc, Samar Bendaoud est aussi chorégraphe. Elle a signé plusieurs spectacles en tant que chorégraphe dont entre autres Arfia Fi Samt Eleil du Théâtre national de Béjaïa, le film musical Essaha réalisé par Dahmane Ouzid. Elle a également participé en tant que danseuse performeuse et chorégraphe sur la pièce chorégraphique Troubles dans le cadre de l’ouverture du Festival international de danse contemporaine d’Alger.
Elle est aussi l’auteure de la récente pièce chorégraphique J’écris ton nom. Sur un ton réfléchi, l’artiste tient à mettre les points sur les i. On ne décide pas de devenir chorégraphe du jour au lendemain. On ne se forme pas pour créer. «Où on sait le faire où on ne sait pas. La création est un appel et un besoin à la fois.
Cela vient tout seul. Un jour, j’ai commencé par des phrases, par des petits morceaux de chorégraphies et par des essais, et puis c’est venu tout seul.
D’ailleurs, ce que je reproche à certains danseurs d’aujourd’hui, c’est qu’ils pensent, dur comme fer, que c’est parce qu’ils sont danseurs qu’ils deviennent automatiquement des chorégraphes. Tu peux être le meilleur danseur du monde et le plus mauvais des chorégraphes. On ne décide pas de devenir chorégraphe. C’est un appel. C’est comme la composition d’une musique. On peut connaître les techniques mais après pour la création, soit on l’a soit on ne l’a pas». Nullement avare en conseils,
Samar Bendaoud s’adresse à tous les danseurs en herbe. Elle leur préconise de se former auprès de personnes intéressantes. «Allez vers les personnes qui peuvent vous donner quelque chose. Malheureusement, il y a beaucoup de charlatans en Algérie. Il y a plein de professeurs de danse qui n’ont aucun lien avec la danse. Il y a plein de chorégraphes qui osent dire qu’ils sont chorégraphes alors qu’ils n’ont rien à voir avec ce métier. Ils ne sont même pas formés en tant que danseurs et ils osent dire qu’ils sont chorégraphes.
Malheureusement, c’est eux qui bénéficient de projets. J’en veux, d’ailleurs, à certains metteurs en scène qui font appel à des gens qui n’ont aucun rapport avec la danse. Ils ont un titre de chorégraphe dont je ne sais même pas comment ils l’ont obtenu», tonne-t-elle. Notre interlocutrice ne mâche pas ses mots pour révéler que les artistes les plus compétents en Algérie ne travaillent pas. Ils ne sont pas sollicités alors qu’on fait appel à des gens qui n’ont aucun rapport avec le métier. «Je ne suis pas là, avertit-elle, pour qu’on m’appelle pour des projets.
Si on venait à le faire, c’est uniquement pour mes compétences et mes bagages». Cet artiste au talent avéré et au caractère bien trempé compte reprendre son spectacle chorégraphique intitulé J’écris ton nom fusionnant danse et poèmes, inspiré du poème de Paul Eluard. Un spectacle, pour rappel, qui a été donné en 2019, avec zéro dinar, respectivement au Théâtre national d’Alger et à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth.
Cette ambitieuse chorégraphe a plein de projets dans la tête et des textes pleins dans ses tiroirs. Des projets qu’elles voudraient bien concrétiser dans un futur proche, mais hélas, le nerf de la guerre fait terriblement défaut en ces temps de crises.