Salon national du textile : Les producteurs face à d'importants défis

12/04/2023 mis à jour: 22:16
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Le ministre du Commerce Tayeb Zitouni hier à l'ouverture de la Foire du textile à la Safex d'Alger

Le Salon national des produits textiles, des vêtements et des chaussures est une opportunité pour les producteurs locaux et les ateliers de confection pour rendre compte des défis qu’ils rencontrent sur le terrain et mettre en lumière les enjeux auxquels est confrontée l’industrie textile et de l’habillement en Algérie. 

Dans une version expo-vente, le Salon national des produits textiles, de l’habillement et des chaussures ne connaît pas l’engouement souhaité par les exposants. Hier mardi à midi, peu de personnes visitaient les stands sans pour autant faire des achats. «Il est vrai que les prix sont intéressants mais le choix n’y est pas. Je préfère acheter en boutique», déclare une visiteuse accompagnée de sa mère. Elles sortent les mains vides. 

D’autres ne ratent pas les quelques occasions d’acheter des couettes et autres articles de literie à des prix inexistants sur le marché. «Il y a un grand problème de promotion et de publicité pour ce salon. Hier dans la soirée, il n’y avait pratiquement aucun visiteur. En cette deuxième journée, je n’ai pas encore enregistré de vente», déclare Lamia, propriétaire d’un atelier de confection de literie et articles d’ameublement. Elle reste tout de même optimiste et espère faire connaître sa marque, nommée «Joliterie», au grand public en dehors des réseaux sociaux. «Je me bas chaque jour et je n’abondonnerai pas une activité que j’aime beaucoup. J’ai une micro-entreprise avec quelque 6 ouvrières. Nous essayons de répondre à la demande et valoriser le savoir-faire local. Nous nous battons chaque jour pour que nos prestations soient payées, notamment par le secteur public, que nos charges soient prises en charge et qu’on puissent se procurer une matière première de qualité», lance-t-elle avant de confier que c’est la vente en ligne pour les particuliers et les revendeurs qui lui permettent de tenir le coup. 

Une question de mentalité

Pour Samia, la commerciale de l’entreprise «Literie parfait», l’industrie du textile en Algérie est très prometteuse malgré tous les problèmes. Elle cite à titre d’exemple la différence des prix entre les matières premières achetées en Algérie et celles importées. Celles ramenées de Chine ou de Turquie sont souvent moins chères que celles produites localement. «C’est une aberration mais c’est ainsi. Le vrai problème aussi est la mentalité du consommateur algérien qui préfère le produit importé. 

Même si nous offrons une qualité supérieure à un prix très compétitif, le choix se porte directement sur le made in China ou Turkey», souligne notre interlocutrice. Elle soulève aussi le souci de la concurrence déloyale que subit son entreprise et ses semblables. Selon ses propos, confirmés par des clientes retrouvées sur le stand, les revendeurs prennent le produit local, change son étiquetage et les vendent au double, voire au triple de son prix comme produits importés. 

Une situation qui pousse plusieurs marques à faire de la vente directe sur le digital. «Malgré tout cela, nous espérons dans “Literie parfaite” intégrer le marché international en vendant des produits made in Algeria. Nous avons été rassurés hier lors de l’ouverture du salon par le ministre du Commerce. Il nous a promis des facilitations pour l’export», optimise-t-elle. Pour les fournisseurs de matière première, les problèmes sont assez différents. 

Selon Ali Benmensour, de l’entreprise Looking star, il y a un véritable vide à combler en matière de réseautage. «En tant que fabricants, nous n’avons aucune données sur le potentiel réel de la filière. Nous n’avons aussi aucune base de données accessible pour joindre les revendeurs ou les fabricants de produits finis et les ateliers. Nous sommes spécialisés dans la finissage de tissus industriels destinés en général pour les secteurs de l’automobile et de l’immobilier.

 Ce manque de réseau ou d’une structure chargée de mettre en relation les différents acteurs est un sacré problème qui ne rend pas service à l’industrie du textile», souligne-t-il avant de proposer une restructuration de la filière avec une mise en place d’une base de données numérisée accessible en ligne. 

Il est à rappeler que lors de l’ouverture de ce salon, avant-hier lundi, Tayeb Zitouni, ministre du Commerce et de la Promotion de l’exportation, a souligné que son secteur œuvre à mettre en place une feuille de route détaillée pour développer la filière textile et cuir en vue d’évaluer les capacités productives réelles de chaque produit. 

L’objectif est de mesurer le taux de la demande insatisfaite et de mettre en place une stratégie d’equilibrage entre les produits fabriqués localement et ceux importés. La création de mécanismes apportant des solutions efficaces aux problèmes des acteurs économiques dans ce secteur très prometteur est automatique. Il est à signaler à la fin que les exportation au titre de l’année 2022 en textile, cuir et chaussures dépassent les 31,86 millions de dollars. 

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