Salon du livre amazigh des Ouacifs de Tizi Ouzou : L’impact retentissant du Salon du livre amazigh

02/10/2023 mis à jour: 17:10
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Tassadit Yacine a animé vendredi une conférence au Salon du livre amazigh des Ouacifs

Le Salon du livre amazigh (SLAO) a été clôturé, samedi, à la maison de jeunes des Frères martyrs Houacine Mohand Amokrane et Boukhalfa, de la ville des Ouacifs, et ce, après trois jours d’intenses activités au chef-lieu de la commune et au village Atit Akad, marqués, notamment, par des ventes-dédicace, des conférences et des ateliers de lecture et d’écriture. 

La troisième édition de cette manifestation est dédiée à la mémoire de l’auteur, traducteur et chercheur en patrimoine, Sabri Soltane, auteur et chercheur ainsi que l’ancien inspecteur de langue amazighe, Mehenna Boudinar, qui ont beaucoup donné pour la promotion de tamazight. 
 

L’ouverture de ce rendez-vous, qui a regroupé une centaine d’auteurs et une vingtaine de maisons d’édition, s’est déroulée en présence, entre autres, du wali Djilali Doulmi, du président de l’APW, Mohamed Klalèche, et de la directrice de la culture et des arts de la wilaya de Tizi Ouzou, Nabila Goumeziane. 

En sillonnant les stands d’exposition, nous avons remarqué la présence de plusieurs auteurs et maisons d’édition venus avec de nouveaux ouvrages. Dans l’endroit réservé à talsa, nous avons trouvé le nouveau livre de Habib Allah Mansouri sur les origines dialectales des néologismes dans le lexique de Berbère moderne, Tamazgha, terre des nobles et des résistants, de Farida Sahoui, Tiziri, de Zohra Aoudia. 

Nous rencontrons aussi le responsable des éditions La Pensée, de Mohand Arkat, qui est également l’auteur du livre Abrid N’Tala (Le chemin de la fontaine). L’ouvrage d’Abdelkader Naït Abdellah et Le Florilège de 200 poèmes kabyles anciens étaient également exposés dans le compartiment d’Imtidad où on peut trouver aussi les livres de Salem Amrane, dont Abbuhi, un essai de Hocine Doufene intitulé La Kabylie : Repère et identité. Abderrahmane Yefsah à, lui aussi, assuré la vente-dédicace de ses livres, dont Tamda Lablatt et Taourage ou la légende, d’Ahmed Omar Mahieddine (essai) et son roman Tikli (La marche). 
 

La poésie berbère était au rendez-vous du Salon des Ouacifs. Aldjia Bouchar, originaire de Draâ El Mizan, est venue avec son recueil de poème Dunnit Tettezi. «J’essaye d’expliquer, en vers libres, les retournements de situation dans une société où les pauvres peuvent devenir riches et les riches peuvent perdre leur  fortune en un tour de main», nous a-t-elle confié. Les visiteurs interrogés lors de notre passage, estiment que ces activités permettent de faire connaître le travail de ceux qui se lancent dans l’écriture en tamazight ou sur tamazight. 

«C’est important pour la promotion de notre culture», soulignent-ils. «L’engouement que suscite ce Salon prouve qu’il y a encore de l’attachement au livre malgré les nouvelles technologies», commente un père de famille venu avec sa femme et ses deux enfants. 

Outre les stands d’exposition, des conférences étaient au menu du Salon qui a accueilli, vendredi, l’antropologue et enseignante-chercheuse, Tassadit Yacine, qui a animé une conférence pour présenter le livre collectif Relire Mouloud Feraoun, entre lucidité combat et engagement qu’elle a coordonné avec Hervé Sanson et sorti aux éditions Koukou. D’autres chercheurs ont également donné des communications sur des thèmes en relation avec l’objet de l’événement. Mezhoura Salhi, professeur d’histoire à l’université de Tizi Ouzou, est revenue, dans son exposé, sur l’état civil et l’origine des noms de famille en Kabylie. 
 

D’autres intervenants ont aussi abordé des thèmes intéressants puisqu’ils remontent jusqu’à des périodes, même de la préhistoire. Ainsi, l’écrivain et chercheur, Mahieddine Khelifa, a évoqué, dans son intervention, l’épopée berbère des hommes pré-historiques aux bâtisseurs des pyramides, tandis que Belaïd Medjkane, du groupe Tagrawla, a parlé de la chanson kabyle, de l’oralité à l’enregistrement. Par ailleurs, une table ronde sur le rôle, l’objectif et les perspectives des salons du livre animée par Nadi Ouddak, Hacene Metref, Rabah Aftis, Mouloud Tiakout et Hacene Halouane était aussi de la partie durant le rendez-vous de Ouacifs. Par ailleurs, il est important de souligner la participation de plusieurs auteurs, réalisateurs, enseignants et  chercheurs  en tamazight comme conférenciers et  modérateurs. 
 

On note, entre autres, Amar Laoufi, Hamid Billak, Djamel Laceb, Tanina Halouane, Hakim Saheb, Salem Aït Ali Belkacem, Ali Mouzaoui, Rachid Hamatou, M’hand Zerdoumi, Mohand Akli Salhi. Des ateliers d’écriture de nouvelles, d’animation de spectacles, et de réalisation en audiovisuel  ont été encadrés respectivement par le Dr Saïd Chemakh, l’animateur Slimane Belharet et le réalisateur Yazid Arab. Tarik Djeroud, romancier et fondateur des éditions Tafat, a animé, lui aussi, un atelier sur les jeux et activités interactifs numériques. Enfin, pour parler de l’objectif du Salon, Tahar Ould Amar, journaliste et écrivain, a souligné,  qu’«au-delà de la visibilité qu’il donne au livre d’expression amazighe, le SLAO, cette offrande à «la culture vécue», réussit au fil des éditions à faire aimer Tasekla et, surtout, participe concrètement à la formation d’un «lectorat». 

«Cette 3e édition est dans la même veine que les deux précédentes avec, en sus, un capital expérience permettant au SLAO d’ajuster, à chaque fois, le contenu de l’événement livresque de sorte à en faire une référence, un rendez-vous, incontournable», a-t-il précisé pour résumer, en quelques lignes,  l’objectif  de ce rendez-vous qui a été clôturé, samedi, en apothéose.  

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