Saïda Neghza dénonce un climat de peur

10/02/2022 mis à jour: 02:52
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Photo : D. R.

La présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA) a jeté un pavé dans la mare en s’attaquant aux blocages dont font l’objet les patrons et investisseurs. Saïda Neghza s’est exprimée sur la chaîne Ennahar et a affirmé que ceux qui «entravent la relance économique se trouvent dans l’entourage du président Tebboune». «La îssaba est toujours aussi forte qu’avant et elle est protégée par des gens qui sont censés appliquer le programme de relance…

Ils mentent au Président et ne lui disent pas la vérité», déclare la représentante des patrons d’entreprise en alertant sur le maintien de ces hauts responsables dont le travail consiste à bloquer les projets. «Les chefs d’entreprise vivent dans la peur… Ils ont peur d’investir et d’engager leur argent pour se voir traiter comme des délinquants ou criminels… Les hommes d’affaires ne sont pas des criminels», lâche-t-elle avant d’accuser un ministre, sans citer son nom, d’avoir tenu des propos dangereux envers des patrons. «Des chefs d’entreprise sont venus me dire qu’ils ont été invités à une réunion avec un ministre, au cours de laquelle il les a menacés de fermer leurs usines et de les jeter en prison…

Est-ce normal qu’un ministre se comporte de la sorte ? Un ministre n’est ni un juge ni un procureur, il n’a pas à menacer les investisseurs. Si on reproche quelque chose à un homme d’affaires, c’est à la justice de s’en charger, et tant qu’aucune charge n’est retenue contre lui, son usine ne doit pas être fermée», affirme l’invitée de la télévision en notant que des investisseurs, ayant fini par perdre confiance, ont décidé d’arrêter leur activité plutôt que de subir ces pressions permanentes.

«Chaque jour que Dieu fait, les usines sont visitées par les services des impôts ou par les brigades de la gendarmerie ; comment peut-on travailler dans ce climat de suspicion et de peur ?» martèle Mme Neghza, en ajoutant que ceux qui entourent le président de la République ne sont pas en phase avec la volonté de développer ou de libérer l’investissement. «Nous ne sommes pas face à une crise d’huile, de lait, de pomme de terre ou autre produit, mais face à une crise de responsables qui assument réellement leurs responsabilités. Il n’y a pas l’homme qu’il faut à la place qu’il faut», souligne la présidente de la CGEA en sous-entendant que le problème réside dans la composition du gouvernement.

«Le Président veut réellement sauver le pays, mais ceux qui l’entourent cassent son projet. Il est entouré de scorpions qui cherchent des postes sans penser à l’intérêt du pays… Je dirais au Président que les gens à qui vous faites confiance font partie de la îssaba», assure Saïda Neghza en affirmant que ceux qui sont censés informer le Président lui mentent. «C’est une bonne chose d’avoir un médiateur de la République, mais à quoi peut donc bien servir un ministre, ou un wali ou le syndicat et les patrons, c’est tout ce beau monde qui est censé informer le Président de la réalité du terrain. Si un ministre n’est même pas capable de transmettre la vérité, qu’il rentre chez lui», dit-elle.

Pour rappel, Abdelmadjid Tebboune avait affirmé, en décembre dernier, lors des assises nationales de l’industrie nationale, qu’il y a «un blocage de la relance économique dont l’objectif est de pousser les gens à sortir dans la rue… C’est antinational, ce sont des comportements antinationaux». Pour Saïda Neghza, il n’y a aucun doute, ce blocage est à régler au niveau du choix des responsables parmi les différents échelons de l’administration.

«La bureaucratie est un grand mal qui est au cœur des blocages auxquels nous faisons face tout le temps… Un pays où on ne peut même pas avoir un registre du commerce pour pouvoir importer ou exporter, et encore moins prétendre changer de registre… Comment rétablir la confiance lorsque les banques décident unilatéralement de fermer des comptes et des usines au lieu de chercher à maintenir l’activité et régler les problèmes de l’investisseur ?

Comment maintenir d’un côté des monopoles sur certains produits, taxer la matière première de l’autre, sans compter une batterie d’entraves administratives et puis on demande aux gens de travailler et investir ? Et comment espérer augmenter le niveau des exportations lorsqu’un homme d’affaires a droit à une modique allocation devise de 120 euros, même pas de quoi se payer un hôtel ?» s’interroge la femme d’affaires en plaidant pour la promulgation d’un nouveau code des investissements qui protège l’investisseur.

Pour rappel, un nouveau code de l’investissement est en examen depuis 2019 et tarde à voir le jour alors que les entrepreneurs attendent de voir son contenu pour pouvoir s’engager dans des projets d’investissement. «Un grand nombre d’opérateurs économiques attendent la publication de ce texte de loi», affirmait, il y a une semaine, Mustapha Zikara, directeur général de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI). 

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