Comment encourager les investissements privés dans la création et la gestion de salles de cinéma modernes ?
Relancer et structurer la gestion des salles de cinéma en Algérie nécessite une combinaison de moyens financiers, d’infrastructures adaptées et d’initiatives stratégiques. Les objectifs peuvent être atteints avec une volonté politique et des investissements adéquats. Un premier cap raisonnable serait d’atteindre 100 écrans d’ici 2028, soit une quinzaine de multiplexes répartis dans les principales villes du pays.
A terme, une répartition plus dense, avec un écran pour 40 000 habitants (environ 1000 écrans), constituerait un modèle plus équilibré et accessible. Pour cela, il est crucial d’implanter ces multiplexes dans des lieux stratégiques, comme les centres commerciaux ou de loisirs, afin de les inscrire dans des dynamiques économiques et sociales attractives. Les salles existantes doivent être valorisées et modernisées. Leur gestion pourrait être confiée à une structure favorisant une exploitation durable, tout en augmentant l’offre et en stimulant la demande. L’implication des professionnels du secteur est indispensable pour garantir la réussite de ces initiatives.
Pour encourager la fréquentation des salles, le rôle des talents et des acteurs du secteur est fondamental. Les comédies commerciales et autres productions locales actuelles doivent être soutenues pour attirer le public. Les artistes, par leur lien direct avec leurs fans sur les réseaux sociaux, peuvent jouer un rôle-clé en stimulant l’envie de se rendre au cinéma et en créant un engouement autour des œuvres nationales.
En tant que TMV, notre objectif est d’ouvrir rapidement un nouveau multiplexe de 10 écrans pour un total de 1000 sièges. Nous sommes actuellement en phase de recherche de terrain en harmonie avec le nouveau plan de développement urbain d’Alger. Dès que les études seront terminées, nous estimons qu’un délai de 18 mois suffira pour concrétiser ce projet.
Comment rendre les salles de cinéma attractives pour les jeunes générations ?
Pour attirer le public, en particulier les jeunes, les salles de cinéma doivent offrir bien plus qu’une simple projection. L’expérience globale doit être immersive et agréable, avec un accueil irréprochable. Cela passe par des conditions optimales de confort, de sécurité, d’hygiène, de climatisation, d’offre alimentaire mais également par la valorisation des espaces communs.
La conception graphique des lieux, leur esthétique et leur organisation participent à créer une atmosphère attrayante. Cette attention portée aux détails, en plus d’une gestion professionnelle et réactive, renforce le sentiment de satisfaction des spectateurs. Un autre pilier de cette stratégie réside dans la relation avec les communautés. En tant qu’exploitants, nous entretenons un lien direct et constant avec notre public, principalement grâce aux réseaux sociaux. Nous recevons des messages de spectateurs partageant leurs impressions et attentes.
Par ailleurs, l’importance de la programmation ne peut être sous-estimée. En collaboration étroite avec les distributeurs, qui jouent un rôle-clé, nous travaillons à proposer une offre variée et adaptée, répondant aux goûts du public algérien.
Le cinéma algérien manque d’une politique culturelle ambitieuse et cohérente. Les initiatives sont souvent dispersées, sans vision à long terme. Quelle est votre analyse à ce sujet ?
Il ne faut pas se laisser décourager par ce constat. La relance du cinéma algérien ne peut se faire sans une refonte des structures et une volonté politique affirmée. Cette volonté a été clairement exprimée au plus haut niveau. Mais au-delà de cela, c’est un travail collaboratif qu’il convient de mener, réunissant l’administration, les professionnels et la société civile. L’Etat doit jouer son rôle de catalyseur tout en accompagnant les initiatives privées, comme le montre l’exemple des récentes ouvertures de multiplexes et des films et séries locaux qui rencontrent un certain succès.
Entretien réalisé par Kamel Benelkadi