Plus de deux ans pour finaliser un cahier des charges sur l’automobile, c’est le temps qu’il faut pour faire le tour de la Terre en voiture à raison de 100 kilomètres par jour. «Il va bientôt voir le jour», vient justement d’expliquer le ministre de l’Industrie pour justifier ce qui était prévu pour 2020, puis pour 2021, puis pour fin 2021, puis enfin pour fin janvier, ce fameux cahier qui bloque depuis si longtemps toute importation de véhicules en dehors des moudjahidine, véhicules ministériels ou présidentiels.
On s’en rappelle, on était dans un taxi quand en juillet 2020 le président Tebboune, irrité par le retard, ordonnait la promulgation du cahier des charges, et il a fallu attendre février 2022 pour que le ministre de l’Industrie explique ce retard par «la pandémie qui a eu un impact sur le rythme du traitement du dossier», comme s’il s’agissait d’organiser une Coupe d’Afrique, alors qu’il s’agit simplement de demander à des bureaucrates de s’asseoir à un bureau et d’écrire. Au fond, tout le monde le sait, l’importation de voitures ou des pièces servant à les construire est bloquée du simple fait qu’il s’agit d’importation et d’accès aux réserves de change, la stratégie en cours visant à diminuer les importations et cacher le maigre matelas de devises pour montrer qu’on se développe économiquement, le résultat est là. En fait, il y avait plus simple, avant les rêves de grandeur d’industrie, les Algériens allaient acheter leur voiture tout seuls, à Marseille ou ailleurs, avec leur argent, payant leurs billets de bateau et leurs frais tout en versant des droits de douane à l’Etat, qui n’avait qu’à contrôler les véhicules et encaisser l’argent.
Tout le monde était content, mais la pandémie aura servi à masquer les échecs économiques et justifier les retards. Sauf que ce n’est pas vrai, si la Covid n’avait pas existé, les dirigeants auraient accusé la sécheresse. Effectivement, il n’est pas possible de construire des voitures ou de signer un cahier des charges s’il ne pleut pas.