La Commission nationale chargée de la révision des subventions publiques devrait être installée demain. L’annonce a été faite par Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, à l’issue de son entrevue avec le chef de l’Etat, puis confirmée hier par Laaziz Faid, directeur général du Budget.
Cette commission, recommandée par le président Tebboune, regroupera des chefs de parti et des représentants de l’Assemblée populaire nationale (APN), du Conseil de la nation, des syndicats, etc., qui émettront, selon le chef de l’Etat, leurs avis sur cette question de manière organisée. Cette commission, explique M. Faid, se chargera plus précisément de l’étude des modalités de subventions et tâchera de mettre en place des subventions ciblées destinées aux franges fragiles.
En somme, cet outil, assure-t-il, consacrera le passage de subventions généralisées vers des subventions orientées aux véritables bénéficiaires, et ce, avec l’association de l’ensemble des parties prenantes.
Annonçant, il y a quelques mois, la «levée, d’ici la fin de l’année, des subventions sur certains produits dans le cadre d’un mécanisme national», M. Tebboune a promis que le gouvernement ne prendra aucune décision de manière unilatérale.
Il a souligné que les dépenses budgétaires feront l’objet d’une «révision structurelle», affirmant que «les subventions au profit des classes vulnérables et moyennes étaient irréversibles, en ce sens qu’elles représentent l’un des principes de l’Algérie indépendante, consacré dans la Déclaration du 1er Novembre».
A rappeler que la loi de finances 2022 comprend un article portant révision de la politique de subventions publiques à travers un mécanisme national. La réforme du système des subventions est l’un des plus grands défis socioéconomiques de l’Algérie, soutenu techniquement par la Banque mondiale (BM). Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a précisé que les subventions des produits coûtent au Trésor public plus de 17 milliards de dollars chaque année.
Il a confirmé que les familles financièrement aisées sont actuellement les plus grandes bénéficiaires du système de soutien. Et d’ajouter que le gouvernement veut que l’aide soit plus efficace et aille aux familles nécessiteuses, et qu’il allait étudier comment transférer l’aide globale vers une aide en espèces destinée aux familles.
«Réforme globale»
En dépit des assurances des pouvoirs publics, les Algériens sont réticents et la classe politique n’a pas caché son inquiétude et son rejet de ce projet de révision des subventions. Techniquement, comment cette révision va-t-elle se faire ? L’Algérie dispose-t-elle d’un livret social unifié, qui identifiera les catégories sociales les plus défavorisées ? Les pouvoirs publics ont-ils élaboré un fichier national des revenus ?
Qu’en est-il du chantier de l’informel ? D’aucuns estiment qu’en l’absence de ces éléments, il est difficile de mettre sur pied le ciblage des subventions et ce projet risque de connaître un échec, comme ce fut le cas en Egypte.
Les partis politiques de l’opposition ont affiché leur inquiétude quant à l’installation de cette commission. Le FFS a estimé qu’il «n’est pas judicieux ni urgent de recourir à une révision anarchique du système de soutien des produits et services de large consommation», plaidant pour «l’élaboration consensuelle d’un nouveau modèle économique et surtout d’aller vers une réforme globale et nouvelle du système salarial, la révision du salaire de base national, l’augmentation du point indiciaire et non du nombre indiciaire, la révision de l’Impôt sur le revenu (IRG), afin de toucher l’ensemble des catégories sociales».
Pour sa part, le Parti des travailleurs (PT) est persuadé que la suppression du système des subventions et des transferts sociaux «remettra en cause» des acquis fondamentaux de l’indépendance, à savoir le droit à l’instruction, à la santé, au logement, au travail et le soutien de l’Etat aux produits de base.