Réunion sur la Syrie en Jordanie : L’envoyé de l’ONU plaide pour un processus «crédible et inclusif»

15/12/2024 mis à jour: 14:20
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L’Union européenne, les Etats-Unis et plusieurs pays arabes se sont réunis en Jordanie pour évoquer l’après-Bachar Al Assad

L’envoyé spécial des Nations unies en Syrie, Geir Pedersen, a exhorté, hier, les puissances étrangères à œuvrer pour éviter l’effondrement des institutions syriennes, alors que de nouvelles frappes israéliennes ont visé des sites militaires à Damas et sa banlieue. 

Lors de sa rencontre avec le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, Geir Pedersen s’est prononcé en faveur d’un processus politique «crédible et inclusif» pour la formation du prochain gouvernement syrien.  «Nous devons nous assurer que les institutions de l’Etat ne s’effondrent pas et que l’aide humanitaire arrive le plus rapidement possible. Si nous y parvenons, une nouvelle opportunité s’offrira peut-être au peuple syrien», a déclaré l’envoyé spécial des Nations unies en Syrie, en marge d’une réunion internationale sur la Syrie en Jordanie. Pour sa part, Blinken a déclaré que les Nations unies «jouent un rôle essentiel» dans l’approvisionnement en aide humanitaire et la protection des minorités en Syrie. 


En Jordanie, des ministres et responsables américains, européens, arabes et turcs ont tenus une réunion à Aqaba, sur la mer Rouge, pour discuter du dossier syrien après la fuite de Bachar Al Assad, chassé le 8 décembre par une offensive menée par le groupe Hayat Tahrir Al Sham (HTS). La Russie et l’Iran, principaux soutiens du Président déchu, n’ont pas été invités. Acteur majeur dans le conflit en Syrie et soutien des nouvelles autorités, la Turquie a rouvert son ambassade à Damas après plus de 12 ans de fermeture. 


Le chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, a annoncé que le chef de mission s’était rendu à Damas pour ouvrir l’ambassade. La chancellerie avait fermé en mars 2012, un an après le début de la guerre civile en Syrie, déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie, et après des appels du gouvernement turc à la démission d’Al Assad. Avec des lignes de communication ouvertes avec le HTS, la Turquie leur transmet directement les inquiétudes de la communauté internationale, qui doivent être «résolues», a dit Fidan. «Personne ne les connaît aussi bien que nous. Nous voulons une Syrie sans terrorisme (...). Nous leur disons (à HTS) : la Turquie qui vous soutient depuis des années, ainsi que le monde, attend ceci de vous (...) Notre devoir est de répondre à ces préoccupations», a-t-il ajouté. 


Lors d’un entretien diffusé en direct sur la chaîne privée turque NTV, le ministre des Affaires étrangères turc a déclaré que la Turquie avait convaincu la Russie et l’Iran de ne pas intervenir en Syrie durant l’offensive du groupe HTS. Pour sa part, un haut responsable des Emirats arabes unis s’est dit «inquiet» des affiliations islamistes des groupes armés ayant fait chuter le président Bachar Al Assad, et qui détiennent désormais le pouvoir en Syrie. «Nous entendons des messages raisonnables sur la volonté de ne pas imposer de système aux Syriens, mais d’un autre côté la nature des nouvelles forces [au pouvoir], leur affiliation aux Frères musulmans et à Al Qaïda, sont des indicateurs assez inquiétants», a déclaré Anwar Gargash, conseiller diplomatique du président des Emirats arabes unis, lors d’un discours à la World Policy Conference, organisée par l’Institut français des relations internationales à Abou Dhabi. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a fait état de nouvelles frappes israéliennes qui ont visé, hier, des sites militaires à Damas et sa banlieue. 


Nouvelles frappes israéliennes

Depuis la fuite dimanche du président déchu Bachar Al Assad, Israël a lancé des centaines de frappes contre des sites militaires en Syrie, selon cette ONG basée au Royaume-Uni et disposant d’un vaste réseau de sources à l’intérieur de la Syrie. «Les frappes israéliennes ont détruit un institut scientifique» et d’autres positions militaires à Barzé, à la limite nord-est de Damas, et visé un «aéroport militaire» dans les alentours de la ville, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les frappes ont également visé des «entrepôts de missiles balistiques» et des lances-roquettes dans la région du Qalamoun, à la périphérie de Damas, ainsi que des «tunnels» sous les montagnes, a ajouté l’Observatoire. Selon lui, ces séries de frappes contre «les sites militaires de l’ancien régime» visent à «détruire ce qui reste des capacités militaires de la prochaine armée syrienne». 


L’armée de l’air israélienne a également visé, avant-hier, une «base de missiles sur le mont Qassioun à Damas», a ajouté l’OSDH, ainsi qu’un aéroport dans la province méridionale de Soueida et des «laboratoires de recherche et de défense à Masyaf», dans la province de Hama. 

Par ailleurs, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a ordonné à l’armée de «se préparer à rester» tout l’hiver dans la zone tampon située à la lisière de la partie du Golan syrien occupée par Israël. Les troupes israéliennes sont entrées dans la zone tampon juste après la chute d’Al Assad. L’ONU a dénoncé une «violation» de l’accord de désengagement de 1974 entre la Syrie et Israël.

De leur côté, les Casques blancs, une organisation de secouristes syriens, ont dénoncé dans un communiqué «les frappes aériennes israéliennes ciblant les infrastructures, terrorisant les civils, et l’occupation du territoire syrien par les forces israéliennes», et appelé à la fin de ces «attaques et assauts». 


La Défense civile «demande instamment au Conseil de sécurité des Nations unies et aux Nations unies de prendre les mesures nécessaires pour assurer la cessation immédiate de ces attaques, qui menacent la paix dans la région et qui aggravent ses blessures», ajoute le communiqué, qui en appelle aussi à la responsabilité des «amis du peuple syrien». 

Dans une vidéo publiée sur X, le chef des Casques blancs, Raed Al Saleh, s’est adressé aux familles des victimes et des survivants de l’ancien régime syrien devant le palais de justice de Damas et a promis de demander des comptes à Bachar Al Assad pour ses «violations». «Aujourd’hui, je vous promets, devant le palais de justice et nulle part ailleurs, de travailler avec toutes les institutions juridiques pour obliger le chef du régime à rendre des comptes après toutes ces violations», a-t-il déclaré.                                          
 

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