Rétablissement de l’examen de 5e année à partir de 2023 : Une décision et des interrogations

08/06/2022 mis à jour: 00:18
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Cette «volte-face» inquiète les spécialistes, qui s’interrogent sur les raisons d’un tel revirement en un court laps de temps ( photo : B. Souhil )

Ce n’était donc qu’un intermède d’une année. Après avoir annoncé sa suppression en novembre 2021, le ministère de l’Education nationale revoit sa copie et annonce le rétablissement en 2023 de l’examen de fin du cycle primaire. Cette volte-face inquiète la communauté éducative, qui s’interroge sur les raisons d’un tel revirement. 
 

Il y a une année, le département de Abdelhakim Belabed avait décidé d’annuler  l’épreuve de la cinquième année, suite à «une étude approfondie et exhaustive de l’efficacité de cet examen sur les plans pédagogique, d’enseignement et d’évaluation». 

Il a ajouté que la décision d’annulation sera suivie de plusieurs mesures pédagogiques. En évoquant le rétablissement de cet examen, le ministre a expliqué qu’il se fera selon de «nouvelles données et une nouvelle approche de manière à augmenter les chances de réussite des élèves et faciliter leur progression dans le système scolaire». 
 

A ce sujet, les syndicats s’interrogent sur la nature et la forme que le ministère compte attribuer à cet examen sanctionnant un cursus important dans la vie d’un élève. «Va-t-on vers un examen officiel, ou un examen formel, ou alors les pouvoirs publics veulent-ils un examen d’évaluation afin de préparer l’élève pour les futurs examens nationaux ?» se demande Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste). 

Ce dernier explique avoir proposé à la tutelle dans un passé récent la nécessité d’établir un examen de sélection pour les élèves de fin de cycle primaire avec en main une attestation, et ce, afin de se conformer à la loi d’orientation sur l’éducation et les recommandations pédagogiques. 

«En annulant l’examen de la cinquième année, le ministère a enfreint la loi n° 08-04 du 23 janvier 2008 portant loi d’orientation sur l’éducation nationale, qui fixe les dispositions fondamentales régissant le système d’éducation et redéfinit les missions de l’école et les principes fondamentaux de l’éducation», note M. Boudiba. 
 

Refonte du système éducatif
 

Il détaille que l’article 49 de la loi d’orientation dispose que «la fin de la scolarité dans l’enseignement primaire est sanctionnée par un examen final ouvrant droit à la délivrance d’une attestation de succès». Ainsi, cet examen officiel est obligatoire, selon M. Boudiba, non pas pour le passage, mais plutôt pour avoir l’attestation de succès. 

A l’unanimité les syndicats ne comprennent pas l’attitude du ministère et restent convaincus qu’aujourd’hui il est urgent de «réorganiser» les trois examens officiels. «Pour moi, il est insensé qu’un élève de primaire étudie 13 matières pour qu’en fin de compte il passe les épreuves dans trois matières seulement. 

Comme il est anormal qu’au premier jour du BEM, les élèves passent les épreuves de 4 matières de mémorisation. Ce n’est pas normal !» s’offusque Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef). 

Ce dernier propose la «refonte radicale» du système éducatif, qui passe par la révision de la méthodologie ainsi que du rythme scolaire. Une revendication formulée à maintes reprises par plusieurs syndicats du secteur, qui suggèrent également de «revoir les objectifs» de l’école algérienne, notamment le primaire. 

Notons que le ministre de l’Education a affirmé lundi, à l’issue de sa visite au siège de la direction de l’éducation d’El Meghaïer, où il s’est enquis du déroulement des épreuves du BEM, que des études étaient en cours pour la révision du baccalauréat en temps opportun, outre celle du coefficient du BEM, en vue «d’éviter que les notes soient gonflées au sein des établissements scolaires». 

Par ailleurs, les syndicats ont dénoncé hier la démarche unilatérale du ministère : «Nous rappelons au ministre que nous sommes un partenaire social incontournable et nous demandons à être consultés et associés à toutes les décisions.»
 

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