Résultats des élections législatives en France : Percée historique de l’extrême droite

21/06/2022 mis à jour: 18:32
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Photo : D. R.

Dans l’urgence, le prochain défi du jeune Président sera de trouver une solution de compromis pour passer le cap du vote de confiance pour le nouveau gouvernement.

Récemment réélu pour un second mandat, le président français, Emmanuel Macron, subit son premier grand revers électoral depuis 2017, en perdant la majorité absolue à l’Assemblée nationale à l’issue du 2e tour des élections législatives, tenu dimanche dernier.

Arrivée en tête avec 245 députés, la coalition présidentielle Ensemble est pourtant très loin du compte. Il lui manque 44 sièges pour atteindre la majorité absolue de 289 députés, tant convoitée et souhaitée par le locataire de l’Elysée, qui s’affichait entre les deux tours comme le seul «rempart contre les mouvements politiques antirépublicains», mettant dos à dos l’extrême droite lepéniste, portée par le Rassemblement national (RN), et l’alliance de gauche qui s’est constituée autour de Jean-Luc Mélenchon, troisième homme de la présidentielle d’avril dernier.

Une telle stratégie politique, dénoncée par ses adversaires de gauche comme «dangereuse» et «irresponsable», semble l’une des nombreuses causes de l’échec cinglant de la macronie, puisqu’elle perd au moins 105 députés par rapport à la mandature de 2017 et permet, entre autres, une percée historique du RN, qui passe de 8 à 89 députés en l’espace de 5 ans de gouvernance de Macron.

Le parti de Marine Le Pen a, sans doute, réalisé la plus grande surprise du scrutin dont il sort symboliquement victorieux, brisant au passage ce qui était considéré jusque-là comme un plafond de verre pour l’extrême droite dans une élection majoritaire à deux tours. Ce qui est, en soi, un exploit pour la famille politique de Jean-Marie Le Pen et du Front national, dont l’ancien score record se limitait à 35 députés, élus en 1986 grâce à la proportionnelle.

Pour la fameuse Nupes (Nouvelle union populaire, écologique et sociale), qui faisait tellement peur au clan présidentiel, elle a réussi son pari en partie seulement. Regroupant principalement La France insoumise, Europe Ecologie Les Verts, le Parti socialiste et le Parti communiste, la coalition de gauche a, certes, empêché Ensemble d’avoir une majorité absolue, mais elle a échoué à l’obtenir pour elle-même afin de pouvoir imposer son leader, en l’occurrence Mélenchon, comme Premier ministre de cohabitation.

Sinon, question chiffres, la stratégie de la gauche unie a porté ses fruits, devenant de fait la première force d’opposition dans le pays et gagnant une centaine de sièges par rapport à 2017.

Malgré un taux d’abstention record, estimé à 54%, la Nupes a fait élire 133 députés sous son étiquette, à ajouter à une vingtaine de députés divers gauche.Si ces résultats confirment ceux de la présidentielle quant à la présence de trois grands blocs électoraux en France, la droite traditionnelle, représentée par Les Républicains, a fait plus que survivre en obtenant 61 sièges.

C’est ce groupe politique qui pourra ainsi jouer le rôle d’appoint pour permettre à Emmanuel Macron de gouverner le pays, ou pas ! Tout dépendra de leurs exigences, d’abord, à l’occasion du prochain remaniement du gouvernement, ensuite, dans la composition des commissions au sein de l’Assemblée.

Déjà que c’était difficile pour lui de gouverner la France avec une majorité confortable, passant par plusieurs crises des Gilets jaunes à la pandémie de Covid-19, Emmanuel Macron et son entourage craignent déjà une «paralysie du pays», qui devient de plus en plus ingouvernable. Trois ministres en poste ont été battus au même titre que plusieurs personnalités marconistes importantes, à l’instar du président de l’Assemblée sortante, Richard Ferrand.

Dans l’urgence, le prochain défi du jeune Président sera de trouver une solution de compromis pour passer le cap du vote de confiance pour le nouveau gouvernement. Il devrait, en même temps, accepter beaucoup de concessions à sa droite, et parfois à sa gauche, pour faire fonctionner sa majorité présidentielle. 

A défaut, deux solutions radicales s’offrent à lui : à court terme, l’application de l’article 49.3 ; à moyen terme, la dissolution de l’Assemblée et l’organisation de nouvelles élections législatives. 

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