Report des élections libyennes : Interrogations légitimes sur les nouvelles dates

03/01/2022 mis à jour: 02:15
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Aucune nouvelle date après le report des élections libyennes / Photo : D. R.

Aucune nouvelle date après le report des élections libyennes. Discussions demain entre le Parlement et la Haute Commission nationale des élections (HNEC) concernant un nouveau calendrier. Les Libyens s’interrogent sur la possibilité du retour d’un régime politique stable chez eux.

Le président de la HNEC, Imed Essayah, sera, aujourd’hui, au siège du Parlement libyen à To brouk pour discuter de nouvelles dates «réalisables» du processus électoral, en plus d’un amendement de la Constitution pour renforcer davantage la constitutionnalité des élections. Le Parlement libyen pourrait, éventuellement, discuter aussi de l’avenir du gouvernement Dbeyba. La réunion du Parlement se tiendra à l’issue des recommandations de la commission parlementaire sur les élections.

Les institutions libyennes ne sont pas parvenues à exécuter les élections le 24 décembre dernier, soit la principale tâche de l’accord de Genève de février dernier. Pourtant, tous les groupes politiques et les citoyens, à part les Frères musulmans, n’ont cessé d’assurer leur engagement à respecter le calendrier électoral annoncé par la HNEC.

C’est donc une nouvelle phase de doute qui s’installe en Libye. Libyens, ONU et communauté internationale vont chercher à trouver une issue honorable à l’imbroglio libyen.

Face à ce problème complexe, le politologue et directeur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociales (Caraps), basé à Genève, Riadh Sidaoui, pense que «l’expérience récente a montré que les Libyens comprennent mieux que quiconque leurs problèmes et sauraient trouver la solution, malgré la complexité des problèmes rencontrés et le nombre élevé de joueurs internationaux».

Onze années après la chute de Mouammar El Gueddafi, la Libye continue à vivre dans le désordre malgré un début de solution depuis juin 2020 et l’accord historique de cessez-le-feu, signé par l’homme fort de l’Est libyen, Khalifa Haftar, avec Ahmed Myitigue, le Misrati, vice-président du Conseil présidentiel d’alors.

Les perspectives tracées depuis cette date ont fait bouger les choses, sans parvenir toutefois à résoudre l’épineux problème du départ des forces régulières et des mercenaires étrangers, ni à réunifier l’armée libyenne.

Pourtant, la commission militaire «5+5», formée des états-majors des armées de l’Est et de l’Ouest, est parvenue à s’entendre sur des priorités. Mais, plusieurs groupes armés de l’Ouest échappent au contrôle de cette commission et représentent le principal obstacle face à la concrétisation de la réconciliation.

Enjeux

La situation libyenne est sujette à plusieurs tractations à l’échelle internationale. «Chaque partie cherche à préserver ses intérêts», assure le politologue libyen Ezzeddine Aguil. Ainsi, les Britanniques disposent de la sympathie de groupes politiques et armés dans l’Ouest libyen et auprès du gouvernement Dbeyba, tout comme son prédécesseur Al Sarraj.

D’où les propos de l’ambassadrice britannique en Libye, Caroline Hurndall, assurant que l’autorité provisoire libyenne devrait rester malgré le report des élections et qu’il ne fallait pas s’ingénier à installer un nouveau pouvoir, ce qui risquerait de compliquer davantage la situation.

Quant à l’homme d’affaires russe Evgueni Prigojine, surnommé «le cuisinier de Poutine» et soupçonné d’être le bailleur de fonds du groupe militaire Wagner, il considère que «trois hommes politiques libyens disposent d’un véritable poids sur le terrain».

Il s’agit du maréchal Haftar, Salah Aguila, le président du Parlement, et Fathi Bach Agha, le Misrati, ministre de l’Intérieur du gouvernement Al Sarraj. Le trio cité par Prigojine a été derrière le cessez-le feu de juin 2020, constituant le déclic de la crise libyenne.

Les observateurs internationaux s’inquiètent de l’absence de l’autorité politique sur les groupes armés de l’Ouest libyen. En effet, pour le bailleur de fonds du groupe armé russe Wagner, «seul le Misrati Fathi Bach Agha dispose de son mot à dire auprès des groupes armés de l’Ouest, et il en a fait preuve lors de son passage à la tête du ministère libyen de l’Intérieur». Il pense que «Dbeyba, tout comme Al Sarraj  sont juste des figurants sur la scène politique libyenne».

Le politologue Ezzeddine Aguil va dans le même sens, en assurant que les six candidats à la présidentielle libyenne, présents en décembre dernier à Benghazi à l’invitation de Haftar, sont les seuls à disposer d’autorité sur le terrain. Il s’agit de Fathi Bach Agha, Ahmed Mytigue, Aref Ennayadh et Abdelmajid Seif Ennasr.

Concernant Aguila Salah, le politologue considère que c’est un élément dans l’échiquier de Haftar, qui lui procure les législations nécessaires pour son autorité. Pour le moment, les observateurs pensent que la paire Bach Agha/Haftar semble en mesure de damer le pion à Dbeyba, en raison de leur impact avéré sur les groupes armés à l’Est et l’Ouest libyens. Les Libyens continuent toutefois à attendre la stabilité.

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