Repère - L’Algérie, l’UE et le gaz

23/01/2025 mis à jour: 19:13
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L’Algérie est bien positionnée pour négocier au mieux la révision de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE), notamment en raison d’un contexte géopolitique et énergétique favorable. 
Les tensions actuelles, particulièrement la guerre en Ukraine et la réduction des exportations énergétiques russes, donnent à l’Algérie un important levier dans les négociations avec l’UE qui cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz. L’Algérie, qui dispose de grandes réserves de gaz, est un fournisseur fiable, proche, stable et stratégique permettant à l’UE de réduire sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie.

Dans le contexte de la crise énergétique et de la nécessité de diversifier et sécuriser les sources d’approvisionnement, l’UE a lancé récemment des appels d’offres pour l’achat groupé de gaz pour satisfaire ses besoins. Le contexte actuel est marqué par une intense concurrence internationale sur les approvisionnements en gaz algérien.

L’UE a plus que jamais besoin d’augmenter ses approvisionnements en gaz algérien à moyen terme. L’Algérie, classée 7e exportateur mondial de gaz, attire l’intérêt de plusieurs pays européens pour augmenter leurs approvisionnements en gaz, renforçant ainsi son rôle dans la sécurité énergétique de l’UE. Les contrats bilatéraux d’approvisionnement en gaz entre l’Algérie et des pays européens sont influencés par le cadre général des relations UE-Algérie.

Ces contrats sont négociés dans le contexte des règles commerciales et des dispositions de coopération énergétique contenues dans l’accord d’association. L’Espagne, la France, l’Italie, l’Allemagne, la Croatie et la République tchèque sont toutes liées par des contrats cruciaux avec l’Algérie pour leurs approvisionnements en gaz.

Selon un rapport du Forum des pays exportateurs de gaz, l’Algérie a fourni 19% du gaz naturel exporté par gazoduc vers l’UE, en 2023. En octobre dernier, l’Algérie s’est même positionnée comme le premier fournisseur de l’Europe, selon Eurostat, organe de la Commission européenne chargé de l’information statistique. Les infrastructures gazières, notamment les gazoducs Medgaz et Transmed, et la capacité de production de l’Algérie en font un partenaire stratégique avantageux. 

De plus, le prix du gaz ne cesse de flamber en Europe qui doit se préparer à payer son gaz de plus en plus cher. Energie fossile considérée comme abondante et réputée moins nocive pour l’environnement, le gaz reste une ressource indispensable au mix énergétique européen. Ainsi, le gaz est un atout pour négocier avec l’UE afin de corriger le déséquilibre de l’accord d’association et établir un partenariat plus équitable et bénéfique pour les deux parties.

Plusieurs clauses doivent être révisées, pour permettre à l’Algérie de maximiser son avantage au service de ses intérêts à long terme en matière d’investissements, de transferts de technologie ou encore de conditions commerciales plus favorables. Sur le plan commercial, il est nécessaire d’adapter les dispositions pour favoriser les exportations algériennes hors hydrocarbures, actuellement modestes.

La révision des barrières tarifaires et des conditions d’accès est indispensable afin de protéger les secteurs stratégiques algériens. Les négociations pourraient aboutir à un partenariat plus équilibré et mutuellement bénéfique, si les deux parties parviennent à aligner leurs intérêts  stratégiques.
 

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