La prévention et la gestion des risques en milieu portuaire» est l’intitulé de la journée d’étude organisée hier au Méridien par l’Entreprise portuaire d’Oran (EPO), en présence du président-directeur général de cette dernière, des représentants syndicaux des travailleurs du port et du directeur des transports de la wilaya d’Oran.
Ce dernier a d’abord mis en avant le projet d’extension du port d’Oran et ses capacités prochaines à traiter 1 000 000 de conteneurs au lieu des 250 000 à 300 000 unités actuellement.
Une extension des activités qui suppose plus de tâches, plus de formations, etc., et c’était pour expliquer la pertinence de l’organisation d’un tel événement pour aller de l’avant.
De prime abord, les stratégies déjà mises en œuvre pour réduire les risques professionnels semblent avoir donné des fruits avec, à titre illustratif, une tendance nettement à la baisse des accidents du travail enregistrés durant les 12 dernières années, passant de 55 en 2010 à seulement 12 en 2021.
Dans son intervention, le PDG de l’EPO, Mokhtar Korba, souligne la vocation du port d’Oran pour l’activité du vrac en communicant les chiffres de l’année dernière, en pleine pandémie, avec l’importation de 3 millions de tonnes de céréales et l’exportation de 1,5 million de tonnes de clinker (constituant du ciment).
Là aussi, l’évolution vers une gestion industrielle des activités est mise en avant, en indiquant que «le mode opératoire des chargements va être revu avec l’acquisition en septembre prochain d’une machine de type shiploader (chargeur de navire)».
La modernisation du port d’Oran a déjà été entamée avec, notamment, l’acquisition d’une machine colossale de 18 mètres de hauteur ayant nécessité un effort de formation des personnels et la mise en place d’une organisation plus adaptée aux nouvelles exigences des standards internationaux de gestion en général et de gestion des risques en particulier.
Au sujet de ce dernier cas, la modernisation des infrastructures portuaires et des équipements de manutention ne représente qu’un des aspects du plan de prévention qui inclut surtout la formation mais aussi l’utilisation rationnelle du matériel, l’affichage et le respect des consignes de sécurité ainsi que l’acquisition des équipements de protection collectifs et individuels.
Zoom sur les activités portuaires
Les différents aspects entourant la problématique de la prévention ont été traités lors des panels et des ateliers. Fethi Habchi, médecin du travail, a indiqué que 50 000 accidents du travail sont enregistrés chaque année en Algérie, en plus des centaines de déclarations annuelles liées aux maladies professionnelles (beaucoup de cas ne sont pas déclarés). Pour lui, les activités portuaires particulièrement nombreuses génèrent des risques qu’il faut bien définir et évaluer en fonction des postes de travail.
Des risques pouvant être physiques, chimiques (chargement et déchargement de produits, tels que les engrais ou les hydrocarbures), ergonomiques, etc. «C’est tout un dispositif qu’il faut mettre en place car la visite médicale proprement dite ne vient qu’en dernier lieu.» La prévention permet d’économiser de l’argent, estime-t-il, car dans le monde, les dépenses actuelles de santé liées au travail sont une fois et demie plus importantes que le chiffre de 1251 milliards de dollars communiqué pour l’année 2003.
Au-delà des chiffres, il a considéré qu’un fonds réservé à la prévention des accidents de travail existe au niveau de la CNAS, mais qu’il n’est pas sollicité par les entreprises désireuses d’améliorer cet aspect.
A noter que la CNAS participe à cette journée pour parler de ses missions et de ses attributions dans ce cadre là. La mise en place du dispositif de prévention est la spécialité de l’INPRP (Institut national de la prévention des risques professionnels), représenté par son directeur régional, Mokhtar Azza. Celui-ci déplore le fait que des entreprises employant des centaines de travailleurs n’aient pas mis en place la SST (santé et sécurité au travail).
«Pour améliorer la sécurité, il faut, explique-t-il, de bonnes évaluations, cependant, celles-ci ne doivent pas être menées seulement de manière empirique mais suivant des méthodes scientifiques, car c’est beaucoup plus efficace en termes de résultats.» L’INPRP intervient aussi en aval pour des cas où des incidents ont déjà eu lieu.
«Dans nos investigations, nous ne cherchons pas les coupables mais les causes pour remédier aux problèmes», précise-t-il pour rassurer les dirigeants des entreprises. La nouvelle thématique liée a la santé mentale au travail a été développée par Dib Mohamed, responsable du groupe GEMA (générale maritime). L’un des ateliers devait justement traiter du bien-être au travail et son impact sur la productivité.