Réhabilitation du vieux bâti à l’avenue Didouche Mourad (skikda) : Des milliards dépensés pour du rafistolage

30/07/2023 mis à jour: 06:53
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Les bâtisses sont toujours menacées d’effondrement

Le projet de réhabilitation du vieux bâti à l’avenue Didouche Mourad, plus connue par les Arcades, en plein centre-ville de Skikda, semble tourner au fiasco. Le constat de la wali, Houria Meddahi, révélé lors d’une journée d’études sur le vieux bâti, organisée par l’OPGI au palais de la culture Malek Chebel, est sans appel. 

La première responsable de l’exécutif a déclaré que l’opération a été confiée à une entreprise non qualifiée, et qu’elle a abouti à un échec, car les menaces d’effondrement pèsent toujours sur les vieilles bâtisses, mais aussi sur les centaines de familles qui y habitent, ceci sans oublier la négligence de l’aspect esthétique et le non-respect du cahier des charges. 
 

L’opération, qui avait donné de l’espoir aux habitants de ce lieu historique de la ville, a débouché sur des illusions après des années d’attente. Pour rappel, le projet a commencé par une phase d’étude confiée, il y a presque une dizaine d’années, à un bureau d’études algéro-espagnol pour un montant de 1,5 milliard de dinars. 

Ce dernier avait entamé son travail qui a duré 15 mois par un diagnostic approfondi des lieux, avec l’utilisation de gros moyens et du matériel très sophistiqué, avant de passer à la phase de réhabilitation attribuée à une entreprise privée, qui avait concerné dans une première partie quatre bâtisses, comptant 19 appartements et 16 locaux commerciaux pour cibler d’autres îlots selon les priorités. 

L’opération de restauration concernait la rénovation des façades, des balcons, des escaliers, des terrasses ainsi que le renforcement des piliers supportant les constructions, en sus de la consolidation des parties menacées d’effondrement. Un projet devant préserver l’aspect architectural de ce patrimoine de la ville, qui demeure l’une de ses particularités, dont la construction remonte à 1890, et qui recense 127 bâtisses, regroupant 604 logements et 350 locaux commerciaux, selon les chiffres communiqués par le directeur de l’OPGI de Skikda lors de cette journée d’étude. 
 

Les experts soutiennent que tous les lots ont atteint un degré de dégradation important en raison principalement des infiltrations des eaux de pluie. «Malheureusement, la réhabilitation n’a pas été conforme aux exigences fixées par le ministère de l’Habitat», a regretté Mme Meddahi. 

Pour leur part, les habitants de ce lieu n’ont pas caché leur amertume en qualifiant ces travaux de rafistolage. Pourtant, les pouvoirs publics ont débloqué une enveloppe financière importante pour cette opération classée comme l’une des priorités pour sauvegarder le vieux bâti et éviter toute démolition. Selon un communiqué des services de la wilaya de Skikda, des intervenants lors de cette rencontre ont appelé à trouver des solutions immédiates à cette problématique en recourant aux architectes et experts locaux qui comptabilisent une longue expérience dans ce domaine. 

A ce sujet, la directrice de l’urbanisme de la wilaya d’Alger a exposé l’expérience menée dans la capitale en matière de réhabilitation du vieux bâti, tout en proposant un échange dans le domaine surtout qu’il s’agit de deux villes côtières ayant les mêmes caractéristiques climatiques nécessitant des interventions particulières et des matériaux spécifiques. 

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