Régulation du marché de véhicules neufs : La «combine» des revendeurs face à la réglementation

10/04/2025 mis à jour: 20:19
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Photo : D. R.

Le marché des véhicules neufs en Algérie reste marqué par un courtage et une spéculation intenses en dépit de l’instauration d’un nouveau dispositif réglementaire. Les prix de ces véhicules nouvellement acquis se multiplient par deux au marché de seconde main, notamment pour les modèles produits localement par l’usine Fiat Algérie.

Les courtiers informels de voitures neuves renaissent de leurs cendres. Ces «fins connaisseurs» des arcanes du métier de la revente de voitures sur le marché, aux pratiques peu catholiques, opèrent une véritable razzia sur le quota de véhicules neufs livrés la semaine dernière par Fiat Algérie. «A peine livrées, les voitures de marque Fiat apparaissent directement dans les annonces de vente sur Market Place de Facebook et sur le site Ouedkniss.com. Cela à des prix très élevés par rapport à ceux pratiqués dans les show-rooms. Les bénéfices générés par la revente de ces véhicules atteignent presque le double du prix initial», dénonce les organisations de protection des consommateurs.

En effet, la revente sur internet à des prix exorbitants de voitures Fiat, seule marque de voiture apte à proposer actuellement des véhicules sur le marché, a suscité une inquiétude croissante parmi les consommateurs et les organisations de défense des droits des consommateurs, compte tenu de l’ampleur de cette situation préjudiciable sur le pouvoir d’achat et le bien-être des consommateurs.

D’ailleurs, l’Association de protection et orientations du consommateur et son environnement est montée au créneau face à ce phénomène. Son président Mustapha Zebdi a souligné, lors d’une conférence tenue récemment, l’importance de mettre en place des mécanismes pour protéger les droits des citoyens contre les courtiers et les pratiques commerciales abusives. Dans le même sillage, le responsable a plaidé que seuls les concessionnaires officiels doivent être autorisés à vendre des voitures neuves, empêchant ainsi les courtiers de s’immiscer dans le processus de vente.

Dans les faits, durant l’année 2023, le directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques du ministère de l’Intérieur, Mahdi Amirouche, avait annoncé, lors de son passage sur la chaîne de télévision publique (EPTV), que de lourdes peines seront prononcées à l’encontre des contrevenants, estimant que la lutte contre la spéculation sur les voitures neuves est «un défi majeur pour le gouvernement». Face à l’inflation toujours galopante des véhicules neufs, le gouvernement avait déjà prévu de sévir contre les spéculateurs et les revendeurs sans scrupules, afin de protéger les intérêts des consommateurs.

En effet, dans un contexte économique en pleine mutation, l’Algérie s’est vu forcer de durcir ses lois contre les spéculateurs,  en imposant une nouvelle restriction sur l’achat de véhicules neufs (Un véhicule par acheteur une fois tous les cinq ans), afin de mettre fin à la spéculation. Force est de constater que la mise en application de la réglementation en vigueur n’a toujours pas donné des résultats probants. Cette situation est, rappelons-le, la résultante de l’indisponibilité sur le marché de véhicules neufs, ce qui a pour conséquence de maintenir des prix excessivement élevés.

Mais d’un point de vue de la loi 21-15, cette situation, qui dure depuis deux années, s’assimile à de la spéculation illicite. Les experts du secteur s’interrogent sur l’efficacité de la nouvelle réglementation. «Cette dernière a-t-elle un impact réel sur la régulation du marché des véhicules neufs ?» Ce qui semble le plus évident est que cette nouvelle réglementation d’achat de véhicules neufs, hormis le bien-fondé derrière sa législation, connaît des vides réglementaires appelés sûrement à être comblés.

La réaction des autorités contre la spéculation

Une réunion a été organisée, hier, entre quatre ministères et la gendarmerie pour faire face au phénomène de spéculation sur les voitures Fiat fabriquées en Algérie. La réunion a été présidée par le ministre de l’Industrie et a vu la participation de représentants des ministères de l’Intérieur, du Commerce, de la Justice et de la Gendarmerie nationale. La réunion a été consacrée à l’évaluation de la mise en œuvre de mesures dissuasives pour lutter contre le phénomène de spéculation automobile et la finalisation du lancement d’une plateforme de suivi des ventes des voitures fabriquées en Algérie. A. K.

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