Réformes et économie numérique en Algérie : Toujours en quête d’une «solution intelligente»

11/05/2022 mis à jour: 03:50
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Tout le monde parle de retard en matière de numérisation de l’économie, mais en fait de quoi s’agit-il au juste ? 

«Les problèmes de subvention, de l’informel, de liquidités, de l’enseignement à assurer à tout le monde, des accidents de la route pourraient être réglés à travers des solutions intelligentes. Mais où est le blocage et pourquoi ne le fait-on pas ? Il y a beaucoup d’argent qu’on pourrait récupérer en mettant en place ces solutions», plaide l’expert Younes Graar.

La numérisation ne se fera pas vite mais au rythme des pesanteurs économiques, a déclaré avant-hier le ministre de la Numérisation et des Statistiques au Centre international des conférences (CIC) à Alger, où a lieu une conférence sur «Le numérique clé du développement de l’économie nationale», organisée conjointement par l’organisation patronale CAPC et le SNPC Numérique, sous le haut patronage du ministère du secteur. 

Le ministre a énuméré, à l’occasion, les réalisations enregistrées durant ces dernières années dans le pays, en invoquant les facilités qu’ont les Algériens aujourd’hui, fruit de cet effort de numérisation, à se faire délivrer des pièces d’état civil. Soit. 

Mais l’orateur ne nie pas qu’il s’agit aujourd’hui de faire en sorte que «les problèmes de l’administration se règlent en un clic». «Facile à dire mais pas à faire», a-t-il enchaîné tout en faisant remarquer que «l’approche n’est pas quantitative mais qualitative». 

Le chantier est vaste et autant dire tout de suite que le pays a perdu beaucoup de temps à tergiverser sur le lancement des réformes idoines. Le président de la CAPC, Sami Agli, a, dans son allocution d’ouverture, souligné que «nous devrions assimiler que les économies de demain et de l’après-pétrole ne s’accommodent d’aucune hésitation bureaucratique». 

En cause bien entendu le climat des affaires et autres obstacles dressés sur le chemin de la création et du développement de l’entreprise. Si cette rencontre a permis les échanges de points de vue et des expériences en vue de permettre au pays de trouver sa voie dans cette quête de maîtrise d’un secteur pourvoyeur de richesses et créateur d’emplois, il n’en demeure pas moins que des experts n’ont pas manqué de mettre le doigt sur la plaie en matière de lenteurs dans la conduite des réformes tant espérées. 

Younes Graar, expert dans le domaine des TIC, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour nommer les problèmes. 

«Si on n’arrive pas à réaliser cette numérisation, on doit donner des explications aux gens. Pourquoi l’Algérie est en retard ? Le Ghana, par exemple, a réalisé cette solution et nous, nous n’y arrivons pas. On ne parle pas de la Chine, des Etats-Unis de la Corée du Sud, on parle de Kenya, du Rwanda, de l’Ethiopie… Pourquoi ces pays sont arrivés à réaliser des solutions basées sur le numérique pour régler les problèmes liés à la santé, au commerce, au tourisme, etc. Et nous, en Algérie, nous sommes toujours dans les constats et les propositions… Il y a un problème», a-t-il analysé. 

Et poursuivre : «Des Algériens sont actuellement dans des multinationales et sont derrière de grands projets au Moyen-Orient, en Europe et aux Etats-Unis. On leur a offert un environnement de travail ; je pense qu’il y a absence de volonté politique réelle. Prenons le sujet de l’informel. Tout le monde dit que l’on pourrait régler le problème de l’informel en allant vers le paiement électronique. Alors pourquoi ne le fait-on pas ? On avance à petits pas et donc on perd du temps et de l’argent. Ces 90 milliards de dollars que représente l’informel en Algérie, on ne fait rien pour en récupérer une partie. Pourquoi ne met-on pas à contribution des start-up ?» 

Pour sa part, le président du Syndicat national du patronat citoyen du numérique, M. Guessoum, a présenté les avantages de la numérisation dans le règlement des problèmes tels que celui de la subvention et du phénomène de l’informel dans le pays. 

Mais, c’est sûr, tout reste à faire. 

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