Réforme du Conseil de sécurité de l’ONU : Une question en débat depuis quatre décennies

21/09/2023 mis à jour: 03:03
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Photo : D. R.

Les appels pour la réforme du Conseil de sécurité retentissent à nouveau au sein de l’Assemblée générale des Nations unies. A l’ouverture, mardi, du débat général, António Guterres, secrétaire général de l’ONU, a appelé à une refonte urgente de l’organisation, estimant que les instituions «ne reflètent pas le monde tel qu’il est aujourd’hui».

Le président Abdelmadjid Tebboune a, de son côté, plaidé pour un nouvel ordre mondial plus juste, considérant que la réforme du Conseil de sécurité doit être «une priorité pour la communauté internationale». M. Tebboune a réitéré, dans ce sillage, l’engagement de l’Algérie en faveur de la position africaine commune pour mettre un terme à l’injustice historique qui a touché ce continent, qui demeure non représenté au sein du Conseil de sécurité.

Le président du Brésil, Lula da Silva, a considéré la paralysie actuelle du Conseil de sécurité comme une preuve suffisante de la «nécessité de sa réforme». Idem pour le président de la Pologne, Andrzej Duda, qui a vu dans «l’impasse décisionnelle» au sein du Conseil l’urgence de la réforme de cette instance onusienne. De son côté, le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a estimé urgent de mettre en place une nouvelle architecture de sécurité capable de répondre aux intérêts de toutes les régions du monde, car ce dernier ne se résumant pas à «cinq pays».

Entre la volonté et la dure réalité

Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a, quant à lui, réitéré sa proposition d’élargissement de l’organe à de nouveaux membres. Le chef de l’Etat sud-africain a, pour sa part, souhaité que la voix de son continent soit mieux entendue au sein des instances multilatérales. Cette volonté de réforme ne date pas d’aujourd’hui. Elle est exprimée par plusieurs Etats membres, comme l’Algérie, depuis fort longtemps.

D’ailleurs, elle est inscrite à l’ordre du jour des sessions annuelles de l’Assemblée générale depuis 44 ans. Comme elle fait l’objet de discussions, voire de négociations intergouvernementales depuis 18 ans. Mais bien que la volonté est fortement exprimée au sein de l’Assemblée générale, la question de la réforme du Conseil de sécurité peine à avancer sur le terrain. Les raisons sont multiples.

Il y a d’abord la résistance des membres permanents, (Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Etats-Unis) qui ne voudraient, bien évidemment, pas perdre cet immense privilège mais aussi pouvoir (le droit de veto) en matière de gouvernance du monde. Il y a ensuite l’absence d’un consensus au sein de l’Assemblée générale sur la démarche à suivre pour atteindre un tel objectif.

En effet, les 193 pays membres sont divisés en deux grandes tendances qui s’affrontent. Il y a d’un côté les partisans d’un consensus préalable sur cette question, ce qui demeure difficile à concrétiser. Il y a, de l’autre côté, ceux qui militent pour un texte unique de négociations à soumettre au vote. A cela, l’on peut ajouter les rivalités entre certains Etats membres ambitieux qui veulent tous intégrer ce cercle fermé des grands décideurs du monde.

On peut citer, dans ce contexte, le G4, un groupe composé de l’Allemagne, de l’Inde, du Japon et du Brésil, qui réclament leur place en tant que membre permanent à part entière au sein du Conseil de sécurité. Ce groupe prône un Conseil de 25 membres dont six nouveaux sièges permanents sans droit de veto avant au moins 15 ans.

L’Afrique, un continent qui est non seulement absent de la catégorie des membres permanents, mais aussi sous-représenté dans celle des membres non permanents, veut au moins deux sièges permanents et deux sièges non permanents supplémentaires.

Droit de veto

De son côté, le groupe «Unis pour le consensus», dont le porte-parole est l’Italie, défend une réforme «plus démocratique», avec un élargissement à «25 membres sans nouveau détenteur du droit de veto, à charge pour chaque groupe régional de décider de la rotation de ses membres élus».

Ce groupe, composé de 12 pays, suggère ainsi que six sièges iraient au Groupe des Etats d’Afrique, cinq au Groupe des Etats d’Asie, quatre à celui des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes, trois au Groupe des Etats d’Europe occidentale et autres Etats, et deux au Groupe des Etats d’Europe orientale.

Une proposition qui est encore loin de faire le consensus. Les divisions sont telles, que le débat sur la question revient à chaque session sans qu’il y ait une évolution notable dans le sens de la réforme du Conseil de sécurité, pourtant fortement soutenue par plus d’un tiers des membres.


 

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