Réchauffement climatique : La moitié de l’humanité dans la zone de danger

01/03/2022 mis à jour: 04:36
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Le réchauffement climatique d’environ +1,1°C en moyenne depuis l’ère préindustrielle a déjà contribué au déclin et à l’extinction de certaines espèces / Photo : D. R.

le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, les coupables sont les plus grands pollueurs du monde, «qui mettent le feu à la seule maison que nous ayons».

Les conclusions d’un rapport sur l’évolution du climat, publié hier par l’ONU, montre comment les populations et la planète sont mises à mal par les changements climatiques. Rédigé par un Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (Giec), le rapport de plus de 3600 pages dresse un tableau sombre des souffrances endurées par l’humanité, frappée par les impacts du réchauffement de la planète auxquels elle n’est pas suffisamment préparée.

Décrit comme un «recueil de la souffrance humaine», ce rapport montre que l’Algérie est particulièrement touchée, rejoignant la moitié de l’humanité dans la zone de danger, notamment en matière de rareté de l’eau qui tendrait à s’accentuer (notre pays étant au plus bas en matière de sécurité hydrique). Force est de noter que la population algérienne en ressent d’ores et déjà les effets. Le réchauffement climatique et son lot de conséquences dévastatrices sont devenus une réalité.

A court terme, peut-on lire dans le rapport, certaines régions – dont la Méditerranée – pourraient être frappées par de multiples catastrophes en même temps : sécheresse, canicule, cyclone, incendies, inondations.

La science commence tout juste à se pencher sur les conséquences de ces impacts en cascade. Selon le rapport du Giec, le réchauffement d’environ +1,1°C en moyenne depuis l’ère préindustrielle a déjà contribué au déclin et à l’extinction de certaines espèces, à l’augmentation des maladies transmises par les moustiques, à plus de morts causées par la chaleur et la sécheresse, à une perte de récoltes agricoles et de la pêche.

La santé des populations, physique et mentale, est également touchée. Ce n’est là qu’un avant-goût des impacts à venir : extinction possible de 3 à 14% des espèces terrestres à +1,5°C, des «milliards» de personnes supplémentaires exposées à la dengue, ou de manière générale, une «augmentation sensible des maladies et des morts prématurées».

Le Giec met en garde contre le fait que le monde n’est pas prêt, le réchauffement va plus vite que les mesures pour s’adapter aux conséquences. En outre, «au rythme actuel de planification et de mise en place de l’adaptation, l’écart entre les besoins et ce qui est fait va continuer à grandir».

Selon le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, les coupables sont les plus grands pollueurs du monde, «qui mettent le feu à la seule maison que nous ayons». «J’ai vu de nombreux rapports scientifiques dans ma vie, mais rien de comparable à celui-ci», a-t-il commenté, estimant que «l’abdication des Etats est criminelle». «Perdre du temps, c’est périr», a-t-il souligné.

Des responsables politiques se sont exprimés sur le rapport. Il constitue «un rappel que la crise climatique nous menace tous», a réagi hier le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. «Le déni et l’attente ne constituent pas une stratégie, ils nous mènent droit à la catastrophe», a souligné John Kerry, envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat.

«Le monde doit faire tout son possible pour limiter la hausse des températures mondiales, à court et long termes, mais nous devons aussi nous préparer aux impacts qui se produiront dans une planète plus chaude.»

«Nos vulnérabilités sont mises à nu dans ce rapport. La science nous dit que nous atteignons déjà les limites de notre capacité d’adaptation à 1,1°C. A 1,5°C, nous savons que nous subirons des pertes encore plus importantes», s’est inquiétée Madeleine Diouf Sarr, représentante du groupe des pays les moins avancés (46 pays). 

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