Rapport Transparency International 2021 sur la corruption : L’Algérie toujours mal classée

26/01/2022 mis à jour: 12:24
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Le recul de l’Algérie marque nettement le contraste avec le discours officiel sur la lutte contre la corruption / Illustration : D. R.

L’Algérie a obtenu le score de 33 points/100 et la 117e place, reculant ainsi de 36 à 33 points et de la 104e à la 117e place.

Le rapport de l’ONG Transparency International (TI) sur la corruption dans le monde a été rendu public ce mardi 25 janvier. L’Indice de perception de la corruption (IPC) de cette année 2021 révèle que les niveaux de corruption sont au point mort. Le monde est à l’arrêt donc, souligne le rapport, mais pour l’Algérie c’est encore pire. Notre pays a, en effet, obtenu le score de 33 points/100 et la 117e place, reculant ainsi de 36 à 33 points et de la 104e à la 117e place.

Il faut savoir que l’IPC classe 180 pays et territoires à travers le monde en fonction de leur niveau perçu de corruption dans le secteur public. Les résultats sont donnés sur une échelle de 0 (très corrompu) à 100 (très propre).

Le recul de l’Algérie marque nettement le contraste avec le discours officiel sur la lutte contre la corruption. «La réalité ne reflète aucun progrès et nous renvoie plutôt l’image d’un désastre», estime l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC).Commentant cette 27e édition de l’IPC, l’AACC constate le statu quo et «un classement toujours aussi désastreux que ceux des 10 dernières années […] ce qui était prévisible et confirme – malheureusement – nos analyses publiées régulièrement pendant toute cette période».

Prévisible ? L’organisation dirigée par Djilali Hadjadj le pense avec regret. «Dis-moi avec qui tu commerces, je te dirais si tu es corrompu ou pas !» Un indice très pertinent, selon l’association, qui indique que l’Algérie commerce très peu avec les pays les moins corrompus du monde, et n’a presque pas de relations économiques avec les 10 pays les mieux classés de l’IPC.

En chiffres, les relations économiques et commerciales de l’Algérie avec les 10 pays en tête de ce classement, donc les «moins corrompus» ne représentent même pas 1% de ses importations ! Edifiant. L’autre constat qui alimente l’incrédulité repose sur le fait que l’Algérie n’a toujours pas ratifié la Convention de 1997 de l’OCDE pénalisant la corruption de fonctionnaires étrangers dans les transactions commerciales internationales.

Corruption, démocratie et droits humains

Dans deux mois, l’Algérie bouclera trois années sans Bouteflika et son système hyper corrompu, dont les principaux instigateurs sont en prison. Les options choisies par le régime aux commandes du pays depuis le 2 avril 2019 sont évaluées à l’aune des instruments et des indices normés comme l’IPC.

Ce dernier propose d’ailleurs pour cette édition 2021 un focus sur le lien entre la corruption, la démocratie et les droits humains et pour la première fois, l’IPC offre un aperçu complet d’une décennie de corruption, révélant quels pays ont progressé, régressé ou stagné au cours des dix dernières années.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les intérêts de quelques puissants continuent de dominer la sphère politique et privée, et les limitations imposées aux libertés civiles et politiques bloquent tout progrès significatif, note le rapport.

«La région peine à obtenir des résultats tangibles contre la corruption – aucun pays n’a enregistré d’amélioration significative de l’IPC au cours de la dernière décennie. Les intérêts privés continuent de prendre le pas sur le bien commun dans un contexte d’inconduite politique systémique, facilitant davantage la corruption et les abus pendant la pandémie de Covid-19», est-il souligné.

La pandémie mondiale de Covid-19 a également été utilisée dans de nombreux pays comme excuse pour restreindre les libertés fondamentales et contourner d’importants freins et contrepoids.

«Dans des contextes autoritaires où le contrôle appartient à quelques-uns, les mouvements sociaux sont le dernier frein restant au pouvoir. C’est le pouvoir collectif détenu par des gens ordinaires de tous horizons qui, en fin de compte, assurera la responsabilité», explique le président-directeur général de Transparency International, Daniel Eriksson.

Volonté politique

Le contexte n’échappe pas aux observateurs, s’agissant de l’Algérie. L’AACC qui note le progrès obtenu par de nombreux pays à travers le monde, notamment en Afrique, «en investissant de manière effective dans la prévention et la lutte contre la corruption, armés d’une réelle volonté politique pour ce faire», regrette la contre-performance algérienne.

Concernant la thématique du lien entre la corruption, la démocratie et les droits humains, l’AACC considère que «dans notre pays la situation est désastreuse, ce qui avait déjà été amplement démontré par le mouvement historique du “hirak libre” en 2019 et 2020, situation qui n’a cessé de se dégrader depuis avec les centaines de détenus d’opinion, les violations ininterrompues des droits de l’homme les plus élémentaires et l’omniprésence à tous les niveaux de toutes formes de corruption».

Pour l’AACC, il n’est pas concevable, s’agissant de la lutte contre la corruption, d’imaginer quelque succès s’il n’y a pas de la part du pouvoir politique une volonté effective, affichée et mise concrètement en chantier.

«Trop souvent, les discours des gouvernants sont très riches en promesses de lutte contre la corruption, mais leur traduction sur le terrain est inexistante ou se résume à un débat de campagne fortement amplifié par les médias gouvernementaux, mais qui restent sans lendemain et qui ne trompent plus l’opinion publique. Cette volonté politique ne se décrète pas.

Elle est la résultante de contre-pouvoirs ancrés dans la société et s’inscrit dans une démarche globale d’ouverture démocratique et de transparence dans la vie publique», est-il souligné dans le commentaire de l’AACC.

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