Rapport onusien sur les violences sexuelles dans les conflits : Des conclusions qui suscitent des interrogations

16/03/2024 mis à jour: 09:13
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Photo : D. R.

Le rapport  de la représentante spéciale du secrétaire général sur la violence sexuelle dans les conflits, Mme Pramila Patten, a suscité un débat assez houleux au sein du Conseil de sécurité, devant lequel il a été présenté.

Certains pays lui ont reproché la «légèreté» de son contenu, d’autres ont appelé à une enquête indépendante, alors que beaucoup se sont interrogés sur l’absence d’une telle mission en territoire occupés pour entendre les nombreuses Palestiniennes victimes de violences sexuelles dans les prisons.

Pour Mme Patten, «il y a des motifs raisonnables de croire que des violences sexuelles liées au conflit, notamment des viols et des viols collectifs, ont été commis dans au moins trois sites: le festival musical Nova et ses environs, la route 232 et le kibboutz Re’im.

Dans la plupart de ces incidents, les victimes ont d’abord été violées puis exécutées», a relevé la représentante spéciale, qui a cependant précisé que son équipe «n’avait pu rencontrer aucune victime, seulement des témoins».

Avec tous les documents mis à sa disposition, soit 5000 photos, 50 heures d’images de l’attaque du 7 octobre,  les contenus des caméras corporelles, téléphones portables individuels, des vidéosurveillances et des caméras de surveillance de la circulation, fournies par le gouvernement israéliens, la responsable onusienne n’a pas pu trouver une seule victime de violence sexuelle, sachant que la constatation de ces actes est soumise à un protocole bien défini et bien connu des médecins légistes.

Sur la situation des Palestiniennes en Cisjordanie, Mme Patten a assuré  «n’avoir reçu aucune information faisant état de viols dans ce territoire».

Ces conclusions ont suscité des réactions aussi pertinentes que virulentes tantôt contre «la légèreté» du contenu du rapport et tantôt contre «l’absence de condamnation».

Ainsi, la France, par la voix de son représentant, s’est déclarée indignée par les actes de violence sexuelles commis lors de l’attaque du 7 octobre et qualifié d’ «inacceptable» que le Conseil de sécurité,  «n’aient pas encore été en mesure de les condamner clairement».

«Fausse équivalence»

L’ambassadeur des Etats-Unis a pour sa part exhorté Israël à poursuivre les auteurs des violences contre les Palestiniens,  en justice tout en demandant aux membres du  Conseil  «d’éviter une fausse équivalence entre ces actions et une prise d’otages par une organisation terroriste étrangère».

L’observateur permanent de la Palestine  a exprimé son étonnement devant la «réactivité sans précédent» qui, selon lui,  «a conduit à convoquer cette séance, demandée par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, alors que depuis des décennies, les rapports et les enquêtes concernant les agressions sexuelles commises contre mon peuple n’ont pas donné lieu à une seule réunion sur le sujet». 

Reprenant la parole, Mme Patten a répliqué : «Rien ne peut justifier les violences délibérées perpétrées le 7 octobre, et rien ne saurait justifier la punition collective infligée aux Ghazaouites.»

Sur ce point, la Russie a reproché a reproché à l’intervenante «des informations partielles qui ne donnent en aucun cas une image globale de ce qui se passe aujourd’hui à Ghaza». Le représentant russe s’est dit étonné que Mme Patten «ne se soit pas rendue dans la bande de Ghaza (…)».

Un appel que l’Algérie a repris, pour rappeler, que  depuis 2001, et en dépit de 1400 plaintes déposées par des Palestiniens au sujet d’actes de torture, seulement trois enquêtes pénales avaient été ouvertes sans qu’aucune n’ait donné lieu à une inculpation.

Mme Patten a précisé que son enquête «visait à établir des faits de violence sexuelle et non à attribuer les responsabilités de ces actes». Se sentant acculée par les interventions, elle n’a pas cessé de répéter que le secrétaire général «n’a pas tenté de réduire au silence son rapport ou d’en supprimer les conclusions». 

Elle a précisé en outre que sa mission «n’avait pas pour vocation de désigner les auteurs des violations.  Cela sera du ressort d’une enquête indépendante et complète sur les droits humains par les organes compétents de l’ONU». 

 

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