Rapport de la Fondation pour l'Égalité et du Cidef sur la place de la femme dans la société : Des acquis à consolider

25/09/2023 mis à jour: 19:30
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Photo : D. R.

Malgré les avancées de ces dernières années en matière de droits, la violence et les inégalités restent des facteurs qui empêchent les femmes d’avoir la place qu’elles méritent au sein de la société.

Publié par la Fondation pour l'Egalité et le Centre d’information et de documentation sur les droits des enfants et des femmes (Cidef), le document «Femmes en chiffres» laisse transparaître cette réalité qui interpelle et démontre que le chemin vers l’égalité en droits est encore long.

Consacré aux données de la dernière enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS 6) menée par le ministère de la Santé (sur un échantillon de 31 325 ménages) de l’étude des opinions et attitudes des Algériens vis-à-vis de la valeur d’égalité entre hommes et femmes et des droits des enfants en 2022 et des bilans de la violence contre les femmes de la Sûreté nationale pour l’année 2022, l’étude fait état de résultats surprenants, incompréhensibles et parfois inquiétants.

L’on apprend que plus de 77,7% des femmes âgées entre 15 et 49 ans sont instruites, c'est-à-dire qu’elles ont fait les cycles primaire, moyen et plus, et 10% seulement ont un niveau préscolaire ou sans instruction. Elles résident dans 36,4% des cas, en milieu rural et dans 63,6 % dans les zones urbaines. Plus de 54,7% d’entre elles sont mariées, 41,9% jamais mariées et 2,4% divorcées. Les veuves représentent 0,9% de la population féminine et sont plus nombreuses que les hommes, les deux ne sont pas instruits et sont légèrement plus nombreux en milieu urbain. Les femmes âgées entre 15 et 49 ans sont, dans 84% des cas, alphabétisées.

La tranche d’âge la plus instruite est celle des 15-17 ans, avec 95,9% suivie des 15-19 ans, avec 95,4% et des 15-24 ans avec 94,1%. Les femmes ayant atteint l’université représentent un taux de 77,2% de la catégorie des alphabétisées. En milieu urbain, elles représentent une moyenne de 84,9% et en milieu rural, 63,7%. En matière de travail, elles sont, dans 93,9% des cas, occupées et 74,5% des cas inoccupées.

La tranche des 19-49 ans, qui a un niveau d’instruction, a plus d’opportunités de travail, en milieu urbain qu’en milieu rural. En matière d’accès à la santé, 98,9% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont été diagnostiquées contre 98,8% des hommes. Celles qui ont été traitées représentent une moyenne de 94%, contre 93% pour les hommes. En matière d’activités sportives, l’étude montre que seulement 10,6% des femmes âgées entre 15 et 49 ans font du sport, (dans 12,2% des cas en milieu urbain et dans 7,7% des cas en milieu rural). Celles qui ne le font pas représentent 89,2% des femmes (87,8% en milieu urbain et 92,3% en milieu rural). La catégorie qui pratique le sport compte les célibataires (89,4%) et les femmes instruites (87,8%).

89,2% des femmes ne font pas de sport

La non-pratique des activités sportives est justifiée, dans 44,4% des cas, par l’indisponibilité du temps, dans 34,9% des cas, par le peu ou l’inexistence de moyens et par 20,1% des cas par le fait que les concernées n’aiment pas le sport. L’étude relève, par ailleurs, qu’à partir de 50 ans, le célibat touche plus les hommes (60,9% dont 62,7% en ville et 57,9% en campagne) que les femmes (43,6% dont 45,3% en ville et 40,7% en campagne).

Elles ont un niveau d’instruction supérieur dans 63,2% des cas contre 71,3% pour les hommes. Les sans-instruction représentent 24,3% des cas contre 37,8% pour les hommes. L’âge du mariage pour les femmes est, selon l’étude, 27,1 ans et pour les hommes, 33,9 ans. Ni le niveau d’instruction et ni le fait qu’on réside en ville ou en campagne n’affectent cette moyenne. Elle reste presque la même pour les deux sexes.

L’enquête fait état de 20,3% des mariages des femmes âgées entre 15 et 49 ans, qui sont consanguins et qui, dans 54,3% des cas, sont une source de problèmes familiaux. Le taux le plus élevé, 25,2% des cas, concerne la tranche des 15-19 ans, des adolescentes, privées «de toute chance d’apprentissage et d’épanouissement cumulent toutes les vulnérabilités». La catégorie des femmes (de la tranche 15-49 ans), n’ayant pas de niveau scolaire ou seulement du préscolaire, représente 33,6% des cas de ces mariages, alors que la catégorie des femmes en mariage polygame reste marginale avec un taux de 3,2% (3% dans les villes et 3,3% en campagne).

Le taux baisse en fonction de l’âge et reste élevé dans celle des 45-49 ans avec 6,2% et celle  des 15-19 ans, avec 1,7%. Les femmes sans aucune instruction restent les plus sujettes au mariage en polygamie, avec un taux de, 7,7%. Le mariage des filles âgées entre 15 et 19 ans est peu registré à l’état civil. Il représente le taux le plus élevé des mariages par jugement et reste le plus concerné par les mariages polygames, précoces et consanguins. Ils exposent les adolescentes à une grande précarité.

Par ailleurs, les Algériens restent encore très méfiants quant à l’accès des femmes à la politique. Ils votent pour elles en tant que maires, mais pas en tant que candidates à l'élection présidentielle. Les adolescentes font, cependant, exception, 55,7% des cas, prêtes à élire une femme présidente, contre 36,7% pour les adolescents, 49,6% pour les femmes et 29,6% pour les hommes. En tant qu’électeurs, les femmes sont prêtes à voter pour une présidente d’APC, dans 70,5% des cas, les hommes dans 44,6% des cas, les adolescents dans 63,1% des cas et les adolescentes dans 79,4% des cas.

Ces avis ne changent pas tellement en ce qui concerne la candidature des femmes à la députation. Les raisons avancées par les hommes et les femmes diffèrent. Ainsi, 23% des femmes et 16% des hommes disent : «Ce n’est pas permis par la religion», 13% des femmes et 16% d’hommes affirment que «cela ne se fait pas», 9% de femmes et autant d’hommes déclarent : «Elle délaissera son foyer», enfin 9% des femmes et 25% des hommes précisent : «Elle ne pourra diriger en étant juste».

Abordant la question de la violence à l’égard des femmes, l’étude cite le bilan de la police pour l’année 2022 qui affirme que les violences physiques exercées sur les femmes occupent la première position avec 3541 victimes sur un total de 6134 femmes violentées. Elles sont suivies pour mauvais traitements avec 2370 victimes, harcèlement sur la voie publique, avec 64 victimes, violences sexuelles avec 512 cas, de 31 cas d’homicides et 31 enlèvements.

Dans 43,48%, les auteurs sont étrangers à la victime et dans 28,5% des cas, il s’agit de l’époux. Les membres de la famille représentent 11,12% des agresseurs. Les femmes entre 19 et 35 ans représentent 62,09% des cas qui se sont présentées aux services de police pour se plaindre des violences. Celles-ci s’exercent dans 48,73% des cas au sein du domicile familial. Ce sont là quelques chiffres qui lèvent le voile sur la place de la femme au sein de la société qui, malgré la lutte de la société civile et les avancées en matière de droit, recule notamment en matière de lutte contre les violences interfamiliales et la prise en charge des victimes mais aussi d’accès à l’espace politique, aux postes de responsabilité, aux hautes fonctions de l’Etat etc., en bref rendre la femme plus visible dans l’espace public.

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