Ramdane Abdennebi au café littéraire de l’association Tanekra des Auacifs : «La littérature amazighe se porte bien et suit sa progression dans la sérénité»

08/03/2025 mis à jour: 13:13
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Abdennebi au milieu - Photo : D. R.

L’auteur Ramdane Abdennebi, qui cumule pas moins de six œuvres dont une majorité de nouvelles et qui a coordonné cinq autres pour leur quasi-majorité  des ouvrages collectifs, soutient que la «littérature amazighe se porte bien et elle suit sûrement sa progression dans la sérénité».

Invité, samedi dernier, de l’association culturelle Tanekra d’Agouni Fourrou, dans la région des Ouacifs, au titre du dixième acte de son atelier Si Amer Boulifa de littérature amazighe, l’auteur Ramdane Abdennebi a animé, dernièrement une conférence.

Devant un assez large auditoire, le conférencier est revenu assez longuement sur son parcours d’écrivain qu’il avait entamé, alors qu’il était sous les drapeaux, entre 1986 et 1988, quand il avait composé ses tout premiers poèmes avant de rédiger, quelques années plus tard, une pièce théâtrale au profit de l’association culturelle de son village Tiguemmounine, situé en pleine montagne, au bout de la crête des Ouacifs.

Une œuvre qui ne sera, cependant, jamais jouée. A la faveur de l’ouverture médiatique et de la floraison de journaux dont ceux en tamazight, l’auteur se distinguera par des contributions dans diverses publications, dont notamment celles du Haut-Commissariat à l’amazighité dont il a été fonctionnaire 14 ans durant. Des articles qu’il compilera dans son tout premier ouvrage intitulé Anagi en 2008.

L’année d’après, il publiera  Tamussni macci d awal, une pièce théâtrale avant de franchir, une année plus tard, un nouveau cap, en éditant son tout premier recueil de nouvelles aux éditions Tira, à Béjaïa. Un créneau qu’il explorera de nouveau en publiant en 2013 un autre recueil de nouvelles intitulé Aqcic akked yighid. Quatre ans plus tard, l’auteur publiera une étude du roman Tawaghit n tayri du défunt écrivain Abdellah Hamane.

En 2021, il éditera un recueil qu’il a publié dans les deux publications du HCA ; Timmuzgha et Tamazight Tura avant de renouer de nouveau et tout prochainement d’avec les nouvelles dont il publiera un recueil intitulé Tawliwin n tfekka composé de six nouvelles. Et l’avènement de la période de la Covid-19 a constitué un «tournant» dans le parcours de Ramdane Abdennebi qui parle d’une «nouvelle époque» dans son itinéraire.

En effet, il explorera un nouveau genre littéraire qu’il affectionnera. En étroite collaboration avec des amis, l’auteur mettra à profit le cloisonnement chez soi pour réaliser des ouvrages collectifs qu’il coordonnera de chez lui. De cette collaboration à distance, naîtront pas moins de cinq ouvrages : Tifsuyin-Nnegh deg yidlisen-Nnegh, (avril 2021). Waqila d tidet, ighab gar-anegh ay arrac-nnegh, (mai 2021). Tadukkli a Kenza a yelli gher sdat ara tili, (juin 2021) et Yennayer, izamulen d wazalen (janvier 2021) et, enfin, Samir Arkam at Umalek, Ameddakkel-iw deg wul-iw (août 2021).

Expliquant cet intérêt pour les ouvrages collectifs, l’invité du café littéraire de Tanekra affirme que dans un ouvrage de ce genre, «plusieurs auteurs donnent des avis et livrent des réflexions sur un thème proposé par le coordinateur de l’ouvrage».

Et d’énumérer entre autres des «vertus» de ces outrages qui, selon lui, sont constitués de «textes courts et précis, par rapport à ceux des romans et des nouvelles, et qui sont donc partagés et donnent vie aux idées des auteurs et suscitent un intérêt susceptible de créer un débat». Interrogé, par ailleurs, sur la possibilité de le voir explorer le genre  romanesque, l’auteur dit se consacrer d’abord à la «finalisation» de son troisième recueil de nouvelles attendu pour «bientôt».

Des petits soucis de distribution

De ces six nouvelles, «deux présentent par leurs thèmes, un intérêt pour moi», dit-il. D’où le projet de les «développer l’un deux en roman». «Je peux dire que ces nouvelles représentent un résumé de l’histoire appelée à être développée avec tous les impératifs que nécessitent l’écriture d’un roman», affirme-t-il, estimant que «l’envie y est, la volonté y est, la passion aussi, reste à peaufiner l’histoire». Pour Abdennebi, un romancier se doit de montrer la voie aux gens et ne doit, en aucune manière, demeurer neutre, incolore et indolore».

A la question qui revient tel un leitmotiv lors de cet atelier dédié exclusivement à la littérature amazighe et liée à son regard sur la littérature amazighe, le conférencier estime que celle-ci «se porte bien et suit sûrement sa progression dans la sérénité».

Et de se vouloir plus explicite en ajoutant qu’il y a «une production dans tous les genres littéraires et des éditeurs et imprimeurs pour mettre sur papier les idées des écrivains sous forme de roman, nouvelle, poésie, théâtre… que les lecteurs trouvent dans des librairies qui consacrent des rayons entiers aux ouvrages en tamazight.

Le circuit du livre amazigh fonctionne bien dans l’ensemble avec, cependant, des petits soucis de distribution (?!)» Pour lui, «nombre de ces écrivains ont suivi un cursus littéraire en tamazight du lycée à l’université, ils ont cumulé un savoir qu’ils mettent en œuvre dans leurs ouvrages. Ils écument les rencontres littéraires (Tanekra), les festivals (Adrar n Fad) et les salons du livre (SNALAO) pour présenter leurs productions littéraires en tamazight».

Pas que cela, puisque Abdennebi relève que la littérature amazighe est présente dans les concours littéraires et les différents prix nationaux comme le Prix Assia Djebar pour le roman ou le Prix Mohamed Dib. Aussi, deux prix sont consacrés exclusivement à la littérature amazighe ; soit le «Prix du président de la République pour la culture et la littérature amazighes» ainsi que le nouveau-né de Berbère Télévision «Prix BRTV pour le roman qui compte d’éminents universitaires au sein de son jury. C’est prometteur !», clôt-il cette rencontre.

Il faut relever que l’auteur, qui s’est vu remettre un diplôme de remerciements et a signé sur le livre d’or de Tanekra, a tenu à faire don d’une dizaine de ses œuvres à l’association organisatrice de ce rendez-vous, qui est en cours de constitution d’une bibliothèque, dont le principal rayon est dédié à tout ce qui est édité autour de la langue amazighe.    

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