Rafah, le dernier acte génocidaire

14/02/2024 mis à jour: 04:37
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Le scénario du pire est mis en œuvre à Rafah, à l’extrême sud de Ghaza, localité frontalière avec l’Egypte, dernier refuge pour les Ghazaouis après leur fuite du Nord et du Centre. Les attaques génocidaires israéliennes, ces deux derniers jours, ont déjà provoqué la mort de près d’une centaine de Ghazaouis avec comme résultat la libération de seulement deux otages. Trois autres sont morts et cinq gravement blessés. 

On imagine que pour libérer les 125 otages restant aux mains du Hamas, les Israéliens devront tuer près de 7000 autres Palestiniens, comme d’habitude des femmes et des enfants pris au piège à Rafah, localité qui abrite un million et demi de personnes. Elles ont fui le nord et le centre de Ghaza, laissant derrière elles 30 000 morts, 60 000 blessés et une épouvantable crise humanitaire. 

Horrifiée, la communauté internationale a exigé de Netanyahu qu’il renonce à l’invasion de Rafah et qu’il donne une chance aux négociations sur les otages, reprises actuellement au Caire. 

Y compris ses plus fidèles soutiens occidentaux, tels les Etats-Unis et de nombreux Etats de l’Union européenne, avec une différence de taille : ils ne sont pas animés par de la compassion pour les Palestiniens, mais bel et bien par de vrais calculs : ils craignent de devenir des complices du génocide en cours, ce qui les rendraient éligibles à des procédures judiciaires au sein des cours internationales, même symboliquement, et à des condamnations sans appel de l’Assemblée générale des Nations unies, majoritairement hostile à la politique israélienne à Ghaza. 

Le récent verdict de la CIJ de La Haye a été un mauvais signal pour eux et pour d’autres Etats complices, le tout dernier, l’Argentine, dirigée tout récemment par un fasciste. Le plus pathétique reste le président Biden qui, après avoir défendu bec et ongles l’invasion de l’armée israélienne, a fait un peu marche arrière, craignant que le carnage programmé de Rafah ne vienne perturber la campagne électorale qu'il mène en perspective de la présidentielle de décembre 2024. 
 

Mais Netanyahu ne l’écoute plus, tablant davantage sur les lobbys sionistes aux Etats-Unis et sur la classe politique profonde, notamment celle représentée au Congrès. Elle vient de lui débloquer 17 milliards de dollars d’aide, s’ajoutant au pont aérien de matériels militaires. Biden et Bliken, son ministre des Affaires étrangères, n’osent pas franchir le pas essentiel qui est de ne plus recourir au veto aux Nations unies. Leur sympathie pour Israël est viscérale en dépit du fait qu'ils se réclament du camp démocrate. 

Les grands pays européens eux se contentent de dérisoires «inquiétudes» sur le sort des Ghazaouis à Rafah, n’osant aucune condamnation directe et franche des dirigeants israéliens, se crispant sur l’opération du 7 octobre opérée par le Hamas. Ils n’ont même pas  demandé un «cessez-le-feu», se contentant d’appels à des trêves. 
 

La France et l’Allemagne sont les champions de la fausseté et de la duplicité, certes par intérêts géostratégiques et économiques, mais davantage sous les effets de leur histoire «culpabilisante» sur la question juive. 
Chef de file de la droite suprémaciste israélienne, Netanyahu est déterminé à défier le monde entier pour assouvir son projet, y compris à sa frontière sud. Il prend et assume le risque de remettre en cause son traité de paix avec l’Egypte en cas de violation de la frontière de Rafah, entraînant un flot de réfugiés vers la péninsule du Sinaï. L’exode des Ghazaouis vers Egypte est un des objectifs que se fixe la droite israélienne, l’autre but étant la colonisation totale de la Cisjordanie. 

Dans cette région, les colons, appuyés par les soldats israéliens, un demi-million, font la chasse aux Palestiniens pour leur soustraire leurs terres. 

Des centaines de ces derniers ont été massacrés depuis le 7 octobre. Une éventuelle rupture du traité israélo-égyptien est une option plausible, mais Israël n’en tient pas compte, persuadé qu'il mène une lutte pour sa survie, niant totalement sa nature coloniale et expansionniste. 

Tel-Aviv pourrait même se passer d’un soutien inconditionnel de l’Occident s’il juge qu'il serait susceptible de contrecarrer le rêve messianique du Grand Israël. C’est le délire israélien du XXIe siècle, à l’image du rêve insensé du nazisme du siècle dernier. 

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