Le ministre de l’Industrie a fait état, la semaine dernière, de sa volonté de relancer une partie des dizaines d’entreprises publiques qui sont à l’arrêt et des entités privées – dont les avoirs ont été confisqués dans le cadre des affaires de corruption – qui sont passées dans le giron de l’état sur une décision de justice. Le département de l’Industrie s’est en effet employé depuis quelques mois à échafauder une stratégie de relance du secteur.
Une conférence nationale sur le secteur public économique a d’ailleurs été organisée à Alger à la fin de l’année dernière pour dégager des solutions à un secteur poussif, en mal de performances et qui coûte trop cher au Trésor public.
Ce secteur, a affirmé alors le responsable des capitaux marchands de l’Etat au sein de ce département ministériel, a englouti des sommes ahurissantes de l’argent public qui ont atteint les 1400 milliards de dinars entre 2009 et 2012, dont 800 milliards pour l’assainissement du secteur public industriel.
C’est dire l’urgence d’une réforme sur laquelle tout le monde a semblé tomber d’accord durant ces assises. La question aujourd’hui est donc de savoir si les conclusions ont été entérinées et la stratégie enfin trouvée pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le secteur public économique ?
Quid de son évaluation et du plan de modernisation qui devait en résulter après moult concertations ? De la gouvernance des entreprises publiques économiques ? Du rôle de l’Etat propriétaire ? Il s’agit ainsi d’autant de questions qui sont restées en suspens et dont dépend surtout, concèdent les experts dans le domaine, la relance économique escomptée.
D’autant plus que les moyens de l’État se sont beaucoup amoindris ces dernières années. Le secteur public industriel compte quelque dix grands groupes industriels auxquels s’ajoutent les groupes des autres secteurs, comme le tourisme, l’agriculture, les travaux publics et le transport. Il totaliserait quelque 187 entreprises, soit 280 unités, employant un effectif de 12 000 travailleurs.
Les Sociétés de gestion des participations (SGP), ces holdings autour desquels s’articule la configuration dudit secteur, seront-elles maintenues telles quelles alors que nombreux sont ceux qui plaident pour la mise en place d’une nouvelle organisation pour une meilleure gouvernance ?
Il est vrai, en revanche, qu’il s’agit d’un vaste chantier qui requiert tous les soins et dont le côté social n’est surtout pas à sous-estimer. Le syndicat ou les syndicats des travailleurs seront-ils à ce titre associés à l’examen de ce dossier très sensible ? Force est d’admettre que pour l’instant, aucun officiel n’en a soufflé mot.
L’on s’est contenté d’annoncer, il y a quelques mois, que l’accès au financement des EPE sera soumis à d’autres critères. Autrement dit, le gouvernement sera plus regardant sur l’utilisation des crédits accordés. En attendant, peut-être, le nouveau train des privatisations.