Quid de la réforme du bac ?

18/07/2023 mis à jour: 02:16
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Photo : D. R.

Après plusieurs discussions autour d’une réforme du baccalauréat, examen le plus important de tout le cursus scolaire, le projet a été mis en sourdine. La mise en place d’un passeport qualifiant pour l’enseignement supérieur devra attendre le feu vert des autorités politiques ainsi que d’une hypothétique désidéologisation des débats autour de l’école algérienne.

Le baccalauréat est un examen atypique méconnu des pays anglo-saxons, conçu comme unique moyen d’accès à l’université consacrant ainsi l’élitisme scolaire dans toute sa splendeur.  Il s’agit d’une création de la France napoléonienne datant de plus de deux siècles. 

Il a été réformé récemment en France (et les débats sur d’autres modifications sont en cours) mais il est resté -à quelques nuances près - quasi-identique sous nos cieux.

Mieux encore, l’organisation de cet examen s’est durcie au fil des années. Le coût est exorbitant, sans oublier le coût économique lié aux coupures d’internet  censées permettre d’éviter la triche.

A l’heure où la justice s’est mêlée de l’affaire, avec l’introduction dans le code pénal amendé en 2020 d’un article stipulant l’emprisonnement et l’amende à l’encontre des tricheurs, l’examen devenait  une affaire d’Etat.

Il est à noter que le ministère de la Justice actionne chaque année des cellules de veille contre la fraude à travers le territoire national. Le département d’Abdelhalim Belabed considère que cela permet de  mettre un terme à tous les comportements préjudiciables à la crédibilité du baccalauréat, avec la mise en place d’un système très sécurisé.

Pour sûr, cela constitue un examen des plus stressants, où les plus émotifs se voient perdre leurs moyens, y compris pour les plus studieux.

Il est pourtant des pédagogues – dont l’auteur Ahmed Tessa - qui considèrent que, tel qu’il se présente aujourd’hui, cet examen n’est en rien basé sur la réflexion et le développement des capacités intellectuelles de l’élève. 

Il s’agirait ainsi d’une fausse méthode, qui n’incite pas au développement de l’esprit critique à la stimulation de la créativité. Cela fait des années que les appels à réformer le baccalauréat se font persistants.

Le projet de l’ancienne ministre de l’Education nationale, Nouria Benghabrit, qu’elle avait conçu en concertation avec les acteurs du secteur et les syndicats de l’éducation a visiblement été mis aux oubliettes. 

Celui-ci prévoyait notamment  l’introduction de l’évaluation continue, c’est-à-dire la prise en compte des résultats obtenus par l’élève pendant le cursus secondaire ainsi qu’une réduction du nombre de jours des épreuves.

Les rédacteurs du projet estimaient, en effet, la durée du baccalauréat «trop longue, très coûteuse et trop stressante». 

Il était prévu également un allègement à plusieurs niveaux, avec un début des examens prévu à 9 heures du matin au lieu de 8 heures et moins d’exercices qu’avant afin de ne pas surcharger les candidats et surtout leur permettre de mieux se concentrer.

Mais la question ayant suscité des débats concerne les matières qu’il faut considérer comme secondaires. L’idée est de centrer la compétence du candidat sur sa spécialité et son orientation à l’université.

La question est néanmoins sensible. Une suppression des sciences islamiques soulèverait l’ire des islamistes, une suppression de l’Histoire-géographie mécontenterait  les nationalistes et une suppression de la langue française exaspérerait les francophones…

Bien qu’un consensus ait été trouvé, le projet de réforme est resté dans le tiroir de l’ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal et il n’en a plus été question après le Hirak.  

Plus que jamais, il est essentiel aujourd’hui de redonner au baccalauréat algérien ses lettres de noblesse. Cela passe indubitablement par une approche pragmatique  qui se départirait de toute idéologie et de calcul politicien. 

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