Les résultats préliminaires ou provisoires de l’élection présidentielle communiqués, hier, par le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), douchent froidement les attentes des deux adversaires du candidat Abdelmadjid Tebboune.
Le Président sortant est réélu pour un deuxième mandat avec le taux écrasant de 94,65% des suffrages exprimés, soit 5.329.253 voix, alors que, aussi bien Abdelaali Hassani Cherif, candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP), que celui du Front des forces socialistes (FFS), Youcef Aouchiche, se sont contentés chacun des voix favorables de moins de 200 000 électeurs.
Le premier se contente d’un total de 178 797 voix exprimées, soit un taux de 3,17%, tandis que le second réalise la maigre moisson de 122 146 voix, représentant 2,16% du total des suffrages exprimés. Très peu pour des concurrents à une élection de l’envergure démographique de la présidentielle.
Ces résultats, qui restent, certes, à consolider, vont sans doute faire l’objet d’une évaluation au sein des appareils politiques respectifs, et l’opération risque d’aggraver des dissensions tues jusqu’ici au nom de la discipline partisane dans le contexte électoral.
Au vu de la campagne réalisée par les deux candidats, il est évident que les attentes et les espoirs de scores plus épais ont augmenté au fil des meetings. Abdelmadjid Tebboune, se présentant en candidat indépendant, partait certes en favori, mais ses adversaires escomptaient sans doute des scores particuliers et une influence positive sur le taux général de participation à même de les repositionner sur la scène politique nationale avec de nouveaux atouts, notamment en perspective d’échéances à venir.
Il reste néanmoins que les bilans de la compétition sont une affaire partisane en l’occurrence et il appartient sans doute aux états-majors des deux partis de tirer des conclusions en fonction des objectifs arrêtés. Le FFS a, en effet, placé sa participation dans l’objectif de présenter une autre «vision» de l’Algérie, comme le résume son slogan de campagne.
Se sachant historiquement associé à un fief régional en particulier, son encadrement, qui s’est renouvelé et a rajeuni sans cesse ces dernières années, au fil des révisions organiques, mais aussi de crises aiguës, a défendu l’idée que la classe politique devait s’impliquer dans la compétition électorale pour contribuer au renforcement du front interne face à l’accumulation des menaces extérieures.
Un peu dans la lignée et la philosophie de son leader historique, Hocine Ait Ahmed. C’est un argument qui pèsera sans doute dans le bilan que présenteront Aouchiche et son staff aux militants. Le MSP n’échappe pas non plus à la crise qui touche l’ensemble des formations politiques, et il est certain que les petits scores réalisés vont générer des débats potentiellement agités au sein de l’appareil traversé également par de courants pas toujours conciliables.