Le 10 mai 1973, deux groupes de militants nationalistes, des Sahraouis étudiant à Rabat et d’autres réfugiés en Mauritanie, fusionnent pour fonder le Front Polisario. Le 20 mai, ce dernier déclenche la lutte armée contre l’Espagne pour l’indépendance du Sahara occidental, avec la prise du poste d’El Khanga.
Le peuple sahraoui a commémoré hier le 49e anniversaire de la création du Front populaire pour la libération de la Saguía Al Hamra et du Río de Oro (Polisario), représentant légitime du peuple dans sa lutte pour la libération.
Dans une déclaration rendue publique à cette occasion, citée par l’APS, le secrétariat général du Front Polisario a exprimé «sa fierté quant aux acquis obtenus par le peuple sahraoui dans divers domaines», appelant l’ensemble des Sahraouis à «unir leurs rangs pour faire face aux défis». Pour le Front Polisario, «la période allant de 1973 à 1991 fut une période de grands acquis. C’est une période que l’on peut qualifier d’âge d’or de la révolution sahraouie, et cela s’est traduit par les nombreux succès : les épopées de l’Armée populaire de libération sahraouie, l’établissement des institutions du mouvement et de l’Etat, les politiques d’alphabétisation, d’éducation et de santé pour tous».
De même que «la diplomatie sahraouie a connu son apogée», avec notamment la reconnaissance internationale de la République sahraouie par plus de 80 Etats, et le fait que le Sahara occidental soit membre fondateur de l’Union africaine.
Les faits ayant marqué la période s’étalant de 1991 à 2020 sont le cessez-le-feu entre le Front Polisario et les autorités marocaines et l’arrivée de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso). Cependant, tous les efforts déployés par l’Organisation des Nations unies (ONU) «se sont heurtés à l’intransigeance de l’occupation marocaine».
Ainsi, l’ONU est «incapable de jouer son rôle dans la région en raison du manque de volonté politique de la part de la partie marocaine». Le 13 novembre 2020, le Maroc a violé le cessez-le-feu en ouvrant le feu sur des civils dans la région d’Al Gurguerat, ce qui a contraint le Front Polisario à annoncer la reprise de la lutte armée. «L’annonce, le 13 novembre 2020, de la reprise de la lutte armée a placé l’occupation marocaine et les Nations unies devant la réalité d’un peuple qui n’acceptait pas d’être privé de son droit à la liberté et à l’indépendance», a indiqué le Front Polisario dans sa déclaration.
Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est inscrit en 1963 sur la liste des territoires non autonomes établie par la IVe Commission générale des Nations unies. En 1965, la résolution 2072 de l’Assemblée générale des Nations unies le place sur la liste des régions à décoloniser et fait référence à la résolution 1514 sur le droit à l’autodétermination des peuples colonisés.
Le 10 mai 1973, deux groupes de militants nationalistes, des Sahraouis étudiant à Rabat et des Sahraouis réfugiés en Mauritanie, fusionnent pour fonder le Front Polisario. Le 20 mai, ce dernier déclenche la lutte armée contre l’Espagne pour l’indépendance du Sahara occidental, avec la prise du poste d’El Khanga. Les 23-24 juillet, est organisée la conférence des chefs d’Etat mauritanien, marocain et algérien à Agadir pour réaffirmer «leur attachement au principe d’autodétermination».
En décembre, la résolution 3162 de l’Assemblée générale des Nations unies réaffirme son attachement au principe d’autodétermination et demande à la puissance coloniale, l’Espagne, de prendre les mesures nécessaires pour l’organisation d’un référendum. Le 20 août 1974, le gouvernement espagnol annonce son intention d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara, prévu pour le premier semestre 1975. Le roi du Maroc Hassan II s’oppose à ce que l’indépendance en soit une des options.
La dure conquête de la liberté
Le 1er octobre, est tenu un débat général à l’ONU sur la question du Sahara. La Mauritanie s’associe à la proposition marocaine de recours devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye. En octobre 1975, celle-ci rend son arrêt consultatif qui réaffirme le droit des Sahraouis à l’autodétermination.
Mais en novembre de la même année, Hassan II a appelé à une «marche verte» pour marquer l’appartenance de ce territoire au Maroc. Cette marche a mobilisé 350 000 Marocains, qui ont traversé la frontière du Sahara occidental. Le 14 du même mois, l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie signent à Madrid un accord tripartite sur l’avenir du Sahara occidental. Cet accord prévoit le retrait de l’Espagne le 28 février 1976.
Le mois suivant, l’Assemblée générale de l’ONU adopte la résolution 3162, réaffirmant son attachement au principe d’autodétermination. Aussi elle demande à l’Espagne de prendre les mesures nécessaires pour l’organisation d’un référendum. La même année, le Front Polisario proclame la République sahraouie. Le 8 juin, il mène une attaque sur la capitale mauritanienne Nouakchott.
En août 1979, le Front Polisario et la Mauritanie signent un accord de paix : Nouakchott renonce au sud du Sahara, mais Rabat annexe la totalité du Sahara occidental. Le 11 novembre, la Commission de décolonisation de l’Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution «demandant instamment au Maroc de s’engager lui aussi dans une dynamique de paix et de mettre fin à l’occupation au Sahara occidental». Résolution entérinée le 21 novembre par l’Assemblée générale de l’ONU.
En novembre 1980, l’Assemblée générale de l’ONU adopte une résolution réclamant la fin de l’occupation marocaine et l’ouverture de négociations entre le Maroc et le Front Polisario. En 1982 la République sahraouie est admise à l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qui deviendra l’Union africaine (UA) en 2002. D’où le retrait en 1984 de Rabat de cette organisation. En août 1988, le Maroc et le Front Polisario acceptent un plan de l’ONU prévoyant un cessez-le-feu et un référendum d’autodétermination.
En avril 1991, l’ONU crée une Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). Le 6 septembre de la même année, elle décrète l’instauration d’un cessez-le-feu entre les deux belligérants. En mars 1997, l’ex-secrétaire d’Etat américain, James Baker, est désigné envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental.
En 2003, il propose un plan qui prévoit un régime d’autonomie pour une durée de 5 ans, suivi d’un référendum comportant l’option de l’indépendance. Accepté par le Front Polisario, il est rejeté par Rabat. D’où la démission de Baker en 2004. En mars 2012, lors des discussions aux Etats-Unis, Rabat a plaidé pour une large autonomie du territoire sous souveraineté marocaine, alors que le Front Polisario tient au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Dans son rapport annuel rendu public en avril de la même année, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a observé que le Maroc «entrave le travail de la Minurso jusqu’à entamer sa crédibilité». Un mois après, Rabat retire un temps sa confiance à Christopher Ross, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, l’accusant de «partialité». Ross finit par démissionner en mars 2017. Son successeur, l’ancien président allemand, Horst Köhler, a réussi à relancer des pourparlers au point mort depuis 2012, en convoquant les parties concernées à deux tables rondes à Genève, en décembre 2018 puis en mars 2019. Néanmoins, il a démissionné en mai 2019 «pour raisons de santé».
En décembre 2020, l’ancien président américain Donald Trump a décidé de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en contrepartie de la normalisation des relations entre le royaume et Israël.
Aujourd’hui, on s’interroge sur le fait que ces mêmes puissances qui soutiennent l’Ukraine face à l’offensive russe, adoptent une attitude complaisante vis-à-vis du Maroc qui en violation du droit international continue à opprimer un peuple qui réclame son droit à l’autodétermination.