Les syndicats autonomes continuent de dénoncer le «passage en force de l’Exécutif» qui, selon eux, a imposé sa propre révision des lois sur l’exercice syndical et le droit de grève, sans un réel débat.
Le premier texte a été adopté par les deux Chambres du Parlement et le deuxième a été voté, hier, par les députés à l’Assemblée populaire nationale (APN) en attendant son examen par le Sénat. Ces textes, selon les responsables des syndicats autonomes, consacrent un "recul "sur les acquis du monde du travail arrachés grâce aux sacrifices des Algériens lors des événements d’Octobre 1988.
Ayant déjà alerté les parlementaires et interpellé le chef de l’Etat sur les dangers de ces deux textes, les syndicats contestataires réitèrent à nouveau leur rejet de ces projets qui constituent, selon eux, une tache noire dans la «Nouvelle Algérie». Ils ne comptent pas se taire.
Collectivement, les organisations syndicales, regroupées au sein de la Confédération des syndicats algériens (CSA), ont programmé plusieurs actions de protestation. Une première a été organisée, lundi, en présence d’une trentaine de syndicats de l’éducation. Il s’agit d’une journée de contestation organisée à la vielle du vote sur le projet de loi sur le droit de grève et la prévention contre les conflits de travail. Une rencontre a été organisée à cet effet au siège de l’Unpef, à Alger.
Hier encore, ce sont les membres de la direction de l’Unpef qui ont organisé un sit-in devant leur siège pour dire non à ce texte. «Nous voulons dire non à ces deux projets qui ramènent l’Algérie à la période d’avant-1990. Le droit de grève consacré par la Constitution est complètement remis en cause dans le cadre de ce projet de loi et de manière sournoise.
Quand on balise trop le droit à la grève, on le vide carrément de son sens. C’est une manière d’interdire indirectement la grève», affirme Sadek Dziri, secrétaire général de l’Unpef. Selon lui, la loi sur l’exercice syndical, en fixant le seuil de la représentativité à 25% de l’ensemble des travailleurs d’un secteur donné, remet aussi en cause l’existence des syndicats.
Réunis samedi et dimanche derniers, le premier conseil national du Cnapeste, après son dernier congrès, réitère, à son tour, dans un communiqué rendu public, «son rejet de la politique visant la liberté de l’exercice du travail syndical, la liberté d’organisation, la protection du représentant syndical et du droit de grève». Cette organisation «condamne le fait accompli de l’exécutif qui a fait adopter ces deux textes liberticides».
Le Cnapeste, lit-on dans le même document, dénonce aussi «les manœuvres du ministère de l’Education qui traite en catimini les grands dossiers, dont le projet de statut particulier des travailleurs du secteur».