L’annonce par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de la révision de la loi sur les partis politiques a suscité la réaction de la classe politique. Nombreuses sont les formations politiques qui pensent que cette révision tombe à point pour corriger certaines lacunes contenues dans cette loi, dont la dernière révision remonte à 2011.
Certains d’entre eux ont refusé d’avancer leur avis, préférant attendre pour juger sur pièces. Le Front de libération nationale (FLN) approuve la décision du chef de l’Etat, mais préfère attendre de voir le contenu du projet pour émettre son avis. «Après son examen et son approbation par le Conseil des ministres, le projet sera sans aucun doute soumis à débat et à ce moment le parti donnera son avis», explique un cadre du FLN.
Le Parti des travailleurs (PT), dirigé par Louisa Hanoune, estime tout à fait normal qu’il y ait des normes pour la constitution de partis politiques. Il cite la question de la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale et la démocratie, mais pour le PT le multipartisme doit «être quelque chose d’inaliénable». Ramdane Taazibt, cadre du parti, rappelle que la Constitution fait référence au système déclaratif qui est «le plus démocratique».
«Donc du point de vue de la démocratie, aucune ingérence ou immixtion dans les affaires internes des partis ne doit être tolérée. C’est aux membres des partis et à eux seuls que revient le choix d’organiser leurs affaires…», note Taazibt. Pour ce dernier, les partis et les syndicats sont des «facteurs d’ordre et de résistance contre toutes les tentatives d’ingérence ou de dislocation des pays.
La Libye a été une proie facile à l’intervention militaire étrangère, car elle n’a ni partis ni syndicats. Ces derniers sont des digues de défense de la souveraineté nationale». Ces aspects, selon le PT, doivent être pris en considération dans la nouvelle loi. Et de conclure que «le renforcement du front intérieur sous-entend le respect du multipartisme et la démocratie pour permettre le débat libre et la mobilisation populaire nationale contre tout péril éventuel intérieur ou extérieur».
«Toilettage»
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), par la voix de son leader Atmane Mazouz estime que la défense des valeurs de Novembre et de la Soummam appelle l’instauration d’un Etat de droit et de liberté, tel que proclamé par les textes fondateurs de la Révolution algérienne inspirés des mouvements libérateurs et des luttes démocratiques des Etats modernes.
Pour M. Mazouz, «au RCD dont la matrice fondatrice et fondements reposent sur les exigences démocratiques et les libertés, rien ne pourra entraver la marche du peuple algérien pour sa libération (…)». Le Dr Naamane du Mouvement pour la société pour la paix (MSP) énumère les multiples problèmes auxquels sont confrontés les responsables de partis ou les personnes voulant créer leur propre partis. «Est-il normal de demander à un parti agréé une autorisation pour la tenue d’un rassemblement ou autre ?
Le parti doit juste informer les autorités. Comme il est inadmissible de ne pas donner un accusé de réception pour la création d’un nouveau parti». Pour ce cadre du MSP, il est également insensé de demander à un parti connu par l’administration de collecter des signatures pour les élections législatives.
Le Rassemblement national démocratique (RND) pense qu’il faut une sorte de «toilettage» dans le champ politique. «Il y a des partis politiques microscopiques, d’autres ont pourtant 30 ans d’existence, mais n’ont ni une base militante ni un ancrage dans la société. Ces partis doivent disparaître et la nouvelle loi sur les partis doit se pencher sur ces aspects», suggère Safi Laarabi du RND. Pour ce dernier, il est temps de «revoir dans le fond» la loi sur les partis et l’«adapter» à la nouvelle Constitution.