Programme nucléaire iranien : Téhéran désactive des caméras de surveillance de l’AIEA

09/06/2022 mis à jour: 02:55
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Photo : D. R.

Depuis janvier 2016, l’AIEA vérifie et contrôle la mise en œuvre des engagements liés au nucléaire, pris par l’Iran dans le cadre de l’accord de Vienne sur le nucléaire conclu en 2015 entre la République islamique et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France ainsi que l’Allemagne).

L’Iran a annoncé hier avoir débranché des caméras installées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour surveiller ses activités nucléaires, rapporte l’AFP. «Plusieurs caméras de surveillance» ont été déconnectées sur des «sites nucléaires» du pays, a indiqué l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) dans un communiqué, sans préciser leur nombre, ni les sites en question.

«Aujourd'hui, les autorités compétentes ont reçu pour instruction de couper les moniteurs d’enrichissement en ligne (OLEM) et les caméras des débitmètres de l’agence.» Ces deux types d’appareils «allaient au-delà des engagements de l’Iran dans le cadre de l’accord avec l’AIEA», a affirmé l’OIEA.

Ces instruments constituaient, selon l’organisation iranienne, un «geste de bonne volonté» qui n’a pas été «apprécié» par l'AIEA qui a plutôt considéré qu'il s'agissait d'une «obligation» de l'Iran. L'OIEA a cependant indiqué que «plus de 80% des caméras existantes de l'agence fonctionnent conformément à l'accord de sauvegarde et continueront à fonctionner comme avant». Le porte-parole de l'organisation iranienne, Behrouz Kamalvandi, qui s'est rendu sur un site pour constater l'arrêt de caméras, a affirmé que «d'autres mesures étaient envisagées», selon le communiqué.

Depuis janvier 2016, l’AIEA vérifie et contrôle la mise en œuvre des engagements liés au nucléaire, pris par l’Iran dans le cadre de l’accord de Vienne sur le nucléaire conclu en 2015 entre la République islamique et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France ainsi que l’Allemagne).

Le pacte prévoit un allégement des sanctions contre l’Iran en échange de restrictions sur son programme nucléaire pour garantir que le pays ne puisse développer une arme nucléaire, objectif qu’il a toujours nié vouloir concrétiser. Mais Washington s’est retiré de l’accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump, jugeant le texte insuffisant, et a rétabli les sanctions économiques contre Téhéran, qui, en riposte, s’est progressivement affranchi de ses engagements.

Offensive occidentale

L’annonce de l’arrêt de ces instruments de surveillance intervient alors que les Etats-Unis et les trois pays européens parties de l’accord (Royaume-Uni, France et Allemagne) ont déposé, dans la nuit de lundi à mardi, auprès de l’AIEA une résolution admonestant Téhéran pour son manque de coopération. La résolution doit être étudiée lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l’agence onusienne, entamée lundi à Vienne et qui doit se tenir jusqu’à vendredi.

Elle exhorte l’Iran à «coopérer» avec l’AIEA, se focalisant notamment sur un rapport publié à la fin du mois dernier, dans lequel l’Agence a déclaré avoir encore des questions «non clarifiées» sur des traces d’uranium enrichi trouvées sur trois sites, que l’Iran n’avait pas déclarés comme ayant hébergé des activités nucléaires.

«L’Iran n’a pas d’activités nucléaires cachées ni de sites non signalés. Il s’agit (de la part des Occidentaux) de maintenir une pression maximale» sur la République islamique, a démenti hier le chef de l’OIEA, Mohammad Eslami, cité par l’agence officielle Irna. «Cette décision récente de trois pays européens et des Etats-Unis de présenter un projet de résolution contre l’Iran est politique», a-t-il poursuivi, affirmant que «l’Iran a maintenu une coopération maximale avec l’AIEA».

Au cours des débats mardi à Vienne, Londres, Paris et Berlin ont dénoncé «un programme nucléaire avancé comme jamais auparavant», et des activités «sans justification civile crédible».

D’après les dernières estimations de l’AIEA, l’Iran aura bientôt amassé suffisamment d’uranium enrichi à 60%. «Nous appelons vivement l'Iran à cesser son escalade et à conclure d'urgence l'accord qui est sur la table», ont-ils indiqué, en référence aux négociations pour ressusciter le pacte de 2015.

La Chine et la Russie, les deux autres Etats impliqués dans l’accord, ont fait part de leur opposition à la résolution occidentale. Les négociations entamées il y a plus d’un an pour relancer l’accord nucléaire entre Téhéran et les puissances mondiales ont été suspendues en mars.

L’un des principaux points de friction dans les négociations est la demande de Téhéran que les Gardiens de la révolution, le bras idéologique de l’armée iranienne, soient retirés d’une liste noire du terrorisme américain. Demande rejetée par Washington. 

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