Programme d’appui de l’Unesco à une éducation de qualité en Algérie : Pourquoi les élèves fuient les maths

31/01/2024 mis à jour: 08:42
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L’étude nationale sur l’enseignement des mathématiques relève l’urgence de la formation continue pour permettre aux enseignants de bien assimiler le concept de «l’approche par compétence».

Une étude nationale sur l’enseignement des mathématiques met en lumière les difficultés d’apprentissage qu’éprouvent les élèves dans les trois paliers. Les résultats de cette étude ont été rendus publics hier, 30 janvier, lors du séminaire de restitution de la première phase du programme d’appui à une éducation de qualité en Algérie, co-financé par l’Unesco et l'Union européenne au profit du ministère de l’Education nationale.

L’étude en question entre en effet dans le cadre du plan d’action de ce programme d’appui qui concerne l’enseignement des maths mais aussi les compétences numériques spécifiques en langue arabe, en sciences de la vie et en physique.

Selon Nadia Azrou, enseignante et chercheuse en didactique des mathématiques ayant mené cette étude dans 33 établissements répartis sur 9 villes du pays, les points faibles relevés sont particulièrement le «blocage et la confusion» chez les élèves. Autre faiblesse constatée : les méthodes d’évaluation actuelles ne sont pas en mesure de refléter le niveau réel de l’élève en termes de prérequis.

Cela surtout que les élèves peuvent avoir une bonne moyenne générale grâce aux notes des matières de mémorisation. Aussi, l’étude souligne le fait que les notes des contrôles continus favorisent le passage de l’élève au niveau supérieur tout en cumulant des prérequis faibles. Ces notes induisent des erreurs d’orientation au cycle secondaire, ce qui accentue la désaffectation en mathématiques.

Aussi, l’élève ne se retrouve pas suffisamment accompagné pour avoir une meilleure orientation universitaire. Cela donne que les meilleurs en maths choisissent plutôt la médecine, basée sur la mémorisation, à défaut d’autres filières plus adaptées à leur domaine de compétences. Si les élèves ne se spécialisent pas en maths dès le lycée, c’est parce qu’ils se retrouvent à l’université dans des spécialités auxquelles ils pouvaient accéder avec un bac en sciences ! Les plus faibles, en revanche, s’orientent vers l’enseignement !

Le profil de l’enseignant, en dépit de l’existence d’excellents et compétents enseignants, est ainsi à reconsidérer. Il faut «arrêter de recruter des ingénieurs en statistiques !» souligne l’étude, qui recommande d’«agir immédiatement en ouvrant des formations aux ENS pour des enseignants spécialisés».

L’étude en question relève aussi l’urgence de la formation continue, surtout que certains enseignants questionnés lors de l’enquête disent ne pas assimiler entièrement le concept de «l’approche par compétence».

L’enseignant, selon cette étude, n’assure pas le rôle de «médiateur» pour mieux développer l’apprentissage des élèves. «Ces derniers ont besoin d’aide», précise l’étude. Autre détail, «la programmation de la matière dans des horaires où l’élève est moins concentré. Souvent entre 14h et 15h avec aussi un programme chargé !»

Opportunités

En se référant aux résultats de cette étude, les pouvoirs publics comptent agir pour une prise en charge fondamentale de cette discipline à travers l’amélioration de la formation des enseignants grâce à l’intégration des éléments innovants et de bonnes pratiques. Il est d’ailleurs question d’entamer une formation au profit de 150 inspecteurs en mathématiques à partir du 4 février prochain.

L’objectif est de trouver la meilleure approche pour améliorer l’attractivité de cette matière et attirer les élèves vers cette discipline. Il est question, selon le même responsable, de mettre en place prochainement des laboratoires des mathématiques au niveau des cycles moyen et secondaire. La première phase de ce programme d’appui à une éducation de qualité devrait prendre fin en décembre 2024. Il a été lancé en mars 2023.

En plus d’un zoom particulier sur les maths, ce programme porte aussi sur l’analyse des besoins en compétences numériques des enseignants dans des disciplines d’enseignement, à savoir l’arabe, physique, sciences de la nature et de la vie, explique Abdellah Loucif, président du Conseil national des programmes et président du comité du pilotage de ce programme d’appui. En tout, 111 inspecteurs bénéficieront, dans le cadre de ce programme, d’une formation en compétences numériques. 

 

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