Ajourné une première fois, le procès de l’affaire dite des «SMS» a été renvoyé, hier, par la chambre pénale près la cour d'Alger, au 18 avril. La décision a été prise en raison de la protestation des avocats contre «l’absence dans les dossiers de nombreux documents» liés aux prévenus.
Dès l’ouverture de l’audience, de nombreux avocats ont réclamé des «documents manquants» qu’ils estiment «nécessaires et importants» pour la défense afin de «permettre» aux avocats «d’avoir accès aux documents manquants du dossier».
La défense des frères Kouninef s’insurge contre le fait que dans le dossier de fond de ses mandants, «il y a de nombreuses pièces manquantes». Lui emboîtant le pas, Me Allegue affirme que «sur les 44 boîtes d’archives, 11 sont inexistantes, ce qui ne nous aide pas à assurer la défense des prévenus». Les avocats des Kouninef reviennent à la charge : «Madame la présidente, une des boîtes qui concerne nos mandants est vide. Presque 68 commissions rogatoires relatives aux Kouninef ont été faites et nous n’en avons vu que deux seulement, celle de la Suisse et uniquement la traduction de celle de l’Espagne.
Il nous est impossible de défendre les prévenus sans ces pièces maîtresses du dossier.» Me Hadjouti s’interroge, quant à lui, sur l’absence de 11 boîtes de documents, sur les 44 que comporte l’affaire, alors que les documents qu’elles sont «censées contenir sont recensés dans le dossier de fond». Il rappelle : «C’est sur la base de ces mêmes dossiers que les mis en cause ont été jugés et condamnés en première instance», avant que la présidente ne réplique : «Vous êtes censés être au courant de tout le dossier puisque vous étiez présents à l’instruction.» Une remarque qui fait réagir de nombreux avocats. «Nous nous sommes constitués après...» répondent-ils.
La juge annonce : «Je vous donne un délai de deux semaines pour vous permettre d’avoir accès à toutes les pièces citées dans le dossier. Le procès est donc renvoyé au 18 avril.»
Cette affaire, faut-il le rappeler, concerne en réalité 11 dossiers ouverts entre 2019 et 2020, et qui étaient en instruction au niveau du pôle pénal financier et économique de Sidi M'hamed près la cour d’Alger. Décision à été prise de les regrouper en une seule affaire, liée à «des échanges de 4352 SMS et appels» entre Saïd Bouteflika, frère conseiller du défunt Président déchu, et plusieurs hommes d’affaires, dont les frères Kouninef, Réda, Karim et Abdelkader, propriétaires du groupe KouGC, Ali Haddad, patron du groupe ETRHB, Mahieddine Tahkout, Tayeb Zeghaimi, et à des documents et dossiers administratifs en lien avec des marchés, trouvés, selon l’enquête judiciaire, au domicile de Saïd Bouteflika, situé à El Biar, à Alger.
En tout 72 prévenus seront jugés pour plusieurs chefs d’inculpation dont «abus de fonction», «trafic d’influence», «octroi et perception d’indus avantages», «dilapidation de deniers publics», «violation de la réglementation des mouvements de capitaux», «blanchiment d’argent», «passation de marché public en violation de la loi».