Le procès de l’affaire dite des SMS échangés entre Saïd Bouteflika et des hommes d’affaires a repris hier matin devant la chambre pénale près la cour d’Alger. Ce deuxième jour a été marqué par l’audition de nombreux prévenus. D’abord, Djallal Djouadi, neveu de Mahieddine Tahkout, accusé d’avoir fait sortir 69 voitures du parc de Cima Motors, alors que celle-ci était sous administrateur judiciaire. Il nie les faits et déclare : «Ils m’ont accusé sans aucune preuve.
Ce sont des menteurs. L’un d’eux est poursuivi pour vol. Le parc dépend du transport des étudiants. Il n’y a pas de voitures mais des bus et des camions en panne...» La juge : «C’est vous même qui aviez déclaré avoir fait sortir les véhicules sur instruction de Brahim Tahkout». Le prévenu : «Je l’ai fait sous la pression des policiers. Ils m’ont eu. J’ai fait déplacer six véhicules moi-même sur instruction de l’administrateur Malek Salah. Mais pas les autres.»
La juge appelle Malek Salah, un des administrateurs de Cima Motors, appartenant à Tahkout. Il apparaît sur l’écran à partir de la prison de Mohammadia, à Mascara. Il dément toute instruction. Djouadi Djallal maintient ses propos, suscitant la réplique de Malek : «Il a changé ses propos. Il se venge de moi pour avoir pris des décisions qui n’ont pas plus à la famille Tahkout.» Djouadi Djallal réplique : «C’est lui qui m’a donné l’ordre de vider le parc. Comment puis-je faire sortir ces véhicules sans aucun document ?»
Malek précise : «Il est responsable du parc autobus. Il y a eu une enquête sur les parcs et instruction écrite à été faite pour ne laisser rien sortir. Je n’ai donné aucun ordre contraire.» La juge appelle Mokhtar Meslek et ses trois enfants. Il avait acheté les deux sociétés de Tahkout domiciliées en France. Il explique : «Je lui louais mon showroom à Oran. Il m’a proposé d’échanger ce showroom contre deux sociétés et un studio en France. Un désistement à été fait à Oran, et l’avocat devait partir en France pour finaliser la transaction. C’était la même année, en 2018, après le retrait de Missoum. Mes trois enfants ont été inscrits avec moi dans les actes. J’ai fait le déplacement en France à Nîmes où se trouvent les deux sociétés.» Mahieddine Tahkout intervient : «Le registre du commerce date d’avril 2019 et lui parle de 2018.» La juge précise qu’en 2018, il y a eu une entente pas d’acte et Tahkout ajoute : «Mais elle à été enregistrée le 23 mars 2020, au moment où j étais en prison.»
Bouchouareb appelé à rendre des comptes
La juge : «Il dit que vous aviez fait une procuration à votre avocat». Tahkout dément mais la juge ajoute : «Vous n’avez vendu ni à Missoum ni à Meslek !» Tahkout : «Je n’ai rien vendu. J’étais en prison. Je n’ai signé aucune procuration.» Des déclarations qui font réagir Tahar Missoum, l’ancien député connu sous le nom de «spécifique». «Nous avons fait une ‘‘moubadala’’, un échange dont les détails étaient portés sur une feuille de brouillon en attendant la concrétisation de l’opération.
Cet homme nous a escroqués. Ces sociétés étaient endettées, avec des bilans négatifs depuis 2008. Elles étaient en faillite. C’est un escroc, il nous a escroqués tous les deux...», crie-t-il. La juge tente de le calmer. «Vous n’êtes pas au Parlement ici.» Missoum poursuit : «Il s’est ligué contre moi, avec Abdeslam Bouchouareb pour me dépouiller de mes biens. Klitou leblad ya serakine ! (‘‘Vous avez bouffé le pays bande de voleurs’’). C’est à cause d’eux que le pays est parti.»
Au box, les prévenus bouillonnent de colère. Les frères Tahkout et les frères Kouninef protestent et la présidente réplique : «Il est prévenu tout autant que vous.» Pour mettre un terme à la colère de Missoum, elle appelle Ahmed Mazouz, patron du groupe GM Trade, qui apparaît sur l’écran à partir de la prison de Boussouf à Constantine. Interrogé sur des transferts de fonds vers l’étranger, il affirme que ces virements «n’ont aucun lien avec la corruption.
Ce sont des opérations commerciales en bonne et due forme. Tout a été prouvé.» Sur les transferts de plusieurs montants en devise vers l’étranger, Mazouz dément tout acte illégal et explique que ces montants «sont liés à des opérations d’importation légales». La juge : «Qu’ en est-il de la somme de 350 millions de dinars versés à votre fille, qui avait à peine 21 ans ?». Mazouz : «C’est mon argent personnel. J’ai payé mes impôts. Ma situation fiscale à fait l’objet de deux vérifications. Tout est prouvé.» La juge : «Qu’avez vous à dire sur les 163 voitures trouvées cachées dans un parc à Chebli ?» Mazouz : «Ces véhicules appartiennent à la société, pas à moi.»