Les analyses montrent que les revenus tirés du pétrole sont principalement perçus par les principaux pays consommateurs, via la fiscalité souligne Haitham Al Ghais, secrétaire général de l’OPEP.
Il est évident, ajoute-t-il qu’«il s’agit d’un droit souverain pour les pays et les gouvernements de développer leurs propres systèmes fiscaux, mais lorsqu’on évoque les inquiétudes concernant l’effet des prix élevés à la pompe sur le revenu disponible des populations, il est important de se rappeler quelle part de ce montant provient des impôts versés aux ministères des Finances du monde entier».
Dans une analyse publiée sur le site de l’Organisation, il explique, à titre d’exemple que «les économies de l’OCDE tirent bien plus de revenus de la vente au détail de produits pétroliers que les pays de l’OPEP ne tirent de la vente initiale de leur pétrole».
Ainsi, entre 2019 et 2023, «les économies de l’OCDE ont gagné en moyenne environ 1915 milliards de dollars de plus par an (sur la base des prix moyens pondérés) grâce aux ventes au détail de produits pétroliers que les pays membres de l’OPEP grâce aux revenus pétroliers. Une part importante des prix de détail finaux des produits pétroliers est imputable à la fiscalité», écrit le SG de l’OPEP.
En 2023, ajoute-il «la part moyenne des taxes totales sur le prix de détail final dans les pays de l’OCDE a augmenté d’une année sur l’autre et s’est élevée à environ 44%, et pour certains pays, elle a même été plus élevée. Sur l’ensemble de l’année, dans plusieurs pays européens, les taxes ont représenté plus de 50% du prix de détail final».
De ce fait «pour de nombreux consommateurs, la fiscalité peut donc être un facteur plus important que le prix initial du pétrole brut», lorsqu’il s’agit du prix à la pompe. «Pour les gouvernements des pays consommateurs, ces revenus constituent généralement une manne financière qui continuera d’être perçue grâce à la vente de produits pétroliers sur leur territoire.
Pour les pays producteurs, en revanche, une grande partie de leurs recettes est réinvestie dans le secteur pour des projets d’exploration, de production et de transport, afin de pouvoir satisfaire en permanence les besoins mondiaux en pétrole», précise Al Ghais.
En d’autres termes, explique-t-il, «les pays producteurs, souvent confrontés à des défis sociaux, économiques, infrastructurels et autres, n’ont pas la liberté de dépenser la totalité de leurs revenus pour ces besoins et d’autres, car ils doivent réinvestir une partie de leurs recettes dans l’industrie, afin de garantir l’approvisionnement actuel et futur des consommateurs».
«On entend souvent dire que chaque augmentation de prix entraîne une hausse du prix du carburant, ce qui se traduit par une augmentation des revenus des producteurs de pétrole, au détriment des consommateurs.
Ce discours peut conduire à une accusation commune et à une opposition entre les consommateurs et les producteurs, au lieu de reconnaître que tous sont des parties prenantes du secteur de l’énergie, avec des besoins et des préoccupations légitimes. De plus, ce discours ne correspond pas aux faits.»
Les niveaux de taxation appliqués par les pays consommateurs, soulignent que «le potentiel de génération de revenus du pétrole et des produits pétroliers est reconnu par les producteurs comme par les consommateurs». En outre, «les gouvernements des producteurs et des consommateurs utilisent ces revenus pour investir dans les services publics, au service de leurs populations. L’idée de dresser les consommateurs contre les producteurs déforme au minimum la réalité qui unit davantage les deux groupes qu’elle ne les divise», écrit encore le SG de l’Opep.
Enfin, certains gouvernements cherchent à exploiter le potentiel de génération de revenus du pétrole, tout en cherchant à éliminer progressivement le pétrole et en subventionnant d’autres énergies.
En préconisant cette approche, ils devraient réfléchir à la manière dont ils vont remplacer les revenus perdus par la taxation du pétrole. «Des niveaux de taxation similaires pourraient-ils être appliqués à d’autres énergies ?», se demande encore le SG de l’OPEP.