L’application stricte des arrêtés et du plan, portant prévention et lutte contre les incendies implique une meilleure coordination entre les services concernés par la campagne de prévention et de lutte pour réduire les risques d’incendie.
Dès l’avènement des premiers épisodes caniculaires, avant même le solstice de l’été 2022, l’on scrute l’horizon avec la crainte d’apercevoir la moindre fumée ou un ciel rougeâtre du fait d’un feu de forêt. Le souvenir des incendies de l’été 2021 reste vivace dans les esprits, surtout, de ceux qui l’ont vécu dans leur chair et de cette population qui a affronté les retombées du désastre, grâce, en grande partie, à une incroyable solidarité populaire qui s’est exprimée alors à travers le pays.
Une solidarité qui est venue soulager un tant soit peu des sinistrés qui ont tout perdu. Afin d’éviter de revire le cauchemar de l’année passée, les autorités de la wilaya de Béjaïa ont tenté de prendre les devants en réactualisant le plan de lutte et de prévention contre les incendies, basé essentiellement sur la sensibilisation et la première intervention dont la mission se repose sur les épaules de forestiers sous équipés. L’implication et la bonne coordination entre les services concernés par la campagne de prévention sont indispensables pour réduire les risques d’incendie, atteste des forestiers rencontrés mercredi au siège de la conservation des forets de Béjaia.
La plupart d’entre eux restent alertes malgré la fatigue qui se lit sur les visages après avoir veillé à l’extinction de l’incendie de la veille qui s’est déclenché sur les hauteurs de Kendira, dans la nuit de lundi à mardi au soir. Dans le cadre de la campagne de prévention contre les feux de forêt, la Conservation des forêts de la wilaya de Béjaïa a opté pour «la sensibilisation au sens large». Celle-ci vise à «impliquer l’ensemble des services de l’Etat concernés par les volets organisationnel et opérationnel relatifs à la prévention et à la lutte contre les incendies étant donné le caractère collégial de la lutte et de la prévention», insiste-t-il.
Pour gérer et surveiller les 122 500 ha de forêt dont dispose la région, cela appelle à plus d’engagement de la part des services impliqués, des collectivités locales, des citoyens et du mouvement associatif. Or, on constate que depuis le lancement de la saison estivale, qu’il y a peu d’entrain à nettoyer les abords des routes nationales, communales et de wilaya, qui échoient aux APC et à la DTP. Chaque année, les arrêtés de wilaya sont réactualisés.
Celles-ci désignent les missions et les responsabilités de chaque intervenant. Les travaux de nettoyage, d’entretien et de désherbage, avancent timidement constate-on sur le terrain. Selon des chiffres récents, la DTP et les APC prennent en charge un total de 309,6 km de routes traversant les massifs forestiers et les routes communales et nationales. La DSA est censée veiller à la création de tournières agricoles autour des exploitations céréalières, l’ex-Sonelgaz et la SNTF, du désherbage, respectivement, sous les lignes de haute tension et le nettoiement des accotements des chemins de fer.
Cependant, sur le terrain des opérations, la réalité est toute autre. Nul besoin de chercher une affirmation chez les forestiers ou autres organes concerné par la question lorsqu’on peut constater de visu le laxisme des intervenants qui se plaignent, de leur part, de manque de moyens au même titre que les services des forets, par exemple, qui n’ont bénéficié que deux nouveaux véhicules cette années.
En plus des budgets qui arrivent souvent après la fin de la campagne de nettoyage, s’ajoute le manque des moyens humains. Lors des réunions du 16 et du 21 juin, du comité de wilaya, présidé par le wali, pour évaluer et suivre l’évolution du déploiement du plan de prévention contre les feux de forêt, aucune décision officielle n’a été prise dans le sens de débloquer des budgets pour l’acquisition des moyens matériel ou pour l’entretien et la réalisation de nouveaux équipements comme les TPF, les points d’eau ou les pistes forestières.
Le wali, d’après la cellule de communication, s’est contenté «d’insister sur la mise en œuvre et l’application effective des arrêtés portant prévention et lutte anti-incendie», qui n’ont jamais été suivis à la lettre sur le terrain pour divers raisons.
Le manque de moyen humain et matériel se fait ressentir surtout au niveau des services de la voirie des APC qui sont chargés, en plus des missions de désherbage et de nettoyage des abords des routes, de neutraliser l’une des principales sources d’incendie : les décharges publiques et les dépotoirs sauvages qui se comptent par centaines.
Selon les différents rapports de la protection civile, de la CF et des services de sécurité, «80% des départs de feu sont enregistré au abords des décharges d’ordure», dont les déchets sont éliminés par le feu. A ce propos, il a été suggéré aux APC de doter ces décharges de gardiens, de citernes d’eau et d’un petit outillage pour les premières interventions en cas de départ de feu.
Mais cela s’avère parfois insuffisant, comme il a été observé au niveau de la décharge d’Amizour implantée au cœur d’une ferme pilote. La présence d’un gardien n’a jamais empêché le feu de prendre dans les champs d’oranger et des céréales.
L’implication de tous, associations, citoyens et autres services de l’Etat, est impérative pour ne pas revivre les épisodes ayant provoqué la perte des vies humaines, des animaux et la destruction de centaines d’hectares de forêt à Béjaïa.
70 hectares de couvert végétal détruits
Depuis le 1er juin jusqu’au 22 juin, au moins 31 départs de feu ont été recensés par la conservation de forêts a enregistré qui ont détruit un total de 70 hectares de couvert végétal. «25 feux ont été très vite maîtrise avec les moyens de la CF», a indiqué un responsable de la CF, et ce, grâce à la vigilance des forestiers qui étaient déjà déployés dans les zones concernées. Notre source ajoute que «sur ces 31 départs, 6 sont jugé important et qui ont nécessité l’intervention des pommiers comme ceux de Taourirt Ighil, Draâ El Gaid ou l’incendie de Kendira» où le bombardier d’eau russe Beriev B-200 est intervenu pour éteindre le feu qui a ravagé 53 hectares de couvert végétal. Ainsi, des cultures n’ont pas été épargnées par les flammes. La même source a comptabilisé la destruction de 6,5 hectares de champs de blé et d’orge et de 3 hectares d’arbres fruitiers, essentiellement des oliviers et des amandiers. N. D.
Le dispositif renforcé
Le dispositif de défense anti-feu a bénéficié ces dernières années d’un programme de réalisation de nouveaux projets de points d’eau, de Tranchées pare-feu (TPF) et d’ouverture de pistes forestières. Bien qu’il soit insuffisant, ce programme relevant des exercices précédents vient toutefois renforcer le dispositif existant, lequel nécessite en plus des opérations d’aménagement avant de les mettre à contribution. Doté de 101 points d’eau éparpillés à travers les 122 500 ha de forêt gérés par la conservation des forets (CF), 28 nécessites des aménagements avant qu’ils ne soient opérationnels. Sur ce chapitre, la CF a bénéficié d’un nouveau programme de 11 ouvrages, selon les responsables de la CF, à travers une dizaine de communes, dont 5 ont atteint 50% de réalisation alors les 6 autres sont en cours de construction.
A noter que certains points d’eau nécessitent quelques travaux d’aménagement de les exploiter. La CF a également bénéficié d’un nouveau programme de réalisation de TPF d’une consistance de 96 ha dont 66 ha, soit sont 50% d’avancement.
Le réseau des pistes forestières a été, lui aussi, consolidé par l’ouverture de 196 kilomètres linéaires, dont les travaux affichent 98% de réalisation, alors que l’aménagement d’une partie des 954 km linéaires existants est à 87,5%, selon la même source. N. D.