Présidentielle américaine 2024 : Donald Trump échappe à une tentative d’assassinat

15/07/2024 mis à jour: 00:33
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Photo : D. R.

Le FBI a confirmé qu’il s’agit d’une tentative d’assassinat et a identifié l’auteur :  «Thomas Matthew Crooks, 20 ans, de Bethel Park, Pennsylvanie». Son mobile reste inconnu. Le suspect, inscrit comme électeur républicain selon plusieurs médias, semble avoir agi seul.

Le candidat républicain à la présidentielle états-unienne Donald Trump a exhorté hier les Américains à l’unité, au lendemain d’une tentative d’assassinat dont il a réchappé blessé à l’oreille, rapporte l’AFP. L’ex-président, 78 ans a été évacué, la joue ensanglantée, après plusieurs tirs lors d’un meeting à Butler en Pennsylvanie (nord-est), qui ont fait un mort et deux blessés graves parmi les spectateurs.

La police a confirmé la mort de l’auteur présumé. Le candidat républicain, qui venait de commencer son discours par une de ses tirades contre l’immigration, s’est aussitôt abrité derrière son pupitre avant d’être entouré et protégé par des agents. Il s’est ensuite relevé, avant d’être emmené jusqu’à un véhicule pour être évacué. Avant de quitter les lieux, l’ex-président a levé un poing en direction de la foule.

Il a déclaré plus tard avoir été touché par une balle qui lui a transpercé l’oreille droite. «Seul Dieu a empêché l’impensable de se produire», a indiqué dimanche le candidat républicain à la présidentielle de novembre sur sa plateforme Truth Social. «A cet instant, il est plus important que jamais que nous nous tenions unis», a ajouté l’ex-président, appelant à ne pas «permettre au mal de gagner».

Le Secret Service, chargé de la protection des hautes personnalités politiques, a affirmé dans un communiqué que le suspect a «tiré plusieurs coups de feu en direction de la scène depuis une position élevée» située à l’extérieur du périmètre du meeting à quelques 150 mètres de distance, avant d’être «neutralisé» par les agents. Le FBI a confirmé qu’il s’agit d’une tentative d’assassinat et a identifié l’auteur : «Thomas Matthew Crooks, 20 ans, de Bethel Park, Pennsylvanie».

Son mobile reste inconnu. Le suspect, inscrit comme électeur républicain selon plusieurs médias, semble avoir agi seul. Son père, Matthew Crooks, a déclaré à CNN qu’il essaie «de comprendre ce qui se passe» et qu’il ne s’exprimerait pas avant d’avoir parlé aux forces de l’ordre. Le président Joe Biden, qui a parlé samedi soir avec Donald Trump, s’est dit lors d’une allocution télévisée soulagé d’apprendre que le républicain aille bien tout en condamnant de «telles violences».

Hier, il a tenu une réunion avec les chefs du FBI et du Secret Service, chargé de la protection des hautes personnalités politiques dans la salle de crise de la Maison Blanche en présence de la vice-présidente Kamala Harris, du ministre de la Justice et d’autres hauts responsables de sécurité, selon un communiqué de la Maison Blanche.Hier, l’ancien vice-président de D. Trump, Mike Pence, a déclaré sur son compte X «remercier Dieu» que le candidat républicain soit sain et sauf et prier «pour son rétablissement et pour ceux qui ont été tués ou blessés dans cette terrible attaque».

Tensions ravivées

Mike Pence a été fidèle au républicain jusqu’au 6 janvier 2021, quand il a refusé de bloquer la certification de la victoire de J. Biden par le Congrès, contrairement aux ordres de D. Trump. Il a ensuite accusé ce dernier d’avoir mis sa vie en danger et celle de sa famille par son discours prononcé avant l’assaut du Capitole.

Mike Pence, qui se trouvait au Capitole pour superviser la certification des résultats de l’élection de 2020, a dû se cacher pour échapper aux émeutiers, à l’instar de nombreux parlementaires des deux bords. La tentative d’assassinat a ravivé les tensions politiques internes.

Le sénateur J. D. Vance, un des colistiers présumés de Donald Trump, a affirmé que la «rhétorique » de Joe Biden a «conduit directement» à l’attaque de l’ex-président.

«Depuis des années, et aujourd’hui encore, des militants de gauche, des donateurs démocrates, et même Joe Biden ont fait des remarques et des descriptions répugnantes sur le fait de tirer sur Donald Trump», a dénoncé Chris LaCivita, membre de l’équipe de campagne du candidat républicain, sur X. De son côté, l’élu républicain Steve Scalise, victime en 2017 d’une fusillade qui a failli lui coûter la vie, a, lui, accusé les démocrates d’alimenter une «rhétorique incendiaire».

Le Secret Service a démenti dimanche avoir refusé des moyens supplémentaires pour assurer la sécurité de Donald Trump en amont du meeting. «Il circule une affirmation fausse selon laquelle un membre de l’équipe de l’ex-président avait demandé des moyens supplémentaires de sécurité et que ceux-ci avaient été refusés. C’est absolument faux», a déclaré le porte-parole du Secret Service, Anthony Guglielmi sur X.

Les conséquences de cet événement sur la campagne pourraient être immenses. Evénement qui intervient alors que l’attention est focalisée sur la santé de Joe Biden, 81 ans, et sa capacité à affronter Donald Trump depuis leur débat du 27 juin, marqué par la performance calamiteuse du démocrate. Donald Trump a confirmé dimanche son intention de se rendre à Milwaukee, où a lieu la convention républicaine à partir de lundi et au terme de laquelle il doit être officiellement investi candidat du Parti républicain à la présidentielle du 5 novembre. «Je me réjouis de parler à notre grande nation cette semaine depuis le Wisconsin», a-t-il déclaré sur Truth Social.

Quatre présidents assassinés

La tentative d’assassinat ayant visé samedi Donald Trump, légèrement blessé à la suite de tirs lors d’un meeting de campagne, s’inscrit dans une histoire de l’Amérique émaillée de violences politiques.

La tentative d’assassinat ayant visé samedi Donald Trump, légèrement blessé à la suite de tirs lors d’un meeting de campagne, s’inscrit dans une histoire de l’Amérique émaillée de violences politiques.

L’histoire des Etats-Unis est marquée par l’assassinat de quatre présidents durant leur mandat. En 1865, le président Abraham Lincoln est tué dans sa loge du Théâtre Ford à Washington par un acteur, John Wilkes Booth. James Garfield, 20e président des Etats-Unis, est mort des suites de son attaque le 2 juillet 1881 dans la gare de Washington par Charles Guiteau, un avocat.

Le 6 septembre 1901, alors qu’il recevait des personnalités à l’exposition panaméricaine de Buffalo, William McKinley, 25e président des Etats-Unis, est blessé par un anarchiste qui tira sur lui de nombreuses balles de revolver. Il meurt quelques jours après de ses blessures.
Le 22 novembre 1963, le 35e président américain, John Fitzgerald Kennedy (JFK), est assassiné à Dallas.

Ce jour là, vers 12H30, tandis que la limousine présidentielle fend la foule massée le long des rues de Dallas, des coups de feu retentissent, J. F. Kennedy s’effondre, sa femme Jackie à ses côtés. Il est déclaré mort à 13H00 depuis l’hôpital. La commission sur l’assassinat de JFK a conclu en 1964 que Lee Harvey Oswald, un ancien commando marine qui a vécu en Union Soviétique, a agi seul.

D’autres tentatives d’assassinat ont été dirigées contre des présidents américains. En 1933, Franklin Delano Roosevelt a échappé à l’une d’elles, tout comme Gerald Ford qui a survécu en 1975 à deux tentatives d’assassinat, toutes les deux en Californie. Le 30 mars 1981, le président Ronald Reagan est grièvement blessé par un déséquilibré, John Hinckley Jr., en sortant de l’hôtel Hilton à Washington.

Les campagnes électorales n’ont pas échappé aux actes de violence. Le frère de JFK, Robert Kennedy, «Bobby», sénateur de New York et en campagne pour la présidence des Etats-Unis, a été abattu dans un hôtel de Los Angeles en 1968. En 1972, George Wallace, qui faisait campagne pour l’investiture démocrate, a été visé par une tentative d’attentat dans un centre commercial dans le Maryland, qui l’a paralysé à vie.

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