El khasser y khalass, tel est le nom de la toute première pièce du comédien et metteur en scène Djawed Bougrassa, qui a joué, dimanche soir dernier, à l’Institut français d’Oran. faveurs du public ces derniers jours.
En vérité, cette pièce n’est pas tout à fait nouvelle du fait que sa générale a eu lieu en décembre 2022 au théâtre de la fourmi. Elle avait alors joué durant trois soirées consécutives (les 15,16 et 17 décembre) et fait à chaque fois salle comble.
Dimanche dernier, le même engouement étai perceptible chez le public, venu nombreux et constitué autant de personnes ayant déjà vu la pièce (et voulaient la revoir, ce qui argue de sa bonne qualité) que celles et ceux qui se sont fait une joie de la découvrir pour la première fois.
C’est que «El Khasser y khaless», qui se targue d’être mis en scène dans le style du vaudeville (ou tout au moins du théâtre de boulevard), est une pièce rafraîchissante, drôle et chargée de situations cocasses qui font à chaque fois esclaffer le spectateur. Une pièce certes légère, mais ne déméritant pas, car parvenant à capter l’attention du spectateur du début jusqu’à la fin, sans qu’il ne jette, à aucun moment, un coup d’œil à sa montre ou qu’il ne sente l’ennui l’accabler.
Pour ce qui est du pitch, disons que la pièce se veut un méli-mélo racontant les tribulations d’un avocat (Djawed Bougrassa) attrapé par la guigne (son vice du jeu additionné à sa malchance intrinsèque ont eu raison de sa Rolex et de bien d’autres objets de valeur disséminés dans sa maison) qui se voit, un matin, devoir affronter une situation qui finira par le dépasser.
Sa femme (Linda Koriche), se voulant conciliante et compréhensive, à mesure que le temps passe, supporte de moins en moins les sorties étriquées et jusqu’au petit matin de son bonhomme de mari et le met en demeure de respecter dorénavant un couvre-feu qu’elle instaure en bonne et due forme (le fixant à 22h) sous peine de ne répondre plus de rien.
Le couple est pourvu d’un majordome malléable et corvéable à souhait, mais qui, sous des dehors de docilité, ne se gêne jamais de rire sous cape, s’amusant des travers de ses patrons. Mais voilà qu’un matin, un jeune homme (Othman Chennini), se présentant avec un bouquet de fleurs et se définissant comme le fils du maire de Boufatis, se pointe dans la demeure et réclame de voir l’avocat joueur.
Il veut rien de moins que la main de sa sœur, assurant mordicus que l’avocat, la veille, la lui avait promise comme «gage», alors que le bateau qui lui servait de «jeu» prenait l’eau de toute part.
La gueule de bois ayant eu raison de lui, l’avocat assure ne se souvenir de rien. A partir de là, la situation ne cesse de se compliquer : le fils du maire, prenant la femme de l’avocat pour sa sœur, cette dernière pensant que les fleurs étaient ramenées par son mari pour faire amende honorable suite à la énième nuit passée dehors, et la sœur de l’avocat (Widad Salhi), dont le véritable amoureux était un beau hâbleur (Imad Halimi), avait des velléités de s’unir à lui «par les liens sacrés du mariage».
Elle fait part à son frère de ses envies d’épousailles, tandis que lui pense qu’elle parle du fils du maire de Boufatis, à cent coudées de se douter qu’il était question en vérité de son ennemi juré, compagnon d’infortune de jeu et accessoirement celui-là même qui lui avait taxé sa Rolex.
La situation ne cesse de se compliquer, avec notamment l’apparition de la serveuse du boui-boui dans lequel se tiennent les parties de poker et assimilés, qui, elle, a le béguin pour l’avocat, bien que le sachant marié, sans compter la famille du prétendant à la sœur de l’avocat (qu’il confond, rappelons-le, avec la femme de ce dernier) qui est sur le point de s’amener à la maison, ce qui crée des situations tordantes, mais avec un fil conducteur limpide faisant que les spectateurs ne s’y perdent pas en conjecture.
«El Khasser y khaless» (ou «Le Paris» en français) peut nous rappeler, dans une certaine mesure, les vieilles pièces de théâtre de boulevard saucées à l’algérienne.
On peut dire, quand bien, «El Khasser y khaless», même mérite d’être davantage travaillée, que cette première pièce, signée Djawed Bougrassa, renseigne sur son talent prometteur et qui, gageons-le, s’affermira davantage dans ses prochaines pièces. On a hâte !