Dans le cadre des préparatifs pour l’Aïd El Adha, la wilaya de Constantine vient d’annoncer une campagne de collecte des peaux de mouton qui seront sacrifiés.
Une action chapeautée par la direction de l’environnement, en collaboration avec les différentes communes. Lors d’une réunion de coordination tenue le 21 juin, le wali de Constantine, Abdelkhalek Sayouda, a insisté sur l’implication de toutes les parties, dont la direction mentionnée, les communes, les associations de quartiers, les opérateurs économiques ainsi que les Epic pour préserver un environnement propre durant les jours de l’Aïd.
Le chef de l’exécutif avait même impliqué la direction des affaires religieuses, où les imams sont appelés à sensibiliser les fidèles et annoncer la collecte des peaux de mouton. Jusque-là, tout semble aller dans l’ordre avec la mobilisation de tout le monde. Mais en réalité, rien ne va. Il ne s’agissait que de généralités.
À trois jours de l’Aïd El Adha, les citoyens à Constantine et dans les autres communes de la wilaya, ignorent toujours tout des points de collecte des peaux de mouton désignés par les autorités locales.
«Lors du sermon du vendredi à la mosquée El Istiqlal dans la ville de Constantine, l’imam a demandé aux fidèles de ramener les peaux de mouton afin de les transférer à la tannerie de Jijel. Donc on comprend que le point de collecte, c’est la mosquée, sans aucune précision», a déclaré un habitant au Coudiat.
Et de poursuivre qu’à part les publications du ministère de l’Industrie, aucune consigne sur les mesures à suivre pour la préservation des peaux n’a été communiquée. Durant les campagnes de sensibilisation au profit des citoyens, il faut expliquer certaines mesures essentielles pour éviter la putréfaction de la peau. Cette dernière doit rester intacte, et ne pas être lavée avec de l’eau. Après le sacrifice, on doit lui appliquer une couche de sel d’environ 2 kg, avant d’être mise dans un sac. Sinon, elle sera inutilisable.
À Constantine, rien de cela n’a été annoncé auparavant. Cette campagne n’est visible que sur les réseaux sociaux avec des responsables en réunion pour préparer l’Aïd, laissant perplexes des habitants à la recherche des points de collecte. «Ça ne se discute pas, rien n’est affiché, même pas sur le site de la commune. Si tu rates la prière du vendredi, tu ne seras pas informé», nous a révélé un habitant de la vieille ville de Constantine. Et de s’étaler : «Probablement, les points de collecte au centre-ville sont les mosquées.
Donc, nous allons faire tout comme durant les années écoulées. Des jeunes du quartier se portent volontaires pour nous distribuer des sacs pour la collecte des peaux, sans aucune recommandation. Sachant que ce n’est pas tout le monde qui est connaisseur dans la préservation de la peau en question et ce n’est pas tout le monde qui est au courant qu’elle sera transférée à la tannerie. Il faut rester branché sur ton téléphone toute la journée en consultant les pages Facebook de toutes les directions, si tu n’es pas un amateur de la télévision.»
Des informations imprécises
La commune d’El Khroub a publié le 19 juin un communiqué pour appeler les citoyens à déposer les peaux de mouton aux points de collecte. Mais, ces derniers ont commenté sur cette même page lui demandant où se trouvent ces points désignés. Effectivement, ils sont nombreux les habitants d’El Khroub qui manquent également d’informations sur cette opération.
Même certains comités de quartiers ne s’impliquent pas assez pour faire circuler l’information correcte, complète et précise. Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui manquent pour la diffusion d’une information exacte via les réseaux, les affichages, les mosquées, les vidéos, la sensibilisation et autres.
Cette opération n’a pas été traitée sérieusement, en dépit de son ampleur ; surtout qu’il s’agit de la collecte d’une matière première brute pour faire fonctionner les tanneries et contribuer à la dynamique économique au niveau local. Notons également la commune de Zighoud Youcef, où on a organisé un point de collecte dans un marché hebdomadaire. Et celui qui ne possède pas de véhicule, comment procédera-t-il pour déposer la peau de son mouton ? Nous avons tenté à maintes reprises d’avoir l’information auprès de la direction de l’industrie.
«Il faut avoir l’autorisation du directeur, qui est actuellement sur le terrain. Mais, de préférence il faut voir avec l’environnement. Cette direction a été chargée par le wali pour chapeauter cette action», nous ont révélé les services de la direction de l’industrie. Par ailleurs, il était impossible d’avoir l’information auprès de la direction de l’environnement.
Son responsable est toujours sur le terrain et aucun élément n’est habilité à faire des déclarations à la presse. Ballotés durant plusieurs jours d’une direction à une autre, nous n’avons pu avoir une information officielle et engagée de la par des autorités locales.
Mis à part les quelques débris imprécis et incomplets des réunions à huis clos entre les responsables publiés sur les réseaux sociaux. Il est tout de même nécessaire de rappeler que des milliers de peaux de mouton se perdent chaque année dans les décharges au lieu d’aller vers des tanneries qui en ont vraiment besoin. Un énorme gâchis.