Le président russe et sa petite équipe blindée sont de retour à Tin Zouatine après une petite boucle dans le désert. Pour Gao, à 350 km au Sud, et l’insaisissable Tombouctou, ce sera pour la prochaine fois. Poutine, en pleine réflexion géostratégique, regarde la verdure dans l’oued Tin Zouatine qui a donné le nom au village.
- Tadalat, a dit Adhughmas en souriant, en utilisant ce mot local qui signifie autant verdure ou pâturages qu’espoir.
Poutine ne l’avait pas vu, il se retourne vers lui :
- Alors le verdict ?
- C’est bientôt le mois de mai, tout va se dessécher jusqu’aux pluies de juillet.
- Non, je parlais de ces Yankees de la FIFA.
- Ah, le match ?
- Oui, Gassama le Gambien…
Adhughmas a levé les mains au ciel :
- Tadalat…
- Vous devriez envahir la Gambie, a lâché Poutine avant de partir vers le village.
Non loin de là, Brahim et Iyad regardent de loin le Russe :
- C’est quand même triste pour les Ukrainiens.
- Oui, mais la prochaine fois ils choisiront mieux leurs dirigeants,
- C’est ce qu’on avait dit aux Irakiens quand on a détruit leur pays.
- L’Irak c’était une dictature, pas comme l’Ukraine.
- Raison de plus, les Irakiens n’ont pas choisi leurs dirigeants.
Pour Brahim, officier ayant étudié en Russie, nationaliste ombrageux et fervent tiers-mondiste, le jeu est plus clair, le Yémen bombardé par l’Arabie Saoudite ou la Syrie par Israël ne soulève pas la même indignation, pour lui, les Yéménites ou les Ukrainiens sont des êtres humains, sans hiérarchie.
L’Afrique est aujourd’hui visée comme soutien à Poutine et on nous demande de nous indigner avec eux contre l’invasion russe, mais quand on leur a demandé de s’indigner avec nous pour la Palestine ou le Yémen, ils ne l’ont pas fait.
- Pourquoi on le ferait ? Il faut s’indigner uniquement quand ce sont des blondes aux yeux bleus qui se font bombarder ?
- Ça ne règle pas le problème.
- Quel problème ?
- Que fait Poutine ici ?
- On le saura bientôt. Y a notre Président et le chef d’état-major qui arrivent demain.
… à suivre