Respecté autant par les Touareg que par l’Etat malien et les institutions internationales, Alghabass, fils de Intalla Ag Attaher, l’Aménokal des Ifoghas, a réussi à calmer tout le monde à Kidal. Les Casques bleus de l’ONU se sont retirés et les Russes ont été conviés au f’tour. En se garant à côté de la demeure du fils de l’Aménokal d’où une douce musique targuie émanait, Poutine, qui suit l’actualité, a fait remarquer à Brahim.
Votre pays est étrange, alors que Mariah Carey a chanté à Djeddah, à quelques kilomètres de La Mecque, des islamistes interdisent à Aït Menguellat de chanter à Oran, dans son propre pays.
En regardant le soleil descendre lentement vers l’Ouest pour se coucher, Poutine a repris :
Là-bas c’est la Mauritanie ? L’Ouest ?
Oui, lui répond Brahim, en expliquant que si la piste Algérie-Mauritanie est régulièrement ciblée par les Marocains, l’objectif est clair, contrôler les passages entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne pour ne garder que la route marocaine qui passe par le Sahara occidental, lisse et goudronnée, et interdire par le risque la nouvelle piste Tindouf-Zouerate tout comme In Guezzam-Agadès, Bordj Badji Mokhtar-Kidal ou Tin Zaoutine-Gao sont comme par hasard la cible de groupes djihadistes.
Tout ça vient de l’Ouest, conclut Poutine.
Du Nord…
En entrant dans la maison, la confusion est installée, les Maghrébins sont Occidentaux pour les Arabes, Nordistes pour les Africains, Sudistes ou Orientaux pour les Européens. Pour Poutine, l’ennemi c’est l’Ouest, pour Brahim, l’ennemi c’est le Nord, alors qu’il s’agit du même ennemi.
Je vous présente Dimitri…
Le fils de l’Aménokal est apparu avec un homme d’une cinquantaine d’années, Dimitri Outkine, dont le pseudonyme Wagner a donné son nom à la force paramilitaire russe qu’il a fondée et dont le siège social est étrangement en Argentine.
Mais pourquoi tout le monde est ici ? s’est étonné Kadirov le Tchétchène.
Et pourquoi tu es ici ? lui a rétorqué en souriant le jeune Adhughmas. … à suivre