Poursuite des bombardements de l'armée d'occupation : Ghaza frappée par la famine

03/06/2024 mis à jour: 20:18
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Photo : D. R.

L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) appelle la communauté internationale à déclarer officiellement la famine dans la bande de Ghaza et à exercer des pressions sur Israël pour rétablir l’accès à l’aide humanitaire conformément au droit international.

Les bombardements israéliens incessants ont de nouveau frappé plusieurs secteurs de la bande de Ghaza hier, notamment Rafah, malgré les appels urgents des médiateurs internationaux pour un cessez-le-feu. En ce huitième mois de guerre contre les Palestiniens de Ghaza, les hélicoptères Apache israéliens ont attaqué le centre de Rafah, tandis que des frappes aériennes ont ciblé le sud et l’ouest de la ville.

Dans le nord, des raids aériens ont visé la ville de Ghaza, tuant trois Palestiniens, dont une femme et un enfant, et détruisant leur maison dans le quartier d’Al Darraj, selon une source hospitalière. Au centre de Ghaza, des frappes ont également touché la ville de Deir Al Balah ainsi que les camps de Bureij et de Nousseirat. Malgré les appels pressants pour un cessez-le-feu, les bombardements de l’armée d’occupation israélienne se poursuivent sans relâche, entraînant la mort de 36 379 personnes dans ce territoire palestinien surpeuplé, d’après son ministère de la Santé.

Le Qatar, les Etats-Unis et l’Egypte ont conjointement exhorté le Hamas et Israël à finaliser un accord de cessez-le-feu basé sur les principes énoncés par le président Joe Biden. Vendredi, Biden a dévoilé une feuille de route visant à instaurer progressivement un cessez-le-feu permanent, avec une première phase de six semaines impliquant un retrait israélien des zones densément peuplées de Ghaza, la libération de certains otages, principalement des femmes et des malades, ainsi que des prisonniers palestiniens.

Les contours de la deuxième phase de ce plan seront négociés pendant le cessez-le-feu. Si les négociations aboutissent, les combats cesseront définitivement, tous les otages encore détenus à Ghaza seront libérés, y compris les soldats, et les forces israéliennes se retireront complètement du territoire.

Cependant, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a émis des réserves insistant sur ce qu’il appelle «la destruction du Hamas» et la libération de tous les otages avant d’envisager un cessez-le-feu permanent, une position soutenue par ses ministres d’extrême droite. De son côté, le Hamas a accueilli favorablement la feuille de route de Biden tout en réitérant ses conditions d’un cessez-le-feu permanent et d’un retrait total israélien de Ghaza, exigences rejetées par Israël.

«5 phases de l’IPC»

L’ONU avertit du risque de famine dans ce territoire où la majorité des 2,4 millions d’habitants sont déplacés, affirmant qu’il n’y a plus de lieu sûr à Ghaza. Le passage crucial de Rafah avec l’Egypte est fermé depuis que les forces israéliennes ont pris le contrôle de Rafah, empêchant l’entrée de l’aide internationale. Une réunion consacrée à ce passage était prévue hier en Egypte avec les Etats-Unis et Israël.

L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme appelle la communauté internationale à déclarer officiellement la famine dans la bande de Ghaza et à exercer des pressions sur Israël pour rétablir l’accès à l’aide humanitaire conformément au droit international. «Retarder cette déclaration et ne pas insister publiquement sur les conséquences de nouveaux retards – plus de faim, de pauvreté, de malnutrition et de décès – revient à négliger une mesure cruciale pour pousser Israël à mettre fin à ses crimes et à lever son blocus arbitraire de Ghaza», souligne l'Observatoire.

En se basant sur les données du groupe de travail chargé de la classification IPC, l'Observatoire révèle que l’ensemble de la population de Ghaza connaît une insécurité alimentaire aiguë. «La moitié de ces personnes se trouvent dans la phase 5 de l’IPC, celle de catastrophe/famine», précise-t-il, ajoutant que «des centaines de milliers d’enfants et de personnes âgées souffrent d’émaciation».

Bien que les autorités sanitaires de Ghaza aient officiellement enregistré une trentaine de décès dus à la famine, l’Observatoire suggère que ces décès se produisent presque quotidiennement, en plus des pertes causées par les bombardements et les traitements médicaux inadéquats. Avec la rareté des liquidités et l’effondrement des opportunités d’emploi et de la production locale, tous les civils de Ghaza dépendent de l’aide humanitaire étrangère.

«La communauté internationale a l'obligation morale et juridique de stopper la propagation de la famine à Ghaza en prenant des mesures rapides pour assurer la fourniture immédiate d'aide vitale à la population», déclare l'Observatoire, appelant à activer des «outils de pression réels» pour contraindre Israël à cesser ses crimes et à se conformer au droit international et aux décisions de la Cour internationale de justice.

De son côté, le chef de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a déclaré que tous les abris de l’agence à Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, sont devenus vides après le déplacement de plus d’un million de personnes de la région du fait de l’agression sioniste génocidaire en cours. 1,7 million de personnes vivent désormais à Khan Younès et dans les zones centrales de la bande de Ghaza. Le commissaire de l’UNRWA a déclaré que le montant de l’aide entrant à Ghaza «ne vaut rien comparé aux besoins».  
 

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