Les assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) ont pris fin hier, après cinq jours de débats et de discussions entre les représentants des pays africains sur las situation économique du continent et sur les défis à relever face aux chocs et aux crises géopolitiques actuels. Des défis qui sont surtout d’ordre structurel.
En effet, les chocs mondiaux récurrents qui se chevauchent et les déficits de financement qui se creusent rapidement soulignent le besoin urgent pour les pays africains de recentrer leur attention sur la transformation structurelle.
Et ce, de manière à bâtir des économies plus résilientes. Les participants aux différentes réunions organisées à cette occasion l’ont bien relevé. «Cet impératif intervient dans un contexte où le système financier mondial se caractérise par une diminution des ressources concessionnelles pour le développement et une augmentation des ressources non concessionnelles en raison de la hausse des taux d’intérêt», souligne à ce sujet la BAD.
L’Afrique doit combler un déficit de financement annuel d’environ 402 milliards de dollars d’ici 2030 pour réaliser les investissements stratégiques nécessaires pour sa transformation structurelle, a indiqué d’ailleurs dans ce sens le 30 mai dernier la BAD, à l’occasion du lancement rapport sur les perspectives économiques du continent pour 2024.
Il s’agit de financements qui seront orientés vers les besoins d’investissement dans l’éducation, l’énergie, la productivité et les infrastructures, des Objectifs clés du développement durable (ODD), pertinents pour l’amélioration de la transformation structurelle, explique la BAD dans son dernier rapport.
«La mobilisation de ressources supplémentaires au niveau national (notamment tirant parti des investissements dans les immenses ressources naturelles du continent, en particulier les minerais essentiels et les terres rares) et la collecte d’impôts, associées à une plus grande efficience des dépenses publiques, pourraient contribuer à combler une part importante de ce déficit de financement», souligne l’institution financière panafricaine.
Pour la BAD, la priorité devrait être accordée par les pays africains à «la création d’incitations ciblées et simplifiées pour catalyser les flux de capitaux privés afin de soutenir les plans de développement endogènes dans les secteurs clés pour la transformation structurelle».
Sur un autre plan, la Banque insiste sur le fait que l’architecture financière mondiale et le système multilatéral actuels ne fournissent pas suffisamment de ressources en temps opportun et à l’échelle requise pour atteindre les objectifs de développement nationaux et mondiaux en Afrique, y compris les ODD et l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA).
D’où la nécessité d’une réforme de la gouvernance institutionnelle au sein des institutions multilatérales, qui exige de rendre les instruments de la gouvernance financière mondiale plus souples, plus inclusifs et plus réactifs, appelle la BAD dans son rapport. A ce sujet, le ministre des Finances, Laaziz Faid, a estimé, à l’occasion de sa participation, que cette architecture est défavorable aux pays africains.
Ces derniers ont besoin d’accéder à des financements concessionnels pour faire face aux impératifs de développement. La transformation de l’architecture financière internationale, «suivie avec une grande attention par mon département ministériel», est ainsi «indispensable pour garantir un avenir plus prospère et plus équitable pour l’Afrique», a déclaré M. Faid.
Cette refonte doit être axée sur la promotion des sources de financement alternatives, comme des prêts à taux d’intérêt plus bas, des échéanciers de remboursement de la dette plus larges, des investissements directs étrangers durables et des transferts de technologie.
Elle doit se concentrer aussi sur une gouvernance plus inclusive en donnant plus de poids aux pays en développement dans les instances de décision des banques multilatérales de développement (BMD), ainsi qu’une meilleure résilience aux chocs externes, selon le ministre, soulignant que cette refonte doit être soutenue, toutefois, par une volonté politique forte et une coopération internationale accrue.