Pour «non-assistance à personne en danger» et «homicide involontaire» : La famille de Hakim Debazi porte plainte

07/05/2022 mis à jour: 06:22
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Photo : D. R.

Les avocats de la famille du détenu d’opinion décédé en prison a porté plainte, mercredi dernier, contre l’Etat pour «non-assistance à personne en danger» et «homicide involontaire». La plainte a été déposée au tribunal de Sidi M’hamed d’Alger par l’avocate Heloise Sadeg, tante maternelle du détenu, citée par l’agence AFP.

L’avocate, selon la même source, considère que «le directeur de la prison de Koléa, le directeur général des prisons, le juge d’instruction, le ministre de la Justice et l’Etat algérien» sont «responsables de ce drame national qui a ému toute l’Algérie en plein mois de Ramadhan». 

L’avocat Tarek Mektoub, cité par la même source, affirme que «tout le monde est concerné par la plainte, y compris le juge d’instruction qui l’a écroué».

Les avocats de la famille Debazi déplorent également «le silence assourdissant» du ministère de la Justice qui «n’a toujours pas donné d’explication ou fait une autopsie pour déterminer les causes réelles du décès du détenu politique».

Arrêté en février 2022, Hakim Debazi, 55 ans et père de trois enfants, est décédé le 24 avril dernier. Son enterrement a eu lieu le lendemain à Hadjout, dans la wilaya de Tipasa. Plusieurs ONG algériennes et internationales ont réagi à la nouvelle de son décès pour réclamer l’ouverture d’une enquête.

La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) avait interpellé les autorités judiciaires pour leur demander d’informer l’opinion nationale sur les «circonstances et causes de la disparition tragique de Hakim Debazi».

L’Institut des études sur les droits de l’homme du Caire, en Egypte (CIHRS) avait également appelé, dans un communiqué rendu public sur sa page Facebook, les autorités algériennes à «ouvrir une enquête indépendante et approfondie sur cette mort, intervenue dans des circonstances mystérieuses». 

Amnesty International et EuroMed Rights ont affirmé, de leur côté, qu’«une enquête judiciaire indépendante doit être mise en place pour éclaircir les circonstances de ce décès».

«Interdiction arbitraire de quitter le territoire»

Toujours concernant l’affaire des détenus, les ONG Amnesty International et Human Rights Watch ont dénoncé, hier, des interdictions «arbitraires» de quitter l’Algérie, imposées par les autorités à trois militants algéro-canadiens.

Dans leur communiqué, les deux organisations font référence à Lazhar Zouaimia, qui a pu repartir au Canada, jeudi dernier, après un séjour en prison et plusieurs semaines d’interdiction de sortie du territoire, à Hadjira Belkacem et une troisième personne qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.

«Il est consternant que les autorités algériennes empêchent des militants de retourner dans leur pays de résidence, sans même fournir une base légale à ce refus ou une justification écrite», dénonce Amna Guellali, directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, citée dans le communiqué.

Selon le même communiqué, Hadjira Belkacem, 52 ans, a été empêchée de quitter le pays le 25 février par la police des frontières de l’aéroport d’Alger et interrogée sur ses liens présumés avec le hirak et le mouvement Rachad.

«Les autorités algériennes utilisent des interdictions de voyager arbitraires pour faire pression sur les militants de la diaspora au Canada et ailleurs», précise Eric Goldstein, directeur adjoint de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. 

Amna Guellali appelle, dans la foulée, à la «levée immédiate de toutes les interdictions de voyager arbitraires».  

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