Un nouveau rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) intitulé : «La chaleur au travail : Implications pour la sécurité et la santé», publié ce 25 juillet à Genève, met en garde contre l’augmentation du nombre de travailleurs exposés au stress thermique dans le monde.
Les nouvelles données révèlent que les régions qui n’étaient pas habituées à des chaleurs extrêmes seront confrontées à des risques accrus, tandis que les travailleurs des climats déjà chauds feront face à des conditions de plus en plus dangereuses. Le rapport indique que les travailleurs d’Afrique, des Etats arabes et d’Asie-Pacifique sont le plus exposés à une chaleur excessive. Dans ces régions, 92,9 %, 83,6% et 74,7% de la main-d’œuvre sont concernés, respectivement. «Ces chiffres sont supérieurs à la moyenne mondiale de 71%, selon les données les plus récentes disponibles (2020)», précise le document. C’est en Europe et en Asie centrale que les conditions de travail évoluent le plus rapidement. Entre 2000 et 2020, cette région a enregistré la plus forte augmentation de l’exposition à la chaleur excessive, la proportion de travailleurs concernés ayant augmenté de 17,3%, soit près du double de l’augmentation moyenne mondiale.
Parallèlement, les Amériques, l’Europe et l’Asie centrale enregistrent la plus forte hausse des accidents du travail dus au stress thermique depuis l’an 2000, avec des augmentations respectives de 33,3% et 16,4%. «Cela est peut-être dû à des températures plus élevées dans des régions où les travailleurs ne sont pas habitués à la chaleur», note l’organisation onusienne dans son rapport. Et de poursuivre : «4200 travailleurs dans le monde ont perdu la vie à cause des vagues de chaleur en 2020.» Au total, 231 millions de travailleurs ont été exposés aux vagues de chaleur en 2020, soit une augmentation de 66% par rapport à 2000. «Alors que le monde continue de lutter contre la hausse des températures, nous devons protéger les travailleurs contre le stress thermique tout au long de l’année», préconise l’OIT.
Défis
«La chaleur excessive crée des défis sans précédent pour les travailleurs du monde entier tout au long de l’année, et pas seulement pendant les périodes de canicule intense», a déclaré à ce sujet Vera Paquete-Perdigao, directrice du département de la gouvernance de l’OIT, qui a produit le rapport. D’où la nécessité d’améliorer les mesures de sécurité et de santé pour prévenir les blessures dues à la chaleur excessive sur le lieu de travail. Ce qui pourrait permettre d’économiser, selon l’OIT, jusqu’à 361 milliards de dollars dans le monde – en perte de revenus et en frais de traitement médical – alors que la crise du stress thermique s’accélère, affectant différemment les régions du monde, souligne l’étude.
Les estimations de l’OIT montrent que les économies à faibles et moyens revenus, en particulier, sont les plus touchées, car les coûts des blessures dues à une chaleur excessive sur le lieu de travail peuvent atteindre environ 1,5% du PIB national. «Il s’agit d’une question de droits de l’homme, de droits des travailleurs et d’une question économique, et les économies à revenu intermédiaire sont les plus touchées. Nous avons besoin de plans d’action contre la chaleur tout au long de l’année et d’une législation pour protéger les travailleurs, ainsi que d’une collaboration mondiale plus forte entre les experts pour harmoniser les évaluations du stress thermique et les interventions sur le lieu de travail», a expliqué de son côté Manal Azzi, chef d’équipe de l’OIT pour la sécurité et la santé au travail.