A quelques encablures de l’horizon 2030 pour la réalisation des Objectifs de développement durable, l’heure est au bilan. Outre les Etats qui doivent prendre les devants de la marche vers un avenir éco-responsable et durable, les ODD sont aussi l’affaire de toutes les entités sociales, à commencer par les entreprises.
De retour après une longue absence, le rendez-vous des matinales du CARE a ouvert hier le débat autour de l’implication des entreprises dans la réalisation du développement durable, à travers notamment l’application de la politique de responsabilité sociale des entreprises RSE. L’exemple suédois a servi de modèle aux intervenants pour enrichir les échanges autour de cette question.
La Suède est un pays leader en matière d’implication des entreprises dans la limitation des émissions de carbone Scope 1, 2 et 3. Cecilia Ekholm, ambassadeur en charge de la promotion du commerce et des investissements durables, souligne que la notion de développement durable est ancrée dans la société suédoise au point où le gouvernement n’a pas besoin de financer ou d’appliquer des exonérations fiscales aux entreprises pour appliquer une politique RSE. «Nous sommes arrivés à une ère où pour être compétitif il faut du développement durable et l’éco-responsabilité… On pense souvent au coût de l’application de mesures pour protéger l’environnement, mais il faut savoir que vous économisez de l’argent en les appliquant, et donc vous êtes financièrement gagnant et l’environnement est sauf», explique-t-elle.
En Algérie, les entreprises n’ont pas encore intégré complètement cette notion de RSE, qui est souvent appliquée dans les grands groupes mais pas par les petites et moyennes entreprises. Le directeur général d’AstraZeneca Algérie, Fouad Baghli, a affirmé que la filiale du groupe pharmaceutique suédo-britannique applique une politique RSE soucieuse du bien-être des employés et de l’environnement.
Cette entreprise pharmaceutique, qui s’est fait connaître durant la période de Covid-19 avec son vaccin, a proposé aux autorités compétentes d’appliquer un test d’évaluation du système de santé en Algérie en vue de détecter les lacunes à corriger et améliorer la prise en charge des patients. «Dans l’application de la politique RSE il faut toujours penser à prévenir et favoriser les diagnostics précoces pour une meilleure prise en charge des besoins», explique Fouad Baghli.
Selon, Samir Toumi, DG de la TPE Team Consulting, le partage est essentiel dans tout idée d’entrepreneuriat. Promouvant une nouvelle forme de mécénat, cette entreprise de 12 employés arrive à se maintenir tout en participant à l’émergence de projets innovants en ouvrant ses locaux à des artistes et autres porteurs d’idées alternatives dans le domaine culturel. «Avec peu de moyens on peut faire de la RSE», dit-il.
L’expert en industrie Reda Amrani a tenu à souligner, lors du débat, que l’application des Objectifs de développement durable est sujette à débat et que chaque pays est en droit d’avoir ses propres réponses en fonction des impératifs qui se posent à lui.
Les pays du Sud, qui ne sont pas responsables des désastres écologiques que connaît la planète, ont d’abord, développe-t-il, le souci de se développer que de penser à ne pas polluer. «La Suède revient d’ailleurs au nucléaire», dit-il, en notant que les pays du Sud n’ont pas les mêmes préoccupations que ceux de l’Occident. Ce à quoi, Mme Ekholm répondra que son pays «n’est pas là pour dire aux pays quoi faire mais pour dialoguer et partager des expériences… Nous avons tous besoin d’aller vers cette voie».
Et à l’ambassadeur de Suède d’affirmer que le cercle d’affaires algéro-suédois travaille à ouvrir des discussions sur différentes questions de coopération, notamment la politique RSE comme vecteur de compétitivité pour les entreprises.
Cecilia Ekholm a d’ailleurs été reçue lundi dernier au ministère de l’Energie afin de discuter de transition énergétique et des possibilités de développement de l’investissement, notamment dans les énergies renouvelables et de l’hydrogène.