Plus de 450 plateformes numériques ont déjà été lancées : L’Algérie face au défi de la numérisation

23/04/2023 mis à jour: 03:21
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Lancé en 2009 et relancé en 2018, le projet «e-Algérie» peine à atteindre tous les objectifs tracés. Même si l’Algérie est à 112e place dans le e-Gouvernment Development Index établi en 2022 par les Nations unies, le projet de la numérisation rencontre toujours des obstacles. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est d’ailleurs plaint des lenteurs à de nombreuses reprises. 

Comparé aux deux dernières années, l’Algérie a certes amélioré son classement en passant de la 120e à la 112e place, mais beaucoup reste à faire pour réaliser les résultats escomptés et atteindre le niveau des autres pays de la région. Et ce, même si en matière de gain de place et d’efforts fournis, l’Algérie a beaucoup avancé. La preuve, elle a gagné le même nombre de places que l’Egypte. 

Qu’en est-il réellement sur le terrain ? Le projet de la numérisation ne cesse cependant de rencontrer des blocages tant sur la partie exécution et mise en marche que sur le plan de l’utilisation. «Le taux de digitalisation des secteurs n’est pas à son haut niveau. Officiellement, on parle de quelque  400 plateformes numériques, tous secteurs confondus (454 plateformes existent ndlr). Toutefois le niveau d’utilisation de ces plateformes n’est pas connu. 

Ce ne sont pas tous les citoyens qui sont au courant de leur existence. De plus, développées individuellement, ces plateformes ne sont pas unifiées et n’offrent pas toutes les mêmes interfaces d’utilisateurs. Le souci également est qu’elles ont été réalisées sans aucune coordination entre les secteurs, sans communication ni interconnexion», déclare Yazid Aguedal, membre du conseil d’administration du Groupe algérien des acteurs du numérique (GAAN). Il estime qu’il aurait été judicieux de créer un portail qui regrouperait plusieurs secteurs afin de faciliter la tâche au citoyen. «Ce qui a été fait jusque-là n’est vraiment pas la meilleure démarche pour la mise en place du e-gouvernement», souligne-t-il. 


Des résistances à gérer

Même s’il faut aller vite dans la numérisation, il est important également de ne pas faire dans la précipitation. Le ministre des Finances, Laâziz Fayed, l’a clairement signifié dans sa dernière déclaration au Sénat. Il a insisté sur l’impératif d’aller par étapes dans la numérisation de son secteur. «Il faut savoir que la numérisation n’est pas une question de technologie seulement. Une transformation numérique est une transformation de process, de mindsets, de culture. 

C’est une démarche qui va impacter le pouvoir dans les structures concernées. Donc automatiquement, on aura de la résistance face à ce changement. Le travail ne doit pas se faire seulement sur les logiciels et les plateformes mais aussi sur les hommes», ajoute M. Aguedal.  

En effet, en matière de résistance, la numérisation va permettre d’avoir une traçabilité des différentes transactions économiques et procédures administratives. Une transparence qui mettra fin à tout le réseau informel. Selon les derniers chiffres du Groupement d’intérêt économique (GIE), le nombre de terminaux de paiement électronique (TPE) en exploitation est de 46 263. Même si ce chiffre est en hausse de 23% par rapport à 2021, il reste infime par rapport à l’importance du tissu commercial. 

En plus de la réticence de certains commerçants, le souci relevé est l’indisponibilité dans certaines wilayas de ces instruments mais aussi des perturbations du réseau internet. 

Des problèmes techniques qui freinent le déploiement réel et effectif du e-commerce, pilier essentiel dans le process de la numérisation. 

Pour les différentes plateformes, telles que Jibayatic pour la télédéclaration, celle du ministère de l’Intérieur pour le retrait des documents d’état civil ou encore le dernier portail du gouvernement Bawabatic, lancé il y a 4 mois, le manque d’informations et de campagne de communication fait que les citoyens restent attachés à leurs habitudes. Cela pour dire que sans une véritable stratégie de communication, la réussite de la numérisation de l’administration risque de connaître un nouvel échec. 

D’où la nécessité d’assurer les conditions pour accélérer cette transition numérique et mettre en application les instructions du président de la République, qui a, pour rappel, donné la semaine passée, lors du Conseil des ministres, un ultimatum de 6 mois pour numériser les administrations des domaines publics, des Impôts et des Douanes. 

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